En 2023, la France a enregistré une réduction significative de ses émissions de gaz à effet de serre (GES), marquant un recul de 5,8 % par rapport à 2022. Cette baisse, plus forte qu’anticipée, reflète les efforts de décarbonation de l’économie française, bien que des défis persistent, notamment en matière de captation de carbone par les forêts.
Une réduction généralisée des émissions de GES
Selon le Citepa (l’organisme chargé de l’inventaire des gaz à effet de serre français), les émissions de GES en France ont diminué dans presque tous les secteurs économiques, incluant l’agriculture, les transports et l’industrie. Le rapport publié récemment indique que les émissions totales en 2023 s’élèvent à 373 millions de tonnes de CO2 équivalent (Mt CO2e), un chiffre inférieur au record minimal atteint en 2020 lors de la pandémie de Covid-19. Ce progrès est en partie dû à une meilleure performance du secteur énergétique, avec une baisse de 17,9 % des émissions industrielles d’énergie, atteignant ainsi leur niveau le plus bas depuis 1990.
Les facteurs conjoncturels de la baisse
Cette réduction des émissions est attribuée à plusieurs facteurs conjoncturels. La remise en service de centrales nucléaires, après une année 2022 marquée par de nombreuses mises à l’arrêt, a significativement contribué à cette tendance. La production d’électricité nucléaire a augmenté de 41,5 TWh en 2023, tandis que les énergies renouvelables ont également connu une hausse notable, avec des augmentations de 12 TWh pour l’éolien, 9 TWh pour l’hydraulique et 3 TWh pour le solaire.
Cependant, cette baisse est aussi liée à une réduction de la consommation d’électricité des Français, qui s’inscrit dans un contexte de crise énergétique et d’appels à la sobriété. La consommation d’électricité a ainsi diminué de 3 % en 2023.
Les défis de la captation de carbone
Malgré ces progrès, la captation de carbone par les forêts françaises reste un point faible. Le puits de carbone naturel s’est considérablement réduit, avec une absorption d’environ 20 Mt de CO2 ces dernières années, loin des 40 à 45 Mt prévues d’ici 2030. Cette diminution est due aux sécheresses répétées, aux maladies des arbres et à une hausse des récoltes de bois.
Les politiques de gestion forestière sont critiquées, certaines voix appelant à une révision des stratégies pour mieux adapter les forêts au changement climatique et renforcer leur rôle de puits de carbone. La dégradation du puits de carbone implique des efforts accrus dans d’autres secteurs pour atteindre la neutralité carbone.
Perspectives et actions futures
Pour que la réduction des émissions de GES en France se pérennise, il est crucial de passer d’une baisse conjoncturelle à une réduction structurelle. Les ONG environnementales soulignent la nécessité d’actions supplémentaires, notamment dans le secteur des transports où les émissions n’ont diminué que de 3 %, et où une hausse de 16 % a été observée dans le secteur aérien.
La France doit également renforcer ses efforts pour atteindre les objectifs européens de réduction de 55 % des émissions de GES d’ici 2030 et de neutralité carbone d’ici 2050. Les progrès actuels, bien que notables, nécessitent des mesures durables et une adaptation continue aux défis climatiques.
La baisse des émissions de GES en France en 2023 est une avancée significative, démontrant la capacité du pays à réduire son empreinte carbone. Toutefois, pour maintenir cette trajectoire positive, des efforts supplémentaires sont indispensables, notamment en matière de gestion forestière et de réduction des émissions dans les secteurs les plus résistants. L’objectif de neutralité carbone reste à portée de main, à condition de transformer ces réductions conjoncturelles en progrès structurels durables.