En mai 2024, le marché de l’énergie a connu des mouvements significatifs. Les prix du gaz naturel ont atteint des sommets, influencés par des tensions géopolitiques et des perturbations dans l’approvisionnement.
Les tendances indiquent une possible poursuite de la hausse des prix du gaz. En effet, le marché gazier reste incertain, et il est difficile de savoir quelle direction il va suivre dans les prochaines semaines. Néanmoins, les fondamentaux du marché restent solides avec des stocks abondants.
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Les infos à retenir
Le mois de mai 2024 a été riche en événements marquants pour le marché de l’énergie, avec des développements significatifs tant sur le plan national qu’international. En France, l’Autorité de sûreté nucléaire a donné le feu vert au démarrage de l’EPR de Flamanville, un projet phare qui, malgré des retards et des surcoûts, symbolise une étape cruciale vers la modernisation du parc nucléaire français. Ce lancement est accompagné d’une série de tests rigoureux avant une mise en service prévue pour l’été 2024, marquant un tournant pour EDF et l’industrie nucléaire européenne.
Par ailleurs, la nouvelle régulation du nucléaire en France, prévue pour remplacer le régime actuel en 2026, suscite encore des interrogations. Bien que visant à garantir des prix compétitifs pour l’électricité nucléaire, la mise en œuvre de cette régulation rencontre des obstacles, notamment en termes de contractualisation des volumes d’électricité à long terme.
Sur le plan des énergies renouvelables, la dynamique continue de s’accélérer. Selon le centre de recherche Ember, 30 % de la production mondiale d’électricité provenait de sources renouvelables en 2023, un cap historique. Cette tendance est soutenue par une forte croissance du solaire photovoltaïque et de l’éolien, malgré des défis comme les sécheresses qui affectent l’hydroélectricité.
Parallèlement, une réforme des heures creuses est à l’étude pour s’adapter à la montée en puissance de la production solaire. Cette révision vise à aligner les périodes de tarifs réduits sur les heures de production maximale de l’énergie solaire, ce qui pourrait transformer les habitudes de consommation électrique des ménages et des entreprises.
Sur le front de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la France a enregistré une baisse significative de 5,8 % en 2023. Cette réduction, bien que notable, met en lumière les défis persistants, notamment en matière de captation de carbone par les forêts. Des efforts supplémentaires seront nécessaires pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.
Au niveau européen, l’UE a approuvé une nouvelle réglementation pour réduire les émissions de méthane dans le secteur énergétique, marquant un engagement fort dans la lutte contre le changement climatique. Cette réglementation impose des normes strictes de surveillance et de réduction des émissions, avec des implications globales pour les pratiques des opérateurs et des exportateurs de combustibles fossiles vers l’Europe.
Du côté du gaz, l’Union Européenne envisage de sanctionner le transit de GNL russe dans les ports européens, une mesure qui pourrait avoir des répercussions économiques notables. Cette proposition vise à priver la Russie de revenus essentiels et à s’assurer que les infrastructures européennes ne contribuent pas indirectement au conflit en Ukraine.
Enfin, la Russie a annoncé une augmentation significative de ses livraisons de gaz à l’Ouzbékistan, dans le cadre d’une stratégie visant à diversifier ses exportations face aux sanctions occidentales. Cette initiative comprend également des projets de construction de centrales nucléaires en Ouzbékistan, renforçant la coopération énergétique entre les deux pays.
Le marché du gaz naturel en mai 2024
Les prix du gaz naturel ont augmenté au cours du mois de mai 2024. En effet, le marché gazier a du mal à se stabiliser, à cause du contexte géopolitique qui continue de générer des inquiétudes. Les prix du pétrole restent également élevés, en raison du maintien de la prime de risque géopolitique.
En mai, l’offre de gaz a été plus élevée qu’au cours des trois dernières années en raison de la reprise des exportations de GNL de Freeport (États-Unis). Néanmoins, les prix du gaz naturel ont atteint leur plus haut niveau depuis le début de l’année 2024. Divers facteurs peuvent expliquer cette hausse des prix :
- La possible suspension des dernières livraisons de gaz russe transitant par l’Ukraine.
- La forte dépendance au GNL dans un contexte de demande concurrentielle avec l’Asie.
- L’Union Européenne a mis en place de nouvelles réglementations pour promouvoir les gaz renouvelables et imposer de nouvelles restrictions sur les importations russes.
- Le lancement de la nouvelle usine d’exportation de GNL aux États-Unis (Golden Pass) pourrait être retardé en raison du dépôt de bilan de l’un des principaux entrepreneurs de cette dernière.
- L’augmentation des prix du gaz et du charbon en Asie.
Une reprise de la tendance haussière est possible, puisque le marché reste incertain. Néanmoins, les fondamentaux du marché restent solides, avec des stocks abondants et de bonnes exportations norvégiennes, ce qui devrait limiter ce risque.
Clôture des prix au 31 mai 2024, avec évolution depuis le 2 mai 2024
Le marché de l'électricité en mai 2024
En mai 2024, les prix de l’électricité ont augmenté principalement en raison de la hausse des prix du gaz naturel et des émissions de CO2. L’évolution des prix de l’électricité reste étroitement liée à celle du gaz, bien que la hausse ait été moins prononcée pour l’électricité. De plus, les prix des émissions de CO2, qui ont à nouveau dépassé les 70 €/t, ont également contribué à cette augmentation.
Cependant, plusieurs facteurs ont atténué cette hausse. Au cours du mois de mai, des prix négatifs ont été enregistrés sur le marché spot, grâce à une production solaire exceptionnellement élevée, une bonne disponibilité nucléaire (proche de 80%), et une demande en baisse. Ces éléments ont permis de modérer la hausse des prix de l’électricité, malgré les pressions exercées par les coûts élevés du gaz dus à la situation géopolitique.
De leurs côtés, les prix du charbon connaissent également une dynamique haussière, alimentée par des achats soutenus dans plusieurs régions, notamment à Taïwan, en Europe, et en Chine, où la diminution de la production nationale augmente la dépendance aux importations.
Malgré une certaine volatilité, les prix des émissions de CO2 restent relativement stables. Ils devraient continuer à être influencés par l’évolution de la production éolienne et la disponibilité nucléaire. Les préoccupations concernant l’approvisionnement en gaz devraient également persister.
Clôture des prix au 31 mai 2024, avec évolution depuis le 2 mai 2024