L’électricité est l’épine dorsale de nos sociétés modernes. Elle alimente nos maisons, nos entreprises, nos hôpitaux, et bien plus encore. Cependant, au fil des années, de nombreux consommateurs ont constaté une tendance à la hausse du coût de cette ressource essentielle. Pour comprendre cette évolution, il est crucial de se pencher sur le marché européen de l’électricité, où se jouent les règles du jeu en matière de tarification de l’énergie électrique.
L’Europe, terre de diversité culturelle et économique, partage également un marché commun de l’électricité, qui a été créé pour favoriser l’intégration, la compétitivité et l’efficacité des systèmes électriques nationaux. Cette initiative ambitieuse est à l’origine de la manière dont le prix de l’électricité est déterminé dans de nombreux pays du continent. En effet, contrairement à certaines idées préconçues, il n’existe pas de tarif unique de l’électricité en Europe. Les prix varient considérablement d’un pays à l’autre, et ils sont soumis aux lois fondamentales de l’offre et de la demande.
L'Europe et le marché de l'électricité
L’Union européenne a toujours été pionnière dans la création de marchés unifiés. Le marché de l’électricité ne fait pas exception. Dans le cadre de la libéralisation du secteur de l’énergie, l’Europe a mis en place une série de réformes visant à encourager la concurrence et à mettre fin aux monopoles nationaux. C’est ainsi qu’est né le marché européen de l’électricité, un marché unique où les producteurs d’électricité, les fournisseurs et les consommateurs peuvent acheter et vendre de l’électricité en toute transparence et compétitivité.
Ce marché est régi par une série de règles et de mécanismes visant à garantir un accès équitable à l’électricité pour tous les acteurs, qu’il s’agisse de grandes entreprises industrielles ou de ménages modestes. Il repose sur les principes fondamentaux de l’offre et de la demande, et c’est là que réside la clé de la compréhension de l’augmentation du coût de l’électricité en Europe.
La composition de la facture d'électricité
Hormis les informations clients, les données réglementaires ou les coordonnées de contact, la facture d’électricité professionnelle est composée de trois parties distinctes :
- La fourniture ou consommation d’électricité
- L’acheminement
- Les taxes et contributions
C’est l’addition de ces trois composantes qui va permettre au fournisseur de déterminer le montant total à payer de votre facture.
La fourniture d'électricité : un tarif adapté à chaque utilisateur
La première partie de votre facture d’électricité concerne la fourniture, c’est-à-dire votre consommation d’électricité. Le montant varie selon la quantité d’électricité consommée chaque mois, le prix du MWh, et l’abonnement négocié dans votre contrat. Ce prix diffère selon le fournisseur et le type d’offre choisie (prix fixe, prix indexé, options tarifaires). La fourniture est le principal élément de négociation de votre facture, il est donc crucial de comparer les offres des différents fournisseurs pour obtenir le meilleur contrat. La TVA est de 20 % sur la consommation et de 5,5 % sur l’abonnement.
En plus des lignes « abonnement » et « consommation », vous trouverez une ligne « Obligations du + date » ou « Contribution d’obligation de capacité » sur vos factures. Ce mécanisme, souvent méconnu, implique que les fournisseurs prouvent leur capacité à fournir de l’électricité durant les périodes de pointe, notamment en hiver, en achetant des garanties de capacité. Ce coût supplémentaire est partiellement répercuté sur la facture des consommateurs. Tous les consommateurs, qu’ils soient particuliers ou professionnels, paient cette contribution. Le coût dépend du portefeuille client des fournisseurs et du niveau de leurs obligations de capacité.
Les CEE visent à encourager la réduction de la consommation énergétique via la distribution de certificats (primes énergie) pour financer des travaux de rénovation énergétique. Ce dispositif coûte aux fournisseurs, qui doivent se procurer des certificats proportionnellement à la consommation de leurs clients. Ce coût est répercuté sur les factures des entreprises ayant un code NAF soumis aux CEE. Plus une entreprise consomme d’électricité, plus l’obligation de CEE pour le fournisseur est élevée, ce qui augmente l’impact sur la facture. Il est important de noter que cette contribution n’est pas toujours détaillée sur les factures, bien que vous la payiez.
L'acheminement (TURPE) : un tarif commun pour tous les consommateurs
Le coût de l’acheminement de l’électricité jusqu’à votre compteur est appelé le TURPE (Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics de l’Électricité). Ce tarif est réévalué chaque année par les pouvoirs publics, qui publient les grilles tarifaires correspondantes. Selon votre type de compteur, sa puissance et votre option tarifaire, votre fournisseur vous facture le montant exact du TURPE. Ce montant est ensuite reversé en totalité aux gestionnaires du réseau de distribution, Enedis et RTE.
Peu importe votre fournisseur d’électricité, à conditions égales de compteur et d’offre, vous payerez le même tarif d’acheminement, que ce soit chez EDF ou un autre fournisseur. Cependant, il existe des situations où une optimisation du TURPE est possible.
La façon dont le TURPE est présenté varie d’un fournisseur à l’autre. Pour la plupart des petits professionnels (compteurs C5), le TURPE est inclus dans la partie fourniture d’électricité. Dans ce cas, la part fixe du TURPE est intégrée à l’abonnement et la part variable à la consommation d’électricité. Pour les entreprises et professionnels ayant une puissance souscrite supérieure à 36 kVA, le TURPE est généralement détaillé, avec des lignes séparées pour l’abonnement et la consommation. Parfois, les différentes composantes du TURPE (gestion, soutirage, comptage, etc.) sont également spécifiées par le fournisseur.
Les taxes sur l'électricité
La dernière partie de votre facture d’électricité est constituée des taxes et contributions, représentant en moyenne un tiers de votre budget énergétique. Fixées par les pouvoirs publics, elles sont obligatoires pour tous les consommateurs et uniformes quel que soit le fournisseur d’électricité. Toutefois, certaines exemptions partielles ou totales peuvent s’appliquer.
- La Contribution Tarifaire d’Acheminement (CTA) : Elle finance les retraites des agents des industries électriques et gazières d’EDF et Engie. Il existe deux taux de CTA, 10,14 % pour les installations raccordées au réseau de transport, et 21,93 % pour les installations raccordées au réseau de distribution.
- La Contribution au Service Public de l’Électricité (CSPE) : Plusieurs termes sont utilisés pour désigner cette taxe sur l’électricité : la CSPE, la TICFE ou encore l’accise sur l’électricité. Bien que cette taxe ait été réformée à plusieurs reprises depuis 2003, depuis le 1er janvier 2022, le terme d’accise sur l’électricité est privilégié. Cette taxe assure le financement du Service Public de l’électricité, notamment les politiques de transition énergétique, le financement des aides aux personnes démunies (chèque énergie), et le budget du Médiateur national de l’énergie. Depuis février 2024, la CSPE, a augmenté de manière significative. Ainsi, jusqu’au 31 janvier 2025, les nouveaux tarifs de l’accise sur l’électricité s’élèvent à 21 €/MWh pour les « ménages et assimilés » ayant un compteur de moins de 36 kVA, et à 20,50 €/MWh pour les « petites et moyennes
entreprises » ainsi que pour les installations à « haute puissance » avec un compteur de plus de 36 kVA. - La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) : Bien connue, la TVA est un impôt indirect sur la consommation d’électricité dont les
taux diffèrent selon votre puissance souscrite. Si votre puissance souscrite est inférieure à 36 kVA, le taux est de 5,5% sur
l’abonnement et la CTA, et de 20 % sur la consommation et la CSPE. Si votre puissance souscrite est supérieure à 36 kVA, le taux est de 20% sur l’ensemble de la facture.
Comprendre l’offre d’électricité en Europe pour comprendre pourquoi le prix de l’électricité augmente
Le mix électrique, également appelé mix de production électrique, désigne la composition des différentes sources d’énergie utilisées pour générer de l’électricité dans une région ou un pays donné. Il représente la répartition des différentes sources d’énergie primaire, telles que le charbon, le gaz naturel, le pétrole, le nucléaire, l’hydroélectricité, l’éolien, le solaire, etc., qui sont converties en électricité dans les centrales électriques.
En 2023, le mix électrique en Europe se répartit comme suit :
Énergies renouvelables : 36 %, dont :
- Éolien : 21 %
- Solaire : 14 %
- Hydroélectricité : 1 %
- Biomasse : 4%
- Énergie marine : 4%
- Géothermie : 2%
Nucléaire : 31 %
Combustibles fossiles : 33 %, dont :
- Gaz naturel : 22 %
- Charbon : 11 %
- Pétrole : 0,2 %
Les facteurs de variation de l’offre
La capacité de production d’électricité en Europe dépend donc des centrales servant à exploiter ces différentes sources d’énergie. Pour bien comprendre les causes de l’évolution des prix de l’électricité en Europe, voyons les différents facteurs qui peuvent faire varier cette offre électrique.
Disponibilité et coûts de combustibles pour les centrales thermiques :
La production d’une centrale thermique est étroitement liée à la disponibilité et au coût des combustibles qu’elle utilise pour générer de l’électricité. En effet, les centrales thermiques, qu’elles fonctionnent au charbon, au gaz naturel, au pétrole ou à d’autres sources d’énergie fossile, dépendent de ces combustibles pour alimenter leurs chaudières et produire de la vapeur. Les fluctuations dans le prix des combustibles, souvent influencées par des facteurs économiques, géopolitiques et environnementaux, peuvent rendre la production d’électricité moins rentable, ce qui peut à son tour entraîner des ajustements dans la production globale d’énergie et dans les tarifs d’électricité pour les consommateurs.
Exemple : En conséquence de la guerre en Ukraine, l’Union européenne a décidé de stopper l’importation de gaz russe. Cependant, la recherche de nouveaux fournisseurs de gaz est complexe et coûteuse. L’UE a déjà commencé à diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz, en augmentant ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL) d’autres pays, tels que les États-Unis, le Qatar et l’Algérie. Mais, il faudra du temps et des investissements importants pour remplacer complètement le gaz russe. L’augmentation de prix du gaz utilisé pour faire fonctionner les centrales européennes contribue alors à l’augmentation du prix de l’électricité européenne.
Retard de maintenance et mise en service des centrales nucléaires
Les retards de construction et de maintenance des centrales nucléaires ont un impact sur le prix de l’électricité puisque lorsque les centrales nucléaires sont en arrêt pour maintenance ou réparation, elles ne produisent pas d’électricité. Cela réduit l’offre d’électricité disponible sur le marché, ce qui peut entraîner une hausse des prix.
Exemple : En France, les retards de maintenance des centrales nucléaires ont conduit à une baisse de la production d’électricité nucléaire de 10 % en 2023. Cela a contribué à la hausse des prix de l’électricité, qui ont atteint des records en début d’année.
En effet, la production d’électricité nucléaire est une source d’énergie importante en France, représentant environ 70 % de la production totale. Lorsque la production nucléaire est réduite, il faut compenser cette perte par d’autres sources d’énergie, comme le gaz naturel ou le charbon. Ces sources d’énergie sont généralement plus coûteuses que l’énergie nucléaire, ce qui se répercute sur le prix de l’électricité.
Dans le cas français, les retards de maintenance ont été causés par une combinaison de facteurs, notamment la crise sanitaire de la COVID-19, des problèmes de corrosion sur les réacteurs et des difficultés d’approvisionnement en pièces détachées.
Énergies renouvelable : météo et disponibilité de la ressource.
La météo est un facteur important qui influence la production d’énergie renouvelable. En effet, la production d’énergie solaire, éolienne, hydroélectrique et géothermique dépend directement des conditions météorologiques.
- L’énergie solaire dépend de la quantité de lumière solaire qui atteint les panneaux solaires. La production d’énergie solaire est donc plus élevée par temps clair et ensoleillé.
- L’énergie éolienne dépend de la vitesse du vent. La production d’énergie éolienne est donc plus élevée par temps venteux.
- L’énergie hydroélectrique dépend de la quantité d’eau disponible dans les réservoirs. La production d’énergie hydroélectrique est donc plus élevée en période de pluie ou de fonte des neiges.
Exemple : Pendant une période de canicule prolongée avec peu de vent, la production d’énergie éolienne peut diminuer considérablement. En l’absence de vents forts, les éoliennes ne peuvent pas générer suffisamment d’électricité, ce qui entraîne une baisse de la production d’énergie renouvelable. Cela peut mettre davantage de pression sur les autres sources d’énergie disponibles, comme les centrales thermiques, ce qui peut entraîner une augmentation des prix de l’électricité.
L’impact des choix politiques sur l’offre d’électricité
Les choix politiques ont un impact direct sur l’offre d’électricité. En terme de production, les choix politiques peuvent encourager ou décourager l’utilisation de certaines sources d’énergie. Par exemple, la décision de l’UE de réduire les émissions de CO2 a conduit à une baisse de la production d’électricité à partir du charbon et du gaz. En revanche, l’UE a également mis en place des politiques pour soutenir le développement des énergies renouvelables, telles que l’éolien et le solaire.
Exemple de la réduction des émissions de CO2 par l’UE : La décision de l’UE de réduire les émissions de CO2 a un impact significatif sur l’offre d’électricité. En effet, comme nous l’avons vu, les centrales électriques à charbon et à gaz sont responsables d’une part importante des émissions de CO2 de l’UE. La réduction de la production d’électricité à partir de ces sources d’énergie nécessite donc de développer d’autres sources d’énergie, plus propres.
L’UE a mis en place plusieurs politiques pour soutenir le développement des énergies renouvelables, telles que l’éolien et le solaire. Ces politiques ont permis d’augmenter la production d’électricité à partir de ces sources, mais elles ne suffisent pas à compenser la baisse de la production d’électricité à partir du charbon et du gaz.
Pour répondre à cet enjeu, l’UE a également mis en place des politiques pour améliorer l’efficacité énergétique. Ces politiques visent à réduire la consommation d’électricité en encourageant les consommateurs à adopter des comportements plus économes.
Les décisions politiques au sein d’un pays peuvent également entraîner des mouvements sociaux, qui peuvent toucher le personnel des centrales et donc avoir un impact sur la capacité de production de certaines installations.
Les facteurs de variations de la demande
Les conditions météorologiques : un impact majeur sur la demande d’électricité
Les conditions météorologiques jouent un rôle crucial en tant que facteur de variation majeur de la demande d’électricité. La météo a un impact significatif sur la consommation d’électricité, principalement en raison des besoins en chauffage et en climatisation. En période de canicule, la demande d’électricité augmente considérablement alors que les climatiseurs fonctionnent à plein régime pour maintenir des températures agréables. De même, lors des hivers rigoureux, le chauffage électrique devient essentiel pour maintenir la chaleur à l’intérieur des bâtiments, ce qui entraîne une augmentation de la demande. De plus, des événements météorologiques extrêmes, tels que les tempêtes ou les chutes de neige lourdes, peuvent causer des pannes d’électricité, obligeant les gestionnaires du réseau à mobiliser des ressources supplémentaires pour rétablir le service, ce qui entraîne également une hausse temporaire de la demande. Comprendre comment la météo influence la demande d’électricité est essentiel pour les fournisseurs d’énergie, car cela leur permet d’anticiper et de gérer les pics de consommation, tout en planifiant adéquatement la production et la distribution d’électricité pour répondre aux besoins changeants des consommateurs.
Il convient également de noter qu’un même phénomène météorologique peut affecter à la fois l’offre et la demande, accentuant ainsi le déséquilibre entre les deux. Par exemple, pendant une période de sécheresse, la demande de climatisation augmentera, tandis que les capacités de refroidissement des centrales nucléaires seront affectées. Une solution possible consisterait alors à se tourner vers une source d’énergie qui bénéficie de ce type de conditions météorologiques, comme les centrales solaires.
Augmentation de l’activité économique : une demande toujours plus forte en énergie
Une hausse de l’activité économique a un impact direct sur la demande d’électricité. Lorsque l’économie d’une région ou d’un pays connaît une croissance significative, les entreprises augmentent leur production, ce qui implique généralement l’utilisation de machines, d’ordinateurs, d’équipements industriels et d’autres appareils électriques. Cette augmentation de l’activité économique entraîne une demande accrue en électricité pour alimenter ces processus de production. Les entreprises embauchent également plus de personnel, ce qui signifie davantage de bureaux, de centres commerciaux, d’usines, et d’autres installations qui nécessitent de l’électricité pour l’éclairage, la climatisation, les systèmes informatiques, et plus encore. Par conséquent, une hausse de l’activité économique se traduit par une demande croissante en électricité à des fins commerciales et industrielles. Les gestionnaires de réseaux électriques doivent être prêts à répondre à ces augmentations de la demande pour garantir la stabilité de l’approvisionnement en électricité.
Lorsque cette augmentation est soudaine, comme lors de la reprise d’activité suite aux confinements généralisés pendant la crise du COVID en 2020 et 2021, la demande d’électricité augmente également de manière abrupte. Les capacités de production peuvent alors avoir du mal à compenser une augmentation si rapide de la demande, ce qui entraîne un déséquilibre important entre l’offre et la demande. C’est l’une des causes qui a entraîné la forte augmentation des coûts de l’électricité lors de la crise énergétique de 2022.
Évolution des technologies
L’évolution des technologies a un impact significatif sur la demande d’électricité de plusieurs manières.
Tout d’abord, l’adoption croissante des véhicules électriques a un impact direct sur la demande d’électricité. Avec de plus en plus de personnes qui optent pour des véhicules électriques, la recharge de ces véhicules nécessite une quantité supplémentaire d’électricité. Cela peut entraîner des variations de la demande, en particulier la nuit lorsque de nombreuses personnes rechargent leurs véhicules à domicile. De plus, les gouvernements encouragent souvent l’adoption des véhicules électriques en offrant des incitations, telles que des subventions ou des avantages fiscaux, ce qui peut également influencer la demande en faveur de l’électricité.
Ensuite, les avancées technologiques ont permis la création d’appareils électroménagers plus économes en énergie. Par exemple, les réfrigérateurs, les lave-linge, les lave-vaisselle et les autres appareils ménagers modernes sont conçus pour consommer moins d’électricité tout en effectuant les mêmes tâches. L’adoption de ces appareils plus économes en énergie réduit la demande d’électricité, car ils nécessitent moins d’énergie pour fonctionner. Pour encourager la fabrication et l’achat de ces produits, des normes d’efficacité énergétique sont souvent mises en place, imposant des critères stricts aux fabricants et permettant aux consommateurs de faire des choix plus durables.
De plus, les entreprises adoptent de plus en plus des équipements industriels plus efficaces sur le plan énergétique. Les industries cherchent à réduire leurs coûts d’exploitation et leur empreinte carbone en utilisant des machines et des équipements qui consomment moins d’électricité par unité de production. Cela contribue également à une demande d’électricité plus faible par unité de production. Les entreprises peuvent être motivées par des considérations économiques, environnementales et réglementaires pour investir dans des équipements plus économes en énergie.
En résumé, l’évolution des technologies a un impact significatif sur la demande d’électricité. L’adoption croissante des véhicules électriques, les appareils électroménagers plus économes en énergie et les équipements industriels plus efficaces sur le plan énergétique sont autant de facteurs qui contribuent à une demande d’électricité en évolution. Ces changements technologiques offrent des opportunités pour réduire la consommation d’électricité et promouvoir une utilisation plus durable de l’énergie.
Politique énergétique et incitations
Les politiques énergétiques mises en place par les gouvernements ont un impact direct sur la demande d’électricité. Voici quelques exemples :
Les gouvernements jouent un rôle essentiel dans la promotion de l’efficacité énergétique. Ils peuvent mettre en place divers programmes d’incitation visant à encourager les particuliers et les entreprises à adopter des mesures d’amélioration de l’efficacité énergétique de leurs bâtiments, équipements et processus. Ces incitations peuvent prendre la forme de subventions, de réductions d’impôts ou de tarifs d’électricité préférentiels pour ceux qui investissent dans des solutions économes en énergie.
En encourageant l’efficacité énergétique, ces programmes peuvent contribuer à réduire la demande d’électricité en incitant à une utilisation plus judicieuse de l’énergie. Par exemple, les particuliers pourraient être incités à installer des appareils électroménagers plus efficaces, à améliorer l’isolation de leurs maisons ou à adopter des pratiques de gestion de l’énergie plus durables. De même, les entreprises pourraient être encouragées à moderniser leurs infrastructures, à optimiser leurs processus de production et à adopter des technologies plus efficientes sur le plan énergétique.
Les politiques visant à promouvoir les énergies renouvelables ont également un impact significatif sur la demande d’énergie en encourageant l’adoption de sources d’énergie propre. Par exemple, des incitations financières telles que des subventions ou des crédits d’impôt peuvent être proposées pour encourager l’installation de panneaux solaires ou d’éoliennes. Cela contribue à stimuler l’autoconsommation d’énergie propre et à réduire la demande d’électricité provenant du réseau.
Mécanismes de régulations
Les fluctuations des prix de l’électricité dépendent incontestablement de l’offre et de la demande, car elles sont directement influencées par des facteurs tels que les variations saisonnières, la demande industrielle et les conditions météorologiques. Cependant, pour garantir la stabilité et la transparence du marché de l’électricité, des mécanismes de régulation sont mis en place. Ces mécanismes visent à équilibrer l’impact des forces du marché en réglementant les tarifs, en veillant à ce que les acteurs du secteur respectent les règles de la concurrence et en supervisant l’accès équitable au réseau électrique. En conséquence, les régulateurs, tant au niveau national qu’européen, ont un rôle essentiel dans la gestion des prix de l’électricité, garantissant ainsi que les consommateurs et les producteurs d’électricité bénéficient d’une stabilité et d’une équité dans le cadre du marché de l’électricité.
La régulation des prix de l’électricité au niveau européen
Les contrats d’achat d’électricité (AAE) ou Power Purchase Agreement (PPA)
Ce sont des contrats à long terme entre un producteur d’électricité et un consommateur. Ces contrats fixent un prix de l’électricité pour une durée donnée, ce qui permet au consommateur de se protéger contre les fluctuations des prix de marché.
Les contrats d’écart compensatoire bidirectionnels (CEC)
Ce sont des contrats qui permettent à un producteur d’électricité de se couvrir contre les variations des prix de l’électricité. Ces contrats garantissent au producteur un prix minimum pour son électricité, ce qui permet de limiter les pertes en cas de baisse des prix.
Les mécanismes de stockage de l’énergie
Le stockage de l’énergie, en particulier avec le gaz naturel, joue un rôle essentiel dans la gestion de l’approvisionnement en électricité.
Le gaz naturel est stocké dans des réservoirs souterrains ou des installations de stockage en surface, notamment dans des cavités souterraines, des réservoirs de sel ou des installations de gaz naturel liquéfié (GNL). Ces réservoirs sont conçus pour stocker d’importantes quantités de gaz naturel.
Lorsque de l’électricité est nécessaire, le gaz naturel est extrait des réservoirs, reconverti en gaz à température ambiante par décompression ou dégazage, puis brûlé dans des centrales électriques au gaz naturel pour produire de l’électricité.
Autres mécanismes
En plus de ces mécanismes, l’Union européenne a également adopté une série de mesures visant à réduire la dépendance de l’Europe aux combustibles fossiles. Cela permettra de rendre le marché de l’électricité plus résilient face aux fluctuations des prix du gaz naturel.
L’accord de réforme du marché de l’électricité de l’UE, conclu en octobre 2023, prévoit de renforcer les mécanismes de stabilisation des prix. L’accord prévoit notamment de rendre obligatoires les contrats d’achat d’électricité pour l’électricité produite par de nouvelles installations renouvelables ou nucléaires. Il prévoit également d’améliorer la liquidité du marché à terme, ce qui permettra aux producteurs et aux fournisseurs de se couvrir plus facilement contre les fluctuations des prix.
Ces mesures devraient contribuer à rendre le marché de l’électricité de l’UE plus stable et à protéger les consommateurs et les entreprises contre les hausses de prix.
Exemples
Voici quelques exemples concrets de la manière dont ces mécanismes fonctionnent :
Une entreprise qui signe un contrat d’achat d’électricité avec un producteur pour une durée de 5 ans à un prix de 50 euros par mégawattheure sera protégée contre une hausse des prix de l’électricité sur le marché de gros.
Un producteur d’électricité qui signe un contrat de CEC avec un fournisseur pour un prix minimum de 50 euros par mégawattheure sera protégé contre une baisse des prix de l’électricité sur le marché de gros.
Un producteur d’électricité qui stocke de l’électricité à un moment où les prix sont bas pourra la revendre à un moment où les prix sont élevés, ce qui lui permettra de réaliser un profit.
En France, les mécanismes pour réguler les prix de l’électricité
L’ARENH
L’ARENH, ou Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique, est un mécanisme réglementaire en France qui permet aux fournisseurs d’électricité alternatifs d’acheter de l’électricité nucléaire à un tarif régulé auprès d’EDF, l’opérateur historique. Son objectif est de favoriser la concurrence sur le marché de l’électricité en donnant aux acteurs concurrents un accès transparent et régulé à l’énergie nucléaire produite par EDF à des prix généralement inférieurs à ceux du marché. Ainsi, les fournisseurs alternatifs peuvent proposer des offres compétitives à leurs clients finaux.
La quantité d’électricité vendue par EDF via l’ARENH est plafonnée chaque année et répartie entre les fournisseurs alternatifs. Lorsque la demande dépasse ce plafond, les fournisseurs doivent se procurer de l’électricité directement sur le marché, où les prix sont généralement plus élevés. Cela entraîne une augmentation du coût de l’électricité pour les clients finaux qui ont souscrit un contrat dont le prix n’est pas fixe.
Le Tarif Réglementé de Vente
Le TRV (Tarif Réglementé de Vente) est un mécanisme de régulation des prix de l’électricité en France. Il est fixé par les autorités compétentes et est applicable aux clients qui ont souscrit un contrat auprès des fournisseurs historiques, tels qu’EDF. Ce tarif est destiné à garantir un prix équitable et transparent pour les consommateurs, en prenant en compte les coûts de production, de distribution et de commercialisation de l’électricité.
Il convient de noter que le TRV peut être révisé périodiquement pour s’adapter aux évolutions du marché de l’électricité et aux coûts associés. Cette révision est effectuée par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), qui veille à garantir la stabilité et l’équité des prix de l’électricité pour les consommateurs.
Cependant, il est important de souligner que le TRV n’est pas le seul choix disponible pour les consommateurs. Ils ont la possibilité de souscrire à des offres de marché proposées par les fournisseurs d’électricité alternatifs, qui peuvent offrir des prix concurrentiels et des services supplémentaires. Ces offres de marché sont soumises à la concurrence et peuvent varier en fonction des fournisseurs et des contrats choisis par les consommateurs.
Le TRV pour les professionnels est également soumis à des régulations spécifiques. Il est fixé en fonction de la puissance électrique souscrite et du type de contrat choisi par le client. Ces tarifs réglementés garantissent une certaine stabilité des prix pour les entreprises, en tenant compte des coûts de production et de distribution de l’électricité. Cependant, tout comme pour les particuliers, les professionnels ont également la possibilité de choisir des offres de marché proposées par les fournisseurs alternatifs, qui peuvent offrir des tarifs compétitifs et des services adaptés aux besoins spécifiques des entreprises.
Des aides exceptionnelles pour limiter l’impact de la hausse des prix sur les budgets
Le bouclier tarifaire est un dispositif mis en place par le gouvernement français en 2022 pour limiter la hausse des prix de l’énergie, en particulier l’électricité et le gaz. Il consiste à bloquer les tarifs réglementés de vente de l’électricité et du gaz, et à compenser les fournisseurs pour les pertes qu’ils subissent.
Le bouclier tarifaire a été prolongé en 2023, avec une limitation de la hausse des tarifs à 15 % en moyenne.
Le bouclier tarifaire est financé par l’État, qui a prévu de consacrer 8,3 milliards d’euros à ce dispositif en 2023.
L’amortisseur électricité est un dispositif mis en place par le gouvernement français en 2023 pour limiter la hausse des prix de l’électricité pour les professionnels. Il est applicable sous conditions aux entreprises et collectivités dont la puissance souscrite est supérieure à 36 kVA.
L’amortisseur permet de ramener le prix de l’électricité à un niveau moyen de 180 €/MWh sur 50 % de la consommation de l’entreprise. Le montant de l’amortisseur versé ne pourra pas aller au-delà de 320 €/MWh. C’est l’État qui prendra à sa charge le reste à payer.
L’amortisseur est financé par l’État, qui a prévu de consacrer 2,3 milliards d’euros à ce dispositif en 2023.
Les entreprises et collectivités éligibles à l’amortisseur verront une réduction de leur facture d’électricité dès la facture du mois de janvier 2023.
Alors, pourquoi le prix de l’électricité augmente ?
Que ce soit pour les particuliers ou les professionnels, l’électricité est un rouage essentiel de nos activités et représentait déjà une part conséquente des budgets des ménages et des entreprises. Une hausse des prix de quelques pourcents peut se faire ressentir de manière significative sur les dépenses.
En 2022 et 2023, la hausse des prix de l’électricité s’explique par une crise de l’énergie, provoquée par plusieurs évènements impactant les facteurs de variation de l’offre et de la demande que nous avons vu dans cet article. On peut relever notamment :
- La reprise économique post-pandémie : La reprise économique mondiale a entraîné une augmentation de la demande d’énergie, notamment d’électricité. Cette demande accrue a exercé une pression à la hausse sur les prix de l’énergie.
- La guerre en Ukraine : La guerre en Ukraine a perturbé les approvisionnements en gaz naturel, une source importante d’électricité. Le gaz naturel est une source d’énergie flexible, qui peut être utilisée pour produire de l’électricité de manière rapide et efficace. La perturbation des approvisionnements en gaz naturel a donc conduit à une augmentation de la demande d’électricité provenant d’autres sources, ce qui a également contribué à la hausse des prix.
- Les politiques climatiques : Les politiques climatiques, telles que le marché européen du carbone, ont conduit à une augmentation du prix du carbone. Le carbone est un gaz à effet de serre, qui contribue au changement climatique. Les politiques climatiques visent à réduire les émissions de carbone, ce qui a conduit à une augmentation du prix du carbone. Ce coût est répercuté sur le prix de l’électricité, car la production d’électricité est associée à l’émission de carbone dans le cas des centrales thermiques qui, comme nous l’avons vu, représentent près d’un tiers de l’électricité produite en Europe.
La stabilité des prix de l’électricité repose sur la capacité du marché à trouver un équilibre entre l’offre et la demande, ainsi qu’à anticiper les différentes variations. Les gouvernements jouent un rôle majeur dans cet équilibre car ils ont souvent le contrôle des moyens de production d’un côté, et exercent une influence sur la demande grâce à diverses incitations à l’autoconsommation ou à la sobriété énergétique de l’autre.
Cependant, l’offre et la demande d’électricité sont également impactées par des événements imprévisibles tels que les conflits, les crises sanitaires ou les phénomènes climatiques, ce qui affecte inévitablement le marché.
Vers une stabilisation des prix de l'électricité en 2024
En 2024, le marché de l’électricité en France semble revenir à un état plus stable après une période de crise énergétique qui a affecté tant les ménages que les entreprises.
Plusieurs facteurs continuent d’influencer l’évolution des prix de l’électricité. Le contexte géopolitique reste une source de préoccupation pour le marché énergétique, avec la poursuite des attaques russes en Ukraine et l’escalade des tensions entre l’Iran et Israël. Malgré ces conflits, les prix de l’électricité continuent de baisser depuis la fin de 2023, en partie grâce :
- aux efforts de sobriété énergétique,
- aux niveaux élevés de stockage de gaz,
- à l’amélioration de la disponibilité nucléaire,
- aux réserves d’eau abondantes dans les barrages.
Cependant, en février 2024, les tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité ont augmenté en raison de la hausse de la principale taxe sur l’électricité, la taxe d’accise (anciennement TICFE ou CSPE). Ainsi, le prix du kWh HT au tarif Bleu d’EDF pour les professionnels est passé à 0,1907 € en option Base, 0,1984 € en Heures Pleines et 0,1607 € en Heures Creuses. Néanmoins, le gouvernement a pris la décision de suspendre la hausse du TURPE qui était prévue le 1er août 2024. Cette décision, motivée par le contexte politique et économique, a été prise pour stabiliser les prix de l’électricité pour les consommateurs. En reportant cette augmentation du TURPE, le gouvernement prévoit une baisse des tarifs réglementés de l’électricité l’année prochaine, avec l’engagement de Bruno Le Maire de diminuer les prix de 10 à 15 % en février 2025.
Les prix de l’électricité suivent les tendances des prix des autres combustibles et des émissions de CO2. Ils sont également fortement influencés par les températures, les prévisions de production d’énergie renouvelable et la disponibilité du parc nucléaire français.
Le 1er mai, des prix négatifs ont été observés sur le marché spot de l’électricité pendant les heures d’ensoleillement. Cette situation était due à une faible demande liée à la fête du travail (jour férié), des températures élevées et une production élevée d’énergie renouvelable.
Récemment, des avancées significatives ont été faites dans les réformes et réglementations du marché de l’électricité. Le Parlement européen a approuvé une réforme visant à stabiliser et renforcer la durabilité du marché électrique européen, avec un accent particulier sur un soutien accru aux énergies renouvelables. Les prévisions pour 2024 sont donc plutôt positives concernant l’évolution des prix de l’électricité.