Alors que la COP29 se prépare à ouvrir ses portes à Bakou, en Azerbaïdjan, un nouveau rapport alerte sur les risques qui pèsent sur la crédibilité et l’efficacité des négociations climatiques internationales. L’ONG Transparency International, associée au collectif Anti-corruption Data Collective, met en lumière des inquiétudes quant à l’intégrité des discussions, émettant des doutes sur la capacité des pays hôtes à mener la transition vers des énergies plus durables. Les critiques se concentrent sur la « troïka » des pays organisateurs des COP28, COP29, et COP30, à savoir les Émirats arabes unis, l’Azerbaïdjan, et le Brésil, tous trois fortement engagés dans l’exploitation des énergies fossiles, ce qui pourrait compromettre les objectifs climatiques globaux.
Le contexte de la COP29 en Azerbaïdjan : une influence autocratique et des conflits d'intérêts
Les inquiétudes autour de la COP29 en Azerbaïdjan sont renforcées par la gouvernance autocratique du pays et ses liens étroits avec le secteur des énergies fossiles. Dirigé par Ilham Aliev, qui qualifie les réserves de pétrole et de gaz de l’Azerbaïdjan de « don de Dieu », le gouvernement met en avant une vision économique centrée sur l’exploitation des hydrocarbures. Le président de la COP29, Moukhtar Babaïev, est également issu de la compagnie nationale SOCAR, qui, selon le rapport, mène une stratégie d’expansion régionale des énergies fossiles, menaçant ainsi de transformer cette conférence internationale en un espace de diplomatie énergétique fossile.
La présence d’intérêts privés et de personnalités politiques proches du régime alimente les suspicions d’un possible détournement de la COP29 vers des bénéfices économiques particuliers. Le rapport évoque un risque accru de « blanchiment de réputation », avec des ONG créées pour promouvoir des intérêts en lien avec le régime. Cette situation rappelle la COP28, tenue aux Émirats arabes unis, où les conflits d’intérêts étaient déjà pointés du doigt. Selon Transparency International, ces influences pourraient non seulement miner la crédibilité de l’événement, mais aussi diluer les messages en faveur d’une transition énergétique mondiale.
Une « troïka » de pays hôtes en contradiction avec les objectifs climatiques
La COP29 ne marque qu’une étape dans la série de conférences qui soulèvent des interrogations quant à la capacité des pays hôtes à promouvoir une réelle transition énergétique. L’ONG Oil Change International souligne les perspectives de développement massif des énergies fossiles dans les plans économiques de l’Azerbaïdjan, du Brésil et des Émirats arabes unis. Ces pays envisagent une augmentation significative de leur production de pétrole et de gaz d’ici 2035, en contradiction directe avec les recommandations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui préconise une réduction de la production fossile de 55 % d’ici cette date pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.
Malgré leur engagement à intégrer des objectifs climatiques ambitieux dans leurs contributions nationales (NDC) pour 2035, les pays de la « troïka » continuent d’investir dans des projets d’énergie fossile. Cette posture paradoxale remet en question leur rôle de leadership et pourrait inciter d’autres nations à suivre un chemin similaire, affaiblissant ainsi les avancées globales vers la neutralité carbone.
La pression sur les pays riches pour mettre fin à l’expansion fossile
La responsabilité de protéger les objectifs climatiques ne repose pas uniquement sur les pays organisateurs des COP. Le rapport d’Oil Change International rappelle que plusieurs pays développés, dont les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Norvège et le Royaume-Uni, projettent d’importantes expansions dans le secteur des énergies fossiles. Ces pays pourraient à eux seuls être responsables de près de la moitié des émissions de CO₂ issues des nouveaux projets pétroliers et gaziers d’ici 2050, menaçant l’objectif d’une élimination juste et équitable des combustibles fossiles à l’échelle mondiale.
L’ONG appelle à une action immédiate de ces grandes puissances économiques pour freiner leurs projets d’expansion fossile. Cette demande est cruciale pour donner l’exemple aux autres nations et maintenir un espoir de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre, en ligne avec les objectifs de l’Accord de Paris.
Des négociations sous tension à la COP29
À l’approche de la COP29, le risque d’un événement influencé par des intérêts fossiles est grand, menaçant la crédibilité des engagements pris pour une transition énergétique. Dans un contexte où les derniers rapports de l’ONU montrent un écart préoccupant entre les engagements climatiques et les objectifs de 1,5 °C, il devient essentiel que la communauté internationale s’unisse pour surmonter les pressions économiques et politiques des pays hôtes. Si des mesures plus strictes ne sont pas mises en place pour assurer l’indépendance des négociations climatiques, l’objectif d’une transition énergétique mondiale pourrait être compromis, laissant place à des intérêts économiques court-termistes au détriment des générations futures.