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Un coup de frein aux ambitions solaires ?
Le gouvernement français a récemment annoncé son intention de revoir à la baisse les tarifs d’achat de l’électricité photovoltaïque, une mesure qui suscite de vives inquiétudes au sein de la filière solaire. En limitant les aides publiques aux installations sur bâtiments professionnels et chez les particuliers, l’exécutif justifie sa décision par la volonté de recentrer son soutien sur l’autoconsommation et de rationaliser les dépenses publiques. Toutefois, cette réduction des subventions risque de compromettre le développement du solaire en France, alors que le pays vise une transition énergétique ambitieuse.
Une baisse des tarifs qui pèse sur les professionnels
Dès le 1er février 2025, le tarif d’achat de l’électricité produite par les installations photovoltaïques sur toiture, d’une puissance comprise entre 100 et 500 kVa, est rétroactivement abaissé de 105 à 95 euros par MWh. Cette diminution s’ajoute à celles déjà intervenues en 2024, où le tarif est passé de 121 à 105 euros. Une dynamique qui inquiète les professionnels du secteur, à l’instar du Syndicat des énergies renouvelables (SER) et d’Enerplan, qui redoutent un effet dissuasif sur les nouveaux projets.
Par ailleurs, le gouvernement envisage de remplacer l’obligation d’achat pour ce segment par un système d’appels d’offres, dont les modalités restent à préciser. Cette incertitude pourrait freiner les investisseurs et ralentir l’essor du photovoltaïque sur les toitures industrielles et agricoles.
Un impact considérable sur les particuliers
Les particuliers ne sont pas épargnés par ces ajustements. À partir de 2026, le tarif d’achat du surplus d’électricité injecté sur le réseau passera de 126,9 euros à seulement 40 euros par MWh. Cette baisse drastique vise à encourager l’autoconsommation plutôt que la revente d’énergie. Toutefois, elle risque de remettre en question la rentabilité des installations photovoltaïques chez les particuliers, qui ne pourront plus compter sur une revente avantageuse de leur production excédentaire.
Pour compenser cette baisse, le gouvernement a décidé d’abaisser la TVA à 5,5 % sur les installations photovoltaïques de moins de 9 kVa. Une mesure jugée insuffisante par les professionnels du secteur, qui alertent sur les conséquences néfastes de ces modifications tarifaires.
La filière solaire en danger ?
Les acteurs du solaire, représentés par le SER, Enerplan et la Fédération française du bâtiment (FFB), ont vivement réagi à ces annonces, dénonçant un coup d’arrêt brutal à une filière en pleine expansion. La crainte majeure repose sur l’impact économique de ces nouvelles mesures :
- De nombreux projets de moyennes toitures et d’ombrières de parking risquent d’être abandonnés.
- Des entreprises spécialisées pourraient voir leur activité réduite, entraînant des pertes d’emplois.
- L’élan vers une solarisation massive du parc immobilier français serait freiné.
Olivier Salleron, président de la FFB, fustige une décision qui « tue dans l’œuf toute velléité de réindustrialisation » en mettant en péril la filière photovoltaïque française.
Quelle stratégie pour l’avenir ?
Face à ces annonces, les professionnels demandent un maintien du cadre tarifaire actuel, le temps qu’une nouvelle mécanique de soutien soit mise en place. Ils plaident pour une transition progressive, qui ne mette pas en péril la viabilité des projets en cours et préserve l’emploi dans la filière.
Alors que la France vise une production solaire de 100 GW à l’horizon 2035, ces réductions d’aides posent la question de la cohérence des politiques énergétiques avec les objectifs de transition écologique. Une chose est certaine : la filière solaire, qui a déjà connu des revers par le passé, ne compte pas se laisser éteindre sans réagir.