Mars 2025 a été marqué par des tensions contrastées sur les marchés de l’énergie. Côté gaz, les fluctuations ont été alimentées par des facteurs météorologiques et géopolitiques, mettant en évidence la fragilité de l’approvisionnement européen à la sortie de l’hiver. Sur le marché de l’électricité, les prix ont affiché une évolution instable, rythmée par les variations climatiques, la disponibilité des énergies renouvelables et la progression des coûts du CO2.
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Que s’est-il passé sur le marché de l’énergie en mars 2025 ?
Alors que l’hiver s’achève, le mois de mars 2025 s’est inscrit dans un climat énergétique contrasté, entre tensions sur les approvisionnements gaziers et signaux d’évolution pour l’électricité. L’Europe, confrontée à un hiver particulièrement rigoureux et à une production renouvelable en baisse, a largement puisé dans ses réserves de gaz, aujourd’hui à un niveau historiquement bas.
Paradoxalement, cette alerte ne s’accompagne pas d’un rebond de la consommation. Celle-ci continue de reculer, portée par une moindre sollicitation des centrales électriques au gaz, elles-mêmes à leur plus bas niveau depuis dix ans. Cette tendance confirme un changement structurel durable de la demande, qui s’aligne progressivement sur les objectifs de transition énergétique fixés par la future Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE3).
Côté électricité, EDF amorce un virage stratégique en proposant ses contrats de production nucléaire à un plus large éventail d’entreprises, via un nouveau système d’enchères européennes. Une initiative qui vise à offrir davantage de visibilité aux consommateurs professionnels et à sécuriser le financement du parc nucléaire français sur le long terme.
Parallèlement, bien que l’EPR de Flamanville soit actuellement à l’arrêt pour maintenance, EDF maintient son objectif d’atteindre la pleine puissance d’ici l’été. Dans ce climat d’incertitude, la demande pétrolière repart à la hausse, portée par la croissance des pays asiatiques, notamment la Chine. Cette dynamique, conjuguée à une production mondiale en progression, entretient un marché instable, soumis à des tensions géopolitiques et commerciales croissantes.
Enfin, le biogaz, promu comme levier de décarbonation, soulève des questions quant à la soutenabilité de son financement et à la concurrence pour l’accès aux ressources agricoles. Entre ambitions environnementales et contraintes économiques, l’équation reste complexe.
Le marché du gaz naturel en mars 2025
Le mois de mars 2025 a été marqué par des fluctuations notables sur le marché du gaz naturel, liées à une combinaison de facteurs conjoncturels, météorologiques et géopolitiques.
En début de mois, les prix ont baissé, portés par une demande asiatique en GNL en repli, permettant un redéploiement des cargaisons vers l’Europe. Cette dynamique a contribué à maintenir un bon niveau d’approvisionnement à court terme, même si les stocks européens restent inférieurs à ceux de l’an passé. Dans le même temps, l’annonce de discussions diplomatiques entre les États-Unis et la Russie au sujet du conflit en Ukraine avait brièvement apaisé les marchés, laissant espérer une détente progressive.
Mais cette tendance s’est inversée en milieu de mois, après une attaque russe visant des infrastructures énergétiques en Ukraine. Ce regain de tensions a ravivé les inquiétudes. En parallèle, une météo plus fraîche a renforcé la demande, notamment pour le chauffage et la production d’électricité. Cette augmentation de la consommation, couplée à une baisse des importations norvégiennes et à un climat commercial tendu, a contribué à faire augmenter les prix. Les décisions prises par les États-Unis pour limiter les importations au profit de leur production locale accentuent également les tensions sur l’approvisionnement énergétique.
À la fin du mois, les prix du gaz ont d’abord baissé, avant de se stabiliser, portés par des températures plus douces et des flux d’importation norvégiens constants. Le marché a ainsi retrouvé une forme de calme relatif.
Toutefois, cette situation reste fragile. La perspective de pays asiatiques prêts à offrir des prix plus élevés pour sécuriser leurs approvisionnements en GNL pourrait inciter certains fournisseurs à détourner leurs cargaisons vers l’Asie. Une telle évolution viendrait réduire les volumes disponibles pour l’Europe, créant une pression supplémentaire sur les prix.
Clôture des prix au 28 mars 2025, avec évolution depuis le 3 mars 2025
Le marché de l'électricité en mars 2025
Le marché de l’électricité a connu des évolutions contrastées au cours du mois de mars. En début de période, les prix ont reculé, soutenus par une consommation modérée, des températures relativement douces et une production renouvelable favorable.
Cette dynamique s’est interrompue à la mi-mars, avec un retour du froid, une baisse de la production éolienne et une demande en hausse. Dans le même temps, l’augmentation des prix du gaz et la progression des quotas d’émission de CO2, atteignant 72 €/tonne, ont exercé une pression supplémentaire sur les prix de l’électricité.
Mais cette tension n’a pas perduré. En fin de mois, les prix ont de nouveau reculé. Cette baisse s’explique par une production renouvelable abondante (éolien et solaire), des températures plus clémentes, qui ont freiné la consommation. La bonne disponibilité du parc nucléaire a également permis de limiter le recours aux centrales fossiles plus coûteuses.
Par ailleurs, l’annonce par les États-Unis de droits de douane de 25 % sur les véhicules européens alimente les incertitudes économiques. Cette mesure pourrait freiner l’activité industrielle en Europe dans les mois à venir, et ainsi réduire indirectement la demande énergétique.
Sur le plan réglementaire, l’incertitude reste forte. L’annonce par EDF d’un mécanisme d’enchères européennes pour la vente de son électricité nucléaire a été mal accueillie par les industriels, qui craignent d’être écartés au profit d’acteurs prêts à payer plus cher. Parallèlement, les négociations autour de la sortie de l’ARENH restent bloquées, ce qui alimente la pression sur les entreprises fortement consommatrices d’électricité. Une nouvelle phase de discussions tarifaires est attendue d’ici l’été.
Clôture des prix au 28 mars 2025, avec évolution depuis le 3 mars 2025