ATOO Energie vous dévoile son point hebdo sur le marché de l’énergie en date du 13 octobre 2023. Dans cet article, découvrez les faits marquants des derniers jours, ainsi que l’évolution des marchés de l’électricité et du gaz naturel. Enfin, nous partageons avec vous, deux articles de presse pour tout savoir sur le secteur de l’énergie.
Que s'est-il passé la semaine dernière ?
Marché de l’électricité : l’Espagne fait une proposition de compromis bousculant les positions françaises
Pour répondre à la crise énergétique en Europe, la Commission européenne a proposé en mars dernier une loi visant à réformer le marché de l’électricité en Europe. Cette proposition permettrait la régulation des prix sur les actifs à faible émission de carbone de l’UE, y compris les actifs existants, au moyen de contrats d’écarts compensatoires bidirectionnels (contracts for différence, CfD).
La France a rapidement appuyé cette proposition, cherchant également à remplacer son mécanisme d’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique (ARENH), qui expirera le 31 décembre 2025. Cependant, l’Allemagne, l’Espagne et d’autres États en transition vers les énergies renouvelables s’y opposent, craignant que l’intégration du nucléaire français via les CfD ne crée une distorsion de la concurrence sur le marché européen.
Pour résoudre ces différends, la France et l’Allemagne ont décidé de négocier un “accord commun” lors d’un sommet à Hambourg en octobre. En réponse, l’Espagne, présidant l’UE jusqu’à la fin de l’année, a présenté une proposition radicale qui limite l’utilisation des “contrats pour différence” aux seules nouvelles centrales renouvelables ou nucléaires mises en service en Europe, excluant ainsi les centrales nucléaires d’EDF en France actuellement en fonctionnement. Ceci a été une surprise pour l’Allemagne, tout comme pour la France.
Cette proposition répond donc aux préoccupations de Berlin concernant un risque de concurrence inéquitable en Europe, craignant que la France utilise ces contrats à long terme pour redistribuer les revenus des centrales nucléaires déjà amorties d’EDF à ses industriels, renforçant ainsi leur compétitivité. L’Espagne pourrait jouer un rôle de “mauvais flic” en perturbant les négociations entre la France et l’Allemagne, poussant ainsi à un accord plus rapide.
La réunion des 27 pays membres à Luxembourg le 17 octobre est cruciale dans le calendrier européen, car il y a une pression pour parvenir à un accord avant les élections européennes de juin. L’optimisme affiché par Emmanuel Macron suggère que la France n’est pas disposée à abandonner l’idée des CfD pour les actifs nucléaires existants, car cela permettrait de réguler les prix pour les consommateurs. Cependant, il existe des différences d’opinion sur la manière de fixer les prix de l’électricité, avec la France souhaitant des prix proches des coûts de production nucléaire.
L’Espagne, en cherchant à accélérer les négociations, pourrait influencer l’issue de la réunion, bien que l’accord entre la France et l’Allemagne reste incertain. Les positions des deux côtés restent fermes, et l’issue dépendra de la réunion à Luxembourg.
Sobriété énergétique : ce que prévoit le gouvernement français
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a élargi son programme de sobriété énergétique, initialement destiné aux entreprises du CAC 40, aux 120 plus grandes entreprises françaises. Le programme encourage l’élaboration de plans “sobriété”, la promotion du télétravail économe en énergie et l’incitation des employés à ne pas dépasser 110 km/h sur la route. Des mesures similaires visent les petites entreprises et les commerces. En effet, un arrêté est en préparation « pour obliger les commerces et les entreprises à n’allumer leurs vitrines qu’une heure avant le début de leur activité et les éteindre une heure après la fin », a annoncé Agnès Pannier-Runacher.
Un décret doit permettre de sanctionner les entreprises avec des amendes de 1 500 euros en cas de non-respect. Le projet a aussi pour but de réduire l’intensité de l’éclairage public, ce qui se fera après une consultation des élus locaux.
Les employeurs pourront désormais soutenir les dépenses liées à la location de vélos privés pour leurs employés, et la réduction d’impôts pour les entreprises offrant des flottes de vélos de fonction est prolongée jusqu’en 2027. Pour les particuliers, des aides sont prévues pour l’achat et l’installation de thermostats programmables, ainsi que des incitations à la rénovation des logements. L’objectif est de rendre la réduction de la consommation d’énergie structurelle d’ici fin 2024, en évitant tout effet rebond.
Conflit entre le Hamas et Israël : risque majeur pour les prix de l'énergie
Le ministre de l’Économie a exprimé son inquiétude quant à l’extension du conflit entre le Hamas et Israël, soulignant que cela représente un risque majeur pour l’économie mondiale, en particulier pour la croissance et les prix de l’énergie. Il a rappelé l’impact géopolitique sur l’économie mondiale, citant les précédents tels que l’invasion russe en Ukraine. Les récents problèmes d’approvisionnement en gaz en Europe ont contribué à la hausse des prix. Le groupe Chevron a suspendu ses activités en Israël, tandis que la Finlande a signalé une fuite sur un gazoduc, suspectant une intervention extérieure. Les cours du pétrole, malgré une première hausse en début de semaine, ont baissé en raison de l’absence d’impact direct sur les flux pétroliers. Cependant, des préoccupations subsistent quant à un éventuel ralentissement de l’économie mondiale et de la demande d’or noir, en particulier en Europe et en Chine. Des appels ont été lancés pour améliorer la productivité grâce à l’innovation et aux investissements technologiques. La récente acquisition de Pioneer Natural Resources par ExxonMobil pour 60 milliards de dollars a été mal accueillie en Bourse en raison de ces inquiétudes économiques.
Focus sur le marché du gaz naturel
Les prix du gaz ont augmenté la semaine dernière.
Le vendredi 13 octobre, les PEG CAL-24 et CAL-25 s’élevaient respectivement à 55,905 €/MWh et 47,580 €/MWh.
Plusieurs événements ont poussé les prix à la hausse. Tout d’abord, les tensions au Moyen-Orient ont montré que malgré l’optimisme qui règne pour cet hiver, le marché de l’énergie reste très tendu.
De plus, de nouvelles grèves sont attendues dans les installations de GNL de Chevron en Australie. Les syndicats ont annoncé la date du 19 octobre pour les prochaines grèves.
Dans la nuit du 7 au 8 octobre, le gazoduc Balticconnector et un câble sous-marin reliant la Finlande et l’Estonie ont été endommagés. Les deux pays soupçonnent un acte de sabotage.
Enfin, les prévisions de températures plus basses pour la semaine à venir ont aussi eu un impact sur les prix.
Focus sur le marché de l'électricité
Les prix de l’électricité ont suivi la même tendance que ceux du gaz.
Le vendredi 13 octobre, les Baseload CAL-24 et CAL-25 traitaient respectivement à 147,13 €/MWh et 128,40 €/MWh. En effet, les prix des émissions de CO2 ont repassé la barre des 85 €/t.
Les tarifs de l’électricité sont en hausse, reflétant l’augmentation des coûts du gaz, et cette tendance s’observe sur l’ensemble des échéances. De plus, l’incertitude liée à l’avenir post-ARENH ainsi que les avancées dans la réforme européenne du marché de l’électricité en France contribuent à la montée des prix. Les ministres européens de l’énergie se réuniront le mardi 17 octobre pour discuter de cette réforme.
Vu dans la presse
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