Alors que les prix de l’énergie amorcent une relative accalmie et que les finances publiques dictent des choix budgétaires drastiques, le gouvernement a décidé de mettre fin aux aides électricité pour les entreprises à compter de 2025. Une décision qui marque la fin des dispositifs d’urgence instaurés en pleine crise énergétique. Pourtant, pour certaines petites et moyennes entreprises (PME), la situation reste critique. Enfermées dans des contrats signés au plus fort de la flambée des prix, elles continuent de payer des factures astronomiques. Une injustice qui pourrait compromettre leur viabilité.
Des contrats énergétiques qui plombent les PME
La crise énergétique déclenchée en 2022 a poussé de nombreuses entreprises à signer des contrats à long terme à des tarifs extrêmement élevés. Ces engagements, souvent pris sous la contrainte, pèsent aujourd’hui lourdement sur leurs finances. C’est notamment le cas d’Osborn Métal, une PME spécialisée dans la métallurgie. Son président, Arnaud Habscieger, témoigne : « Avant le Covid, notre facture d’énergie atteignait 400.000 euros par an. Fin de 2022, nous avons signé avec le fournisseur ENI un contrat sur trois ans, qui a porté nos coûts à 850.000 euros par an les premières années et un peu moins les années suivantes. Or, ce contrat nous engage toujours ». Avec la fin des aides de l’État, cette augmentation sera insoutenable et menace de faire basculer les comptes de l’entreprise dans le rouge.
De nombreux autres dirigeants d’entreprises partagent cette même inquiétude. En signant des contrats à prix fixes pour se prémunir contre l’incertitude, ils se retrouvent aujourd’hui enfermés dans des accords qui ne reflètent plus les prix actuels du marché, largement redescendus.
Une fin des aides jugée prématurée
Du côté des fournisseurs d’énergie, la problématique est bien connue. Julien Tchernia, directeur général d’Ekwateur, souligne que l’arrêt de l’amortisseur électricité, dispositif phare d’aide aux entreprises, risque de faire grossir les impayés des entreprises concernées.
Au ministère de l’Énergie, la ligne est claire : les aides étaient temporaires et doivent désormais céder la place à des mécanismes plus structurels. Cependant, les pouvoirs publics affirment rester attentifs à la situation des entreprises en difficulté, sans pour autant annoncer de mesures concrètes. Cette posture inquiète les professionnels, d’autant que les discussions prévues sur la vente de l’électricité nucléaire après 2025 ne garantiront pas d’allègement immédiat pour les PME piégées dans leurs contrats.
Une crise limitée, mais lourde de conséquences
Si les fournisseurs d’énergie estiment que la situation ne concerne qu’une minorité de PME — environ 300 à 400 clients selon Ekwateur, soit moins de 1 % du portefeuille entreprise d’EDF — l’impact sur les entreprises touchées est disproportionné. Ces contrats à prix fixes, bien supérieurs aux prix actuels du marché, grèvent leur compétitivité et mettent en péril leur équilibre financier.
Pour ces PME, l’absence de nouvelles aides ou de solutions d’aménagement des contrats pourrait s’avérer fatale. Les fournisseurs, bien que conscients du problème, ne peuvent agir sans un cadre législatif ou des incitations venant de l’État. Une réunion prévue en décembre entre les fournisseurs et les pouvoirs publics pourrait toutefois ouvrir des discussions sur des mesures transitoires.
Des solutions à explorer pour éviter le pire
Face à cette impasse, quelles solutions pourraient être envisagées ? Parmi les pistes évoquées, des concessions de la part des fournisseurs pourraient être un levier pour soulager les entreprises concernées. Cependant, cela nécessiterait un soutien ou une directive claire de l’État pour éviter des déséquilibres dans le marché énergétique.
De leur côté, les entreprises doivent explorer des alternatives pour réduire leurs charges : optimiser leur consommation énergétique, investir dans des solutions durables comme le photovoltaïque, ou encore solliciter un courtier en énergie capable de négocier des contrats plus adaptés à leurs besoins.
La fin des aides électricité en 2025 marque une nouvelle étape dans la sortie de la crise énergétique. Cependant, pour certaines PME, les séquelles de cette crise se font toujours ressentir, avec des contrats énergétiques pesants. Alors que l’État fait le choix de recentrer son action, ces entreprises se retrouvent livrées à elles-mêmes face à des factures insurmontables.