Feuille de route énergétique 2025-2035 : ce que prévoit la PPE3

Feuille de route énergétique 2025-2035 : ce que prévoit la PPE3

Le gouvernement français a récemment lancé une consultation publique finale, sous l’impulsion de Marc Ferraci, afin de recueillir des remarques sur la nouvelle version de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE). Cette feuille de route déterminera la stratégie énergétique de la France pour la décennie à venir (2025-2035). Il s’agit d’une étape cruciale pour adapter la politique énergétique nationale aux enjeux de la transition écologique et de la souveraineté énergétique.

L’objectif principal de cette PPE reste inchangé : atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour y parvenir, la trajectoire prévoit une réduction progressive de la dépendance aux énergies fossiles, passant de 58 % en 2023 à 42 % en 2030, puis 30 % en 2035. En parallèle, l’électricité occupera une place croissante dans le mix énergétique, atteignant 39 % de la consommation totale en 2035 contre 27 % en 2023. Les énergies renouvelables hors électricité, telles que la biomasse et la géothermie, suivront une évolution similaire, pour représenter 30 % de l’énergie consommée à l’horizon 2035.

Un équilibre entre nucléaire et énergies renouvelables

Pour assurer la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 1990, la PPE3 repose sur une stratégie équilibrée entre le nucléaire et les énergies renouvelables. La production d’électricité décarbonée devrait ainsi atteindre entre 666 et 708 TWh à cet horizon.

Un ralentissement du solaire et des ajustements stratégiques

L’un des changements les plus notables de cette nouvelle PPE concerne l’énergie solaire. Alors que la Stratégie française pour l’énergie et le climat de 2023 envisageait un objectif de 75 à 100 GW de puissance installée d’ici 2035, la nouvelle trajectoire abaisse cette cible à une fourchette comprise entre 65 et 90 GW. Cette révision s’explique par la nécessité de mieux répartir les investissements et de favoriser les grandes installations solaires au sol et en toiture, jugées plus rentables que les petites installations au sol et les panneaux photovoltaïques sur les toitures de taille intermédiaire.

Parallèlement, l’agrivoltaïsme reste un sujet délicat. Si cette technologie est perçue comme une opportunité de coupler production énergétique et activités agricoles, elle suscite des inquiétudes quant à l’occupation des terres agricoles. Le gouvernement prévoit d’affiner sa politique sur ce point afin de limiter les conflits d’usage.

Un autre enjeu majeur concerne le soutien public aux installations photovoltaïques, notamment via le tarif d’achat des surplus d’électricité. Le gouvernement procède actuellement à une révision des conditions de ce soutien afin d’éviter des coûts excessifs pour l’État et Enedis, l’opérateur en charge du raccordement au réseau électrique.

Une surveillance accrue de l’électrification des usages

Afin d’accompagner la montée en puissance de l’électricité dans le mix énergétique, la PPE3 introduit un tableau de bord de suivi de la production et de la consommation électrique. Cet outil vise à mesurer l’impact des politiques publiques et à ajuster la trajectoire si nécessaire. Il permettra notamment de suivre de près l’évolution de l’électrification des usages, comme le développement des voitures électriques et des pompes à chaleur.

Le gouvernement reste prudent face aux critiques formulées par certaines entreprises industrielles sur le coût de l’énergie, d’autant plus que la fin du régime de l’Arenh en 2026 pourrait modifier l’équilibre des prix sur le marché de l’électricité. La nécessité de garantir un approvisionnement énergétique compétitif pour les entreprises françaises est un sujet central dans les ajustements en cours.

Des centrales thermiques toujours en activité

Si la priorité reste de réduire la part des énergies fossiles, certaines centrales thermiques à charbon et fioul continueront de fonctionner. Cependant, elles devront progressivement adopter des combustibles moins émetteurs en CO2, tels que le gaz, plutôt que des solutions totalement décarbonées. Cette décision s’explique notamment par les difficultés rencontrées dans la conversion de certaines centrales à la biomasse, comme celles de Cordemais, Gardanne et Saint-Avold.

Du côté de l’hydrogène, les ambitions sont également revues à la baisse. Alors que la feuille de route initiale prévoyait d’atteindre 10 GW, l’objectif est désormais ramené à 8 GW, faute de débouchés industriels suffisants à court terme.

Une feuille de route bientôt adoptée

À l’issue de cette dernière phase de consultation, la PPE3 sera adoptée par décret en avril 2025. Cette décision, visant à éviter d’éventuels blocages politiques, traduit la volonté du gouvernement d’agir rapidement pour sécuriser la transition énergétique.