Le décret tant attendu sur l’obligation d’installer des ombrières photovoltaïques sur les parkings de grande taille a été publié le 15 novembre 2024. Contrairement aux espérances des acteurs de la grande distribution, le texte confirme que les délais initiaux restent inchangés. Cette réglementation marque une étape importante dans l’accélération de la transition énergétique en France, mais elle suscite aussi des interrogations sur sa faisabilité économique et technique.
Une obligation majeure pour la grande distribution
Le décret n°2024-1023 impose aux parcs de stationnement d’une superficie supérieure à 10 000 m² d’être équipés de panneaux solaires d’ici juillet 2026. Les parkings plus modestes, compris entre 1 500 et 10 000 m², bénéficient d’un délai supplémentaire jusqu’en juillet 2028. Ces installations doivent couvrir au moins 50 % de la surface concernée, incluant les allées de circulation, ou être remplacées par une couverture végétalisée équivalente.
Malgré les négociations engagées, les demandes de rallonger les délais et d’exclure les allées du calcul ont été rejetées. Perifem, la fédération technique de la distribution, regrette cette décision, dénonçant une vision trop rigide des surfaces à équiper. Les distributeurs sont contraints de se conformer à ces exigences dans un contexte marqué par des contraintes budgétaires et des enjeux stratégiques.
Des investissements colossaux et un retour sur investissement incertain
Les coûts associés à cette obligation sont impressionnants. Selon Perifem, équiper les parkings concernés nécessiterait environ 11 milliards d’euros. Si une étude gouvernementale menée en 2022 estime que ces dépenses pourraient être amorties grâce à la vente d’électricité produite, l’incertitude règne quant à la rentabilité. Les tarifs d’achat de l’électricité étant fixés par les pouvoirs publics, leur évolution future pourrait fragiliser les modèles économiques envisagés.
Pour surmonter cet obstacle financier, l’État encourage les distributeurs à collaborer avec des fournisseurs d’énergie qui assumeraient les coûts d’installation en échange de la gestion des installations. Cependant, cette solution ne répond pas aux autres préoccupations des enseignes, notamment la réduction progressive des besoins en stationnement et la préservation des terrains pour des projets futurs.
Une filière photovoltaïque française encore trop faible
Un autre défi réside dans le manque de compétitivité de la filière photovoltaïque française face à ses concurrents internationaux, notamment chinois. Actuellement, la Chine domine le marché mondial des panneaux solaires, avec 90 % des équipements présents en Europe d’origine chinoise. Cette situation soulève des préoccupations sur la dépendance énergétique et les bénéfices économiques pour l’industrie nationale.
Le développement d’une filière européenne semble indispensable pour répondre à la demande croissante tout en limitant l’impact environnemental des importations. Toutefois, les investissements massifs réalisés aux États-Unis, favorisés par des subventions fédérales via l’Inflation Reduction Act, compliquent la tâche pour l’Europe.
Une transition énergétique accélérée mais complexe
En dépit des défis, l’obligation d’équiper les parkings de panneaux solaires s’inscrit dans une démarche ambitieuse de transition énergétique. En exploitant des surfaces souvent inutilisées, cette initiative permettrait de produire une énergie locale et renouvelable tout en réduisant l’empreinte carbone des entreprises concernées.
Cependant, la rigidité des délais et les incertitudes économiques posent des questions sur l’accompagnement des acteurs pour assurer le succès de cette mesure. Entre investissements colossaux, contraintes foncières et absence de filière nationale robuste, la mise en œuvre de ce décret représente un défi de taille pour les entreprises de la grande distribution et au-delà.
Si le décret n’accorde pas le sursis espéré, il met en lumière la nécessité d’accélérer le développement des énergies renouvelables en France. Pour les professionnels concernés, il est crucial d’anticiper dès maintenant ces échéances et d’envisager des solutions innovantes pour surmonter les défis.