La fin du transit de gaz russe via l’Ukraine : quelles conséquences pour l’Europe ?

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Depuis fin 2024, l’arrêt du transit de gaz russe via l’Ukraine a bouleversé les infrastructures énergétiques en Europe. Cette évolution constitue un tournant majeur, tant pour la Russie que pour l’Union européenne, tout en soulevant de nombreux défis pour les professionnels et les entreprises.

Pourquoi le transit de gaz russe via l’Ukraine s’est-il arrêté ?

Pendant des décennies, l’Ukraine a joué un rôle central en tant que corridor de transit pour le gaz russe vers l’Europe. Cependant, la combinaison de facteurs géopolitiques – notamment le conflit en Ukraine et les sanctions occidentales – a conduit Moscou à réorienter ses exportations vers d’autres régions, notamment l’Asie. L’UE, pour sa part, a renforcé ses efforts pour diversifier ses sources d’approvisionnement afin de réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe.

Au sein de l’Union européenne, les importations de gaz russe ont connu une chute drastique, passant de plus de 40 % en 2021 à moins de 10 % en 2023. Cette diminution a entraîné des pertes considérables, estimées à plusieurs centaines de millions de dollars pour l’Ukraine et à plusieurs milliards pour la Russie. Malgré cette baisse, la route gazière via l’Ukraine reste cruciale pour certains pays européens. Elle représentait encore, en 2023, 5 % des importations totales de gaz de l’UE, tout en jouant un rôle essentiel pour l’Autriche, la Hongrie, et surtout la Slovaquie. Cette dernière demeure fortement dépendante de cet itinéraire, qui couvrait 65 % de ses besoins en gaz en 2023, soulignant son importance vitale pour la région.

La Slovaquie et la Moldavie face à la crise énergétique

Face à cette situation critique, la Slovaquie, a exprimé de sérieuses inquiétudes concernant la continuité de son approvisionnement énergétique. Le gouvernement slovaque a averti que la fermeture de cet itinéraire pourrait provoquer des pénuries significatives, affectant à la fois les ménages et les industries fortement dépendantes du gaz. En réponse à ces menaces, la Slovaquie a intensifié ses efforts pour diversifier ses sources d’approvisionnement, en concluant des accords avec la Norvège et en augmentant ses capacités nationales de stockage de gaz, afin de garantir une meilleure résilience face aux crises futures.

La Slovaquie n’est pas le seul pays touché. La Moldavie, qui est particulièrement vulnérable en raison de sa dépendance quasi-totale au gaz russe, subit de plein fouet les répercussions de cette crise. Historiquement connectée au réseau énergétique soviétique, elle a été contrainte d’intensifier ses efforts pour diversifier ses approvisionnements, notamment via des accords avec la Roumanie et l’utilisation de terminaux de GNL en Europe.

Les conséquences économiques de l'arrêt du transit de gaz russe via l’Ukraine

  • Hausse des prix de l’énergie : La fin du transit de gaz a provoqué une hausse sans précédent des prix de l’énergie sur les marchés européens. En 2024, les prix ont augmenté de 20 % à 30 % en moyenne, atteignant même 50 % pour les secteurs industriels les plus énergivores. Cette situation a créé une pression financière importante sur les ménages et les entreprises.
  • Augmentation des coûts logistiques : L’importation du GNL, principalement depuis les États-Unis et le Qatar, a entraîné une augmentation des frais de transport de 15 % en moyenne. Cette logistique plus coûteuse pèse lourdement sur les coûts globaux d’approvisionnement en énergie de l’UE.
  • Pression sur les entreprises énergivores : Les secteurs industriels à forte consommation énergétique doivent s’adapter en améliorant leur efficacité énergétique ou en adoptant des alternatives.

Les impacts géopolitiques : un rééquilibrage stratégique en Europe

  • Affaiblissement de l’influence russe : La Russie perd un levier stratégique majeur en Europe. Cette perte se traduit par une baisse considérable des revenus liés à l’exportation de gaz et par une diminution de son influence sur la politique énergétique européenne.
  • Renforcement des partenariats européens : L’Union européenne a intensifié sa coopération avec des fournisseurs alternatifs tels que la Norvège, les États-Unis et les pays d’Afrique du Nord. Ces nouveaux partenariats visent à diversifier les sources d’approvisionnement et à réduire la dépendance aux importations russes.
  • Solidarité accrue entre États membres : Les États membres ont réagi en renforçant leurs infrastructures énergétiques communes, comme les interconnexions gazières et les terminaux de GNL, afin de garantir une meilleure résilience face aux crises futures.
  • Défis pour l’Europe centrale : Des pays comme la Hongrie et l’Autriche, fortement dépendants de cet itinéraire gazier, doivent développer des projets d’interconnexion et diversifier leurs approvisionnements.

Les conséquences environnementales : vers une transition accélérée

  • Accélération des énergies renouvelables : La crise a servi de catalyseur pour augmenter les investissements dans les sources d’énergie renouvelable. En 2024, les fonds dédiés à l’éolien, au solaire et à l’hydrogène vert ont bondi de 40 %, atteignant 120 milliards d’euros.
  • Gestion optimisée de la demande : Des politiques publiques ont été adoptées pour réduire la consommation d’énergie, notamment dans les secteurs résidentiel et industriel, grâce à des normes d’efficacité énergétique renforcées. En 2024, les investissements dans l’éolien, le solaire et l’hydrogène vert ont augmenté de 40 %, atteignant un total de 120 milliards d’euros dans l’ensemble de l’Union européenne. De plus, le développement de solutions de stockage d’énergie et de réseaux intelligents a été dynamisé pour renforcer la résilience énergétique et réduire la dépendance aux énergies fossiles.

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En résumé

L’arrêt du transit de gaz russe via l’Ukraine marque un tournant décisif pour l’Europe, tant sur le plan économique que géopolitique et environnemental. Si cette situation a accentué les défis pour certains pays très dépendants, comme la Slovaquie et la Moldavie, elle a également poussé l’Union européenne à renforcer ses partenariats énergétiques, diversifier ses approvisionnements et accélérer sa transition vers les énergies renouvelables. Ce rééquilibrage stratégique, bien que coûteux à court terme, constitue une étape cruciale vers une plus grande résilience et indépendance énergétique pour l’Europe.