Alors que la fin du mécanisme de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) approche à grands pas, la pression sur EDF s’intensifie.
Ce dispositif, qui permettait aux fournisseurs d’électricité de bénéficier d’une électricité nucléaire à tarif régulé, prendra fin le 31 décembre 2025. Depuis lors, des négociations cruciales sont en cours pour définir un cadre stable et compétitif pour les entreprises industrielles françaises, fortement dépendantes de l’électricité.
Face à l’inaction perçue d’EDF et des industriels, Marc Ferracci, ministre de l’Industrie, a appelé à des efforts pour garantir des contrats avantageux après 2025.
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Fin de l’ARENH : un tournant pour les entreprises industrielles
Le dispositif ARENH a longtemps offert aux entreprises un tarif stable et prévisible, avec un prix fixé à 42 €/MWh. Ce mécanisme a été un pilier pour la compétitivité des industries françaises, notamment celles fortement consommatrices d’énergie comme la chimie, l’aluminium ou l’acier.
A partir de 2026, l’accès à ce tarif régulé ne sera plus possible, rendant urgent la conclusion de nouveaux contrats d’approvisionnement à long terme. L’enjeu est de taille : garantir aux industriels un accès à une électricité nucléaire compétitive pour qu’ils puissent maintenir leur compétitivité à l’échelle internationale.
Cependant, malgré des négociations entamées depuis la fin de l’année dernière, aucun contrat ferme n’a encore été signé, ce qui suscite l’inquiétude des acteurs du secteur. La lenteur des discussions met en péril la stabilité des coûts énergétiques des entreprises, comme l’a souligné Magali Smets, directrice générale de France Chimie : « Les négociations avec EDF sont au point mort ». Un sentiment partagé par de nombreux industriels qui demandent une plus grande visibilité sur l’évolution des tarifs à long terme.
Le ministre de l’Industrie veut pousser EDF à l’action
Marc Ferracci s’est engagé à faire avancer ce dossier vital pour l’industrie française. Lors d’une intervention sur Public Sénat, il a exhorté EDF à faire des efforts pour que des contrats à long terme, avec des tarifs compétitifs, soient rapidement conclus. Selon le ministre, il est impératif de garantir aux entreprises des contrats de dix à quinze ans, avec des prix stables, pour leur permettre de planifier leur avenir.
Les efforts demandés à EDF ne concernent pas uniquement les contrats à long terme, mais aussi ceux à moyen terme. EDF a déjà signé près de 2 700 contrats pour des volumes de 10 TWh en 2028 et 8 TWh en 2029. Toutefois, ces chiffres restent insuffisants pour répondre aux besoins des industriels électro-intensifs qui consomment des volumes bien plus importants.
Les enjeux autour de l’hydroélectricité
Pour rendre ces contrats plus compétitifs, certains industriels plaident pour que la production d’électricité hydraulique soit intégrée aux négociations. Cette diversification permettrait de réduire les coûts de production et d’améliorer l’attractivité des contrats proposés par EDF. Toutefois, cette idée rencontre des réticences, notamment à Bruxelles, en raison des incertitudes juridiques entourant l’exploitation de certains barrages dont la concession est échue.
Pour l’instant, EDF reste principalement concentrée sur la production nucléaire, limitant ainsi les marges de manœuvre pour offrir des tarifs encore plus compétitifs. Pourtant, la pression sur le groupe public est forte, tant de la part des industriels que du gouvernement.
Un avenir incertain, mais des solutions attendues
Alors que la date du 31 décembre 2025 se rapproche, les industriels attendent avec impatience des solutions concrètes. En avril 2024, Marc Benayoun, directeur exécutif d’EDF, avait précisé que 671 contrats de vente d’électricité à long terme avaient déjà été signés pour un volume de 5 TWh par an, à un prix d’environ 70 €/MWh.
Bien que ces contrats offrent un certain répit, ils ne couvrent qu’une petite partie des besoins des entreprises. De plus, comme l’a souligné Frank Roubanovitch, président de l’association Cleee, qui représente les grands consommateurs d’énergie, ces tarifs ne sont qu’une estimation et ne garantissent pas une stabilité sur quinze ans.
La situation reste donc incertaine, et il est important que des efforts supplémentaires soient faits pour sécuriser l’approvisionnement énergétique des industries françaises. Le rôle d’EDF est central dans cette transition post-arenh, et l’intervention du gouvernement vise à accélérer les négociations pour garantir des contrats avantageux à long terme.
La fin de l’arenh marque un tournant pour l’industrie française, qui devra faire face à de nouvelles conditions tarifaires pour son approvisionnement en électricité. Si les négociations entre EDF et les industriels tardent à aboutir, le gouvernement, par la voix de Marc Ferracci, met la pression pour que des contrats stables et compétitifs soient rapidement signés.
L’avenir énergétique des entreprises françaises dépendra largement de la capacité d’EDF à répondre à ces attentes, tout en intégrant des leviers comme l’hydroélectricité pour améliorer la compétitivité des contrats. Le compte à rebours est lancé, et les prochains mois seront décisifs pour l’industrie française.