En 2024, la France a établi un nouveau record historique en matière d’exportations d’électricité. Avec un solde net de 89 TWh exportés, le pays a largement surpassé son précédent record établi en 2002. Cette performance reflète un retour à la normale de la production énergétique française, tout en soulevant des questions sur la consommation domestique et les évolutions futures du marché énergétique.
Table des matières
Une production énergétique en plein essor
L’augmentation des exportations d’électricité est directement liée à la hausse significative de la production énergétique en France. En 2024, la production nucléaire a atteint entre 358 et 364 TWh, sans compter l’EPR de Flamanville, raccordé au réseau fin décembre. Cela marque un net redressement après la crise de la corrosion qui avait fortement impacté le parc nucléaire les années précédentes.
Parallèlement, la production d’énergies renouvelables, notamment hydraulique, éolienne et solaire, a continué à croître, renforçant la compétitivité de l’électricité bas-carbone française. Ce mix énergétique diversifié permet à la France d’offrir une électricité à des coûts inférieurs à ceux de ses voisins, en moyenne 20 % moins chers que ceux de l’Allemagne, hors taxes.
Une demande intérieure en baisse
Malgré cette augmentation de la production, la consommation domestique d’électricité est restée faible en 2024. La demande industrielle a diminué et les ventes de véhicules électriques ont marqué le pas. En conséquence, la consommation française s’est située environ 6 % en deçà de la moyenne des années 2014-2019.
Cette situation met en évidence un écart entre l’offre et la demande. Si la production française est en plein essor, les transferts d’usages des énergies fossiles vers l’électricité, nécessaires à la décarbonation de l’économie, tardent à s’imposer.
Les principaux bénéficiaires des exportations françaises
En 2024, les principaux destinataires de l’électricité française étaient l’Allemagne et la Belgique, avec un solde net de 27,2 TWh. L’Allemagne a même battu son propre record d’importation, avec 23,5 TWh. L’Italie (22,3 TWh), le Royaume-Uni (20,1 TWh) et la Suisse (16,7 TWh) figurent également parmi les plus grands importateurs. Même l’Espagne, malgré son abondance en énergies renouvelables, a importé 2,8 TWh.
Ces exportations ont permis de redresser légèrement la balance commerciale énergétique de la France. Bien que cette dernière reste largement déficitaire en raison des importations d’énergies fossiles, les revenus générés par les exportations d’électricité, supérieurs à 4 milliards d’euros en 2023, apportent une contribution positive.
Une compétitivité renforcée
Ce record d’exportations témoigne de la compétitivité de l’électricité bas-carbone française sur les marchés internationaux. Avec des prix stabilisés et une offre diversifiée, la France confirme son rôle de fournisseur majeur d’électricité en Europe.
Cependant, cette performance soulève également des enjeux stratégiques. Pour maintenir cette position tout en répondant aux objectifs de décarbonation, il sera nécessaire de stimuler la consommation domestique électrique, notamment via l’électrification des usages, tout en poursuivant le développement des infrastructures et des capacités de production.
L’année 2024 marque une étape importante pour l’énergie française, avec un record historique d’exportations d’électricité. Cette performance reflète les efforts menés pour restaurer la production nucléaire, accélérer le déploiement des énergies renouvelables et renforcer la compétitivité de l’électricité française sur les marchés internationaux. Toutefois, pour préparer l’avenir, la France devra également relever le défi de l’électrification de son économie et adapter son modèle aux nouvelles réalités énergétiques.