Depuis la fin de l’Arenh annoncée pour décembre 2025, EDF cherche à redéfinir son modèle de vente d’électricité nucléaire aux entreprises. Jusqu’à présent, seuls les grands industriels très énergivores pouvaient accéder à des contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN). Mais dès 2025, EDF va élargir son offre à travers un mécanisme d’enchères européennes, visant à attirer un plus grand nombre d’entreprises. Cette stratégie doit offrir plus de visibilité aux clients tout en assurant une stabilité financière à l’électricien.
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Une ouverture au-delà des industriels électro-intensifs
Jusqu’à présent, EDF proposait ses CAPN uniquement aux industriels électro-intensifs, notamment dans la métallurgie, la verrerie ou encore la chimie. Ces contrats de long terme permettaient aux grandes entreprises de réserver une part de la production nucléaire à un prix stabilisé, leur offrant ainsi une protection contre la volatilité du marché.
Désormais, EDF souhaite étendre cette offre à un panel plus large de professionnels. Les entreprises de taille significative, quel que soit leur secteur d’activité, pourront ainsi accéder à ces contrats si leur consommation d’électricité dépasse 7 GWh par an. Cela inclut des secteurs tels que les transports, le tertiaire ou encore les centres de données, traditionnellement exclus de ces dispositifs.
Un mécanisme d’enchères pour garantir une stabilité des prix
Le dispositif prévu par EDF repose sur un mécanisme d’enchères européennes, dont la première édition se tiendra au premier semestre 2025. EDF mettra ainsi aux enchères un volume de 10 TWh d’électricité nucléaire pour une livraison à partir du 1er janvier 2026. L’objectif est double :
- Réduire l’exposition des clients à la volatilité des prix sur les marchés de gros.
- Offrir à EDF une meilleure visibilité pour financer ses investissements dans le parc nucléaire français.
Les clients potentiels seront de deux types :
- Les entreprises de plus de 7 GWh/an situées en France ou en Europe.
- Les fournisseurs alternatifs présents en France souhaitant répercuter ces offres sur leurs propres clients.
EDF met en avant un principe de partage des coûts et des risques associés à la production nucléaire. Les partenaires bénéficieront ainsi d’un tarif stabilisé pendant 10 à 15 ans, décorrélé des fluctuations du marché, mais devront en contrepartie assumer une part des risques liés à l’exploitation du parc nucléaire.
Une stratégie sous pression pour EDF
Cette initiative d’EDF intervient dans un contexte tendu. Depuis l’accord passé en 2023 avec l’État français, l’entreprise est sous pression pour signer davantage de contrats avec les industriels électro-intensifs. Pourtant, les discussions avec ces derniers avancent lentement. EDF n’a pour l’instant conclu qu’un seul CAPN ferme, représentant moins de 1 % des objectifs fixés par le gouvernement.
Les industriels reprochent à EDF des prix trop élevés, qui menacent leur compétitivité face à la concurrence internationale. En diversifiant son offre et en proposant un accès à de nouveaux segments d’entreprises, EDF espère donner un second souffle à son dispositif et démontrer la pertinence de cette nouvelle approche commerciale.
Une opportunité pour les entreprises
Pour les entreprises concernées, ce système représente une opportunité intéressante. En accédant à une électricité nucléaire à prix stabilisé, elles pourront mieux anticiper leurs coûts énergétiques et réduire leur exposition aux fluctuations du marché. Toutefois, il leur faudra bien évaluer les conditions des contrats, notamment la répartition des risques liés à la production.
En conclusion, EDF amorce un tournant stratégique en ouvrant ses contrats d’électricité nucléaire à un plus large public. Reste à voir si ce nouveau mécanisme d’enchères parviendra à séduire les entreprises et à remplir les objectifs fixés par l’État.