En octobre 2024, les prix du gaz naturel ont augmenté sous l’effet de tensions géopolitiques, tandis que les températures douces et la croissance des énergies renouvelables ont réduit la demande de gaz pour l’électricité. Du côté de l’électricité, les prix ont été marqués par des fluctuations liées aux quotas de CO2 et aux spéculations.
À l’approche de l’hiver, les stocks de gaz sont solides, mais la vigilance reste de mise face aux incertitudes climatiques et géopolitiques.
Que s’est-il passé sur le marché de l’énergie en octobre 2024 ?
En octobre 2024, le marché de l’énergie a connu quelques changements, impactant les professionnels qui cherchent à optimiser leur stratégie énergétique. Le projet de loi de finances 2025 introduit des modifications importantes, notamment avec l’augmentation prévue de la taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité (TICFE), qui pourrait atteindre 32 €/MWh en février 2025. Cette hausse pèsera particulièrement sur les entreprises ayant souscrit des offres de marché non indexées sur les tarifs réglementés de vente (TRV), tandis que ces derniers pourraient connaître une légère baisse. Cependant, la réduction des TRV pourrait être moins importante que prévu pour de nombreux consommateurs en raison de la hausse de la TICFE.
Le secteur de l’électricité se prépare également à des changements importants avec la fin programmée du mécanisme ARENH fin 2025. Ce dispositif permettait aux fournisseurs d’électricité d’accéder à des tarifs fixes pour l’énergie nucléaire, un avantage pour les industries fortement consommatrices. La fin de l’ARENH laissera place à un nouveau système, le Versement Nucléaire Universel, où EDF serait taxée sur ses profits si les prix du nucléaire excèdent certains seuils. Cette transition, perçue comme incertaine, alimente les préoccupations des industriels quant aux risques de volatilité accrue des prix, alors qu’ils cherchent à garantir des contrats compétitifs à long terme.
Pour renforcer la transparence et protéger les consommateurs face aux fluctuations des prix, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a renforcé ses directives de bonnes pratiques afin de garantir des offres plus lisibles et mieux encadrées pour les particuliers et les petites entreprises à l’avenir. Plus de 99 % des fournisseurs se sont engagés à respecter ces nouvelles règles, un pas en avant pour une meilleure compréhension des contrats énergétiques et une maîtrise des coûts.
Le marché du gaz, de son côté, semble offrir des perspectives encourageantes : selon l’Agence internationale de l’énergie, la baisse des prix pourrait se concrétiser dès 2025 grâce à une augmentation des capacités de production de GNL en provenance des États-Unis et du Qatar. Cette évolution devrait offrir aux entreprises européennes une certaine stabilité après des années de prix élevés. De plus, la France aborde l’hiver 2024-2025 avec des infrastructures robustes et des stocks de gaz remplis à 95 %, assurant une couverture fiable même en cas de conditions hivernales extrêmes.
En parallèle, la CRE a lancé une consultation publique sur le futur Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité (TURPE 7), qui couvrira la période 2025-2028. Ce dernier permettra de financer d’importants investissements pour moderniser les réseaux de transport et de distribution, soutenant ainsi la transition énergétique et l’intégration des énergies renouvelables. Les entreprises sont invitées à exprimer leur avis sur cette consultation, ouverte jusqu’en novembre 2024, afin de façonner l’avenir énergétique français et de garantir la résilience des réseaux face aux défis climatiques et à l’augmentation des usages électriques.
Les débats autour de la fiscalité des énergies fossiles illustrent également les tensions au sein du gouvernement, avec des divergences persistantes sur la question d’une éventuelle hausse de la taxe sur le gaz pour encourager la transition vers des énergies décarbonées. Tandis que certains membres de l’exécutif plaident pour des signaux de prix plus cohérents, d’autres estiment que les consommateurs ont déjà subi des hausses importantes et qu’il serait prématuré d’augmenter la fiscalité sur le gaz. La question reste donc ouverte, ajoutant une dose d’incertitude pour les entreprises qui devront surveiller ces décisions pour ajuster leur stratégie.
Le marché du gaz naturel en octobre 2024
Les prix du gaz naturel ont augmenté au cours du mois d’octobre 2024.
Le contexte géopolitique continue d’impacter les prix du gaz naturel. En effet, les tensions militaires entre l’Iran et Israël ont entraîné une hausse des achats de gaz. Par ailleurs, les exportations en provenance de Norvège ont repris plus lentement que prévu après les travaux de maintenance réalisés en septembre.
De son côté, la demande de gaz destinée à la production d’électricité a diminué, en partie grâce à la baisse de la consommation électrique et à la montée en puissance des énergies renouvelables. De plus, les températures clémentes ont réduit les besoins en chauffage.
De manière générale, les prix futurs du gaz naturel pour l’année 2025 évoluent dans une fourchette étroite, oscillant entre 38 et 41 €/MWh. Ce niveau semble indiquer un juste équilibre entre des fondamentaux solides, avec des stocks de gaz européens remplis à 95 %, et des incertitudes géopolitiques qui pourraient menacer cet équilibre énergétique.
Les experts recommandent de rester prudents : un hiver particulièrement froid, associé à une éventuelle baisse des importations de GNL, pourrait accentuer la rivalité entre l’Europe et l’Asie, avec un impact potentiel sur les prix.
Clôture des prix au 1er octobre 2024, avec évolution depuis le 31 octobre 2024
Le marché de l'électricité en octobre 2024
Les prix de l’électricité ont beaucoup fluctué au cours du mois d’octobre 2024.
De manière générale, les prix de l’électricité continuent de suivre l’évolution du prix des émissions de CO2. En octobre, le prix des quotas de CO2 a atteint son niveau le plus bas depuis 6 mois. Ce dernier reste d’ailleurs étroitement lié au prix du gaz naturel. Les mouvements de prix observés récemment ont aussi été influencés par des spéculateurs.
La France a également subi des inondations qui ont affecté les capacités de production hydroélectrique. Par ailleurs, la remise en service de trois centrales nucléaires a été reportée avec un délai annoncé de 14 jours.
Le mois d’octobre s’est terminé avec des fondamentaux confortables : une faible demande de gaz et une bonne production nucléaire et renouvelable. En effet, le nord-ouest de l’Europe connaît des températures supérieures aux normales saisonnières.
Clôture des prix au 1er octobre 2024, avec évolution depuis le 31 octobre 2024