Le 8ᵉ salon Hyvolution, consacré au gaz hydrogène vert, produit à partir d’énergies renouvelables pour décarboner l’industrie et les transports, s’est ouvert à Paris. Cet événement, qui réunissait 30 exposants en 2016, accueille aujourd’hui plus de 530 entreprises, dont 33 % issues de l’international. Il offre une vitrine mondiale à une filière prometteuse, mais encore freinée par des obstacles financiers et institutionnels.
En France, des initiatives concrètes illustrent le potentiel de cette énergie. À Dijon, des bennes à ordures fonctionnant à l’hydrogène parcourent les rues, tandis qu’à Paris, une flotte de 1 000 taxis à hydrogène est en service, et des stations de recharge continuent d’émerger. Cependant, ces avancées ne suffisent pas à compenser les retards liés au manque de financements et à l’absence de décisions stratégiques.
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Une année blanche pour la stratégie nationale
Selon Philippe Boucly, président de France Hydrogène, l’année 2024 a été marquée par une absence de décisions stratégiques : la stratégie nationale n’a pas été révisée, et les soutiens budgétaires nécessaires pour accélérer la production restent en suspens. Ce retard s’inscrit dans un contexte européen tout aussi préoccupant, où l’hydrogène vert peine à décoller.
L'Europe en retard sur ses objectifs pour 2030
En décembre 2024, seulement 60 % des ambitions européennes en matière de capacité de production d’hydrogène pour 2030 étaient couvertes par les stratégies nationales des États membres, selon le rapport du cabinet EY. « Les États européens doivent coordonner leurs objectifs et aligner leurs ambitions avec celles fixées au niveau européen, notamment pour accélérer le rythme ».
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Union européenne a renforcé son engagement pour l’indépendance énergétique en adoptant la stratégie RepowerEU, qui vise à produire et importer 10 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable d’ici 2030.
Pour atteindre cet objectif, l’Europe doit déployer 100 GW de capacité d’électrolyse en cinq ans, nécessitant une croissance annuelle de 150 %. Pourtant, depuis 2020, cette progression se limite à 45 % par an, rendant les objectifs difficilement atteignables. Une étude d’EY montre que 98 % des projets en Europe sont encore au stade de faisabilité, et seuls 2 % ont atteint la décision finale d’investissement.
Secteurs clés et défis technologiques
Pour respecter les engagements climatiques de l’Europe d’ici 2050, l’hydrogène vert doit être utilisé dans des secteurs importants. Cela inclut l’industrie lourde, la sidérurgie, la pétrochimie, ainsi que les transports maritimes et aériens. Mais ce développement nécessite un cadre financier et réglementaire solide, ainsi que des technologies plus fiables, un point souvent souligné par les experts.
Des désaccords qui freinent l’harmonisation Européenne
Outre les incertitudes politiques, l’Europe reste divisée sur la définition même de l’hydrogène vert, décarboné ou renouvelable. La France et l’Allemagne s’opposent notamment sur l’utilisation de l’électricité nucléaire dans l’électrolyse, un processus central pour produire de l’hydrogène.
Ces divergences freinent la création d’une vision commune et compliquent la coordination des efforts européens. Par ailleurs, les technologies nécessaires au développement industriel de l’hydrogène souffrent encore d’un manque de maturité, ce qui limite leur fiabilité et ralentit la transition énergétique.
L’Union européenne, tout comme la France, doit non seulement accélérer les investissements, mais aussi renforcer la coopération entre les États membres pour harmoniser les stratégies.