Hiver 2025 : stocks de gaz au plus bas, l’Europe face à un nouveau défi énergétique

Hiver 2024-2025, gaz au plus bas

Alors que l’hiver 2024-2025 touche à sa fin, l’Union européenne fait face à une situation préoccupante, avec des réserves de gaz tombées à un niveau historiquement bas. Le 16 mars, les stocks affichaient un taux de remplissage de seulement 34 %, contre 60 % à la même période l’année précédente. En France, la situation est encore plus critique, avec un taux limité à 21 %, un niveau qui suscite de vives inquiétudes parmi les acteurs du secteur énergétique.

Cette situation résulte d’un enchaînement de circonstances défavorables. D’abord, l’hiver particulièrement rigoureux a provoqué une hausse significative de la consommation de gaz, estimée à +80 % par rapport à 2023. Cette demande accrue a été aggravée par la baisse de production des énergies renouvelables, notamment l’éolien et le solaire, touchant des pays majeurs comme l’Allemagne et la France.

Un autre facteur aggravant concerne la fin du transit du gaz russe via l’Ukraine, effective depuis la fin de l’année 2024. Même si cet axe d’approvisionnement ne représentait plus qu’une part marginale des volumes consommés en Europe (environ 5 %), son interruption a contribué à déséquilibrer davantage le marché.

Ces éléments combinés ont conduit les opérateurs européens à puiser massivement dans les réserves existantes, plutôt que de se tourner vers le marché d’importation, alors que les prix étaient déjà sous tension.

Le prix du gaz flambe à nouveau

Après une accalmie en 2024 avec un prix moyen autour de 34 €/MWh, le gaz est reparti à la hausse en 2025, atteignant 45 €/MWh. Ce niveau reste près de deux fois supérieur aux tarifs observés avant la crise énergétique déclenchée en 2022. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que cette tendance pourrait se maintenir à court terme, malgré une hausse attendue de la production mondiale de gaz naturel liquéfié (GNL) de 5 % en 2025.

La pression sur le marché du GNL s’annonce intense. L’UE devra sécuriser des volumes importants pour reconstituer ses réserves d’ici l’hiver prochain, alors même que la demande mondiale reste soutenue.

Ce contexte est d’autant plus délicat que les États-Unis, sous la présidence de Trump, pourraient privilégier leur marché intérieur, au détriment des exportations vers l’Europe, ce qui compliquerait encore l’approvisionnement.

Des solutions européennes mais encore fragiles

Depuis 2022, l’UE a imposé un objectif de remplissage des stocks à 90 % avant le début de chaque hiver. Mais cet objectif, jugé trop rigide par certains États membres, pourrait être ajusté. Des discussions sont en cours pour étaler l’effort de stockage entre octobre et décembre, afin de limiter les hausses brutales de prix sur les marchés.

De plus, des initiatives voient le jour. En France, l’opérateur Teréga a lancé une nouvelle campagne d’enchères pour les capacités de stockage de l’hiver 2025-2026. De nouveaux accords d’importation ont également été conclus avec la Norvège, les Pays-Bas, et via l’Espagne, afin de diversifier les sources et renforcer la résilience du système.

Vers une stabilisation à moyen terme ?

Malgré la situation tendue, les analystes entrevoient une lueur d’espoir pour 2026 et au-delà. La montée en puissance des capacités mondiales de production de GNL, notamment aux États-Unis et au Qatar, pourrait entraîner une stabilisation progressive des prix autour de 27 €/MWh à l’horizon 2028. L’AIE souligne cependant que ces perspectives dépendent aussi de l’efficacité des mesures de sobriété énergétique mises en œuvre à travers l’Europe.

Dans ce contexte, l’AIE recommande de maintenir les règles de stockage en vigueur, soulignant que « le stockage de gaz a joué un rôle clé en protégeant les citoyens européens des risques de pénurie ».

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En résumé

L’hiver 2025 aura rappelé que la sécurité énergétique de l’Europe reste fragile, malgré les efforts réalisés depuis 2022. À court terme, la priorité est de reconstituer les réserves et d’anticiper une nouvelle période hivernale sous tension. À long terme, seule une stratégie alliant diversification des approvisionnements, développement des renouvelables et sobriété énergétique permettra d’éviter une nouvelle crise.