Le mois de janvier 2025 a été marqué par une relative stabilité des prix en début de mois, suivie d’une hausse en raison du froid persistant et de tensions sur l’approvisionnement norvégien.
Les stocks de gaz français restent plus bas qu’en 2024 (35 % en 2025 contre 58 % en 2024), ce qui pourrait soutenir les prix à l’approche de l’été. Cependant, l’Europe bénéficie toujours de flux abondants de GNL, largement orientés vers l’Europe plutôt que vers l’Asie, ce qui constitue un facteur rassurant pour la sécurité d’approvisionnement.
Côté électricité, la faible production renouvelable a renforcé la dépendance aux centrales à gaz, mais des conditions météo plus venteuses pourraient alléger la pression sur les prix dans les semaines à venir.
Enfin, à l’échelle internationale, 2025 pourrait marquer un tournant pour la géopolitique de l’énergie, avec un possible retour en force des énergies conventionnelles, notamment sous l’impulsion de la politique américaine. Dans ce contexte, l’incertitude demeure quant à l’évolution des marchés à moyen terme, et la vigilance reste de mise pour anticiper les fluctuations à venir.
Table des matières
Que s’est-il passé sur le marché de l’énergie en janvier 2025 ?
Le début de l’année 2025 a été marqué par d’importants bouleversements sur le marché de l’énergie, tant sur le plan géopolitique que tarifaire. L’arrêt définitif du transit de gaz russe via l’Ukraine, annoncé depuis plusieurs mois, est désormais une réalité, forçant plusieurs pays européens, notamment la Slovaquie et la Moldavie, à revoir en urgence leurs stratégies d’approvisionnement. Cette rupture historique a exacerbé les tensions entre l’Europe et la Russie, tout en accélérant la diversification des sources d’énergie au sein de l’Union européenne. La Norvège, qui a atteint un niveau record de production de gaz en 2024, est devenue plus que jamais un acteur clé du marché énergétique européen, mais la question de la sécurité d’approvisionnement reste une préoccupation majeure.
Sur le front de l’électricité, la France a enregistré un record d’exportations en 2024 avec un solde net de 89 TWh, confirmant ainsi son rôle de fournisseur majeur pour ses voisins. Grâce à une production nucléaire en forte hausse et des conditions météorologiques favorables boostant l’hydroélectricité, le mix énergétique français continue de se renforcer. L’intégration de l’EPR de Flamanville fin décembre 2024 devrait encore accroître la capacité de production dans les mois à venir. En parallèle, les énergies renouvelables poursuivent leur progression, avec un développement massif des parcs éoliens et solaires, marquant une avancée significative vers la transition énergétique.
Cependant, si l’offre d’électricité s’est globalement améliorée, les entreprises et les consommateurs doivent faire face à des évolutions tarifaires contrastées. Depuis le 1er février 2025, le Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité (TURPE) a augmenté de 7,7 %, afin de compenser les déficits accumulés par les gestionnaires de réseau. En parallèle, les accises sur l’électricité et le gaz subissent aussi une hausse, impactant directement les coûts énergétiques des professionnels. En revanche, une baisse inédite des tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité de 15 % a été annoncée. Cette diminution, bien que bénéfique pour certaines entreprises éligibles aux TRV, ne profitera pas à l’ensemble des professionnels, et est partiellement compensée par l’augmentation des taxes et des coûts d’acheminement.
Au-delà des ajustements tarifaires, les perspectives énergétiques pour 2025 se dessinent avec plusieurs défis majeurs. La consommation mondiale de gaz continue de croître, portée par l’Asie et la nécessité de sécuriser l’approvisionnement en Europe. Les tensions géopolitiques, notamment les menaces de surtaxes douanières sur le GNL américain, pourraient à nouveau déstabiliser les prix. Dans ce contexte, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) appelle à intensifier les investissements dans les énergies renouvelables et à accélérer la transition énergétique pour réduire la dépendance aux énergies fossiles.
L’hydrogène vert, souvent présenté comme une alternative clé pour l’industrie et les transports, peine cependant à décoller en Europe. Malgré un engouement croissant et des initiatives locales prometteuses, le continent accuse un retard important sur ses objectifs pour 2030. Le manque de financements et les désaccords stratégiques entre États membres freinent encore le développement de cette filière, pourtant essentielle pour la décarbonation de l’industrie lourde.
Le marché du gaz naturel en janvier 2025
Les prix du gaz naturel sont restés plutôt stables en janvier 2025, malgré un contexte marqué par des tensions sur l’approvisionnement.
L’année a débuté avec un événement majeur : l’arrêt définitif du transit de gaz russe via l’Ukraine. Si cette décision a soulevé de nombreuses inquiétudes, l’impact immédiat a été en partie absorbé par la hausse des importations européennes de gaz naturel liquéfié (GNL), permettant d’éviter une envolée des prix.
Toutefois, le marché a dû faire face à plusieurs facteurs perturbateurs. La production norvégienne a été impactée par des pannes dans certaines usines de traitement, réduisant temporairement les flux vers l’Europe. Par ailleurs, un hiver plus rigoureux qu’anticipé et une production d’électricité renouvelable plus faible ont entraîné une augmentation de la demande en gaz, à la fois pour le chauffage et la production électrique.
L’approvisionnement en gaz et la concurrence entre les différentes sources continuent de jouer un rôle clé dans l’évolution du marché. La baisse des flux norvégiens a ravivé les préoccupations sur la sécurité énergétique européenne, mais pour l’instant, l’Europe reste la destination privilégiée des cargaisons de GNL. L’Asie, de son côté, se montre peu encline à acheter du GNL à des prix trop élevés, ce qui limite la pression concurrentielle sur les importations européennes.
Enfin, les États-Unis ont annoncé la reprise du traitement des demandes de permis d’exportation de GNL, ce qui pourrait renforcer l’offre disponible pour l’Europe et stabiliser encore davantage le marché.
Clôture des prix au 31 janvier 2025, avec évolution depuis le 2 janvier 2025
Le marché de l'électricité en janvier 2025
Les prix de l’électricité ont suivi une tendance baissière en janvier 2025, avant de repartir à la hausse en fin de mois sous l’effet de conditions météorologiques défavorables.
En effet, la France a clôturé l’année 2024 avec un niveau d’exportations nettes d’électricité jamais atteint auparavant. Grâce à une disponibilité élevée du parc nucléaire et à une production hydraulique favorable, la France a exporté un volume record de 89 TWh, son meilleur niveau en 22 ans. Cette performance a contribué à une baisse des prix sur les marchés de gros en début de mois.
Par ailleurs, le retour du froid a entraîné une hausse de la demande en chauffage, tandis qu’une production éolienne en recul a réduit l’apport des énergies renouvelables sur le réseau. Cette double pression a fait remonter les prix de l’électricité en fin de mois.
En parallèle, les prix des droits d’émission de CO2, après une forte hausse en début d’année, ont amorcé une baisse temporaire. Mais cette accalmie a été de courte durée : la hausse des prix du gaz a contraint certaines centrales à charbon à reprendre du service, entraînant une nouvelle augmentation des prix des quotas carbone et, par effet domino, une remontée des prix de l’électricité.
De manière générale, la faible production éolienne et solaire a renforcé la dépendance aux centrales à gaz pour assurer l’équilibre du réseau. À l’inverse, un retour de conditions météorologiques plus clémentes et venteuses pourrait, dans les semaines à venir, alléger la pression sur les prix et favoriser une stabilisation du marché.
Clôture des prix au 31 janvier 2025, avec évolution depuis le 2 janvier 2025