La consommation de gaz poursuit son recul en France et en Europe, tandis que les niveaux de stockage sont particulièrement bas. Actuellement, les réserves françaises ne sont remplies qu’à 22 %, soit deux fois moins qu’à la même période l’an dernier.
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Des réserves fortement sollicitées et un besoin de reconstitution
Cet hiver, l’Europe a fortement sollicité ses stocks de gaz, bien plus que lors des deux années précédentes, rendant nécessaire un réapprovisionnement massif dès le printemps. Depuis le début de la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, l’Europe s’est fixé pour objectif d’atteindre un taux de remplissage de 90 % avant chaque hiver afin de sécuriser son approvisionnement.
Or, l’hiver 2024-2025, particulièrement rigoureux, a entraîné une forte augmentation de la consommation, incitant les opérateurs à privilégier l’utilisation des stocks plutôt que les importations. Par conséquent, ces dernières ont reculé de 6 % à l’échelle du continent, une baisse directement liée à la flambée des prix en début d’année.
Toutefois, malgré cette situation, Sandrine Meunier, directrice générale de NaTran (anciennement GRTgaz), se veut rassurante : « Il n’y a aucune inquiétude pour la fin de l’hiver, nous ne risquons pas de pénurie. » Elle précise néanmoins que si une vague de froid tardive survenait dans les prochaines semaines, les stockages européens et les approvisionnements par gazoduc depuis la Norvège pourraient être mobilisés pour assurer la demande.
Une consommation en baisse continue
La consommation de gaz en France continue de reculer, atteignant 361 térawattheures (TWh) en 2024, contre 381 TWh en 2023, soit une baisse de 5,5 % en un an. En 2022, elle s’élevait encore à 430 TWh, et en 2021, à 474 TWh. En l’espace de trois ans, la demande a ainsi chuté de près de 24 %, retrouvant des niveaux comparables à ceux de 1996, où elle s’établissait à 368 TWh.
Ce recul s’explique principalement par la forte baisse de l’activité des centrales électriques fonctionnant au gaz, selon NaTran. « Ces centrales ont atteint leur niveau de consommation le plus bas en dix ans, avec une diminution de 56 % par rapport à 2023 », souligne Sandrine Meunier.
Une stabilité des prix incertaine sur le marché mondial
Selon NaTran, les tendances actuelles du marché ne laissent pas présager de tensions majeures. « Les prix à terme restent stables jusqu’à l’été avant de commencer à baisser progressivement », note Sandrine Meunier. Cette prévision reflète la confiance des expéditeurs quant à l’équilibre futur entre l’offre et la demande.
Cependant, plusieurs facteurs pourraient influencer cette dynamique. Les capacités de production norvégiennes sont déjà exploitées à leur maximum, tandis que le marché du gaz naturel liquéfié demeure sous tension. De nouvelles infrastructures de liquéfaction aux États-Unis entreront en service d’ici la fin de l’année, mais elles pourraient ne pas suffire à satisfaire l’augmentation de la demande mondiale, notamment en Chine, en Inde et dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est.
En conséquence, les prix du gaz, qui avaient chuté à 34 euros le mégawattheure (MWh) en moyenne l’an dernier sur le marché de référence TTF, oscillent désormais entre 40 et 50 euros/MWh. NaTran prévoit un prix moyen de 45 euros en 2025, avant une baisse progressive à 27 euros d’ici 2028, une fois que les nouvelles capacités de production aux États-Unis et au Qatar seront pleinement opérationnelles.
Vers une indépendance énergétique plus coûteuse ?
L’Europe pourrait continuer à payer son gaz à un prix élevé si elle persiste dans son ambition de se passer totalement du gaz russe d’ici 2027. Ce dernier représente encore 14 % de la consommation totale du continent et devra être remplacé par d’autres sources, notamment du GNL américain, dont le coût est bien supérieur.