ATOO Energie vous dévoile son point hebdo sur le marché de l’énergie du 17 au 21 avril 2023. Dans cet article, découvrez les faits marquants de la semaine, ainsi que l’évolution des marchés de l’électricité et du gaz naturel. Enfin, nous partageons avec vous, deux articles de presse pour tout savoir sur le secteur de l’énergie.
Que s'est-il passé la semaine dernière ?
L'Autorité de sûreté nucléaire demande à EDF d’anticiper les futures sécheresses
Lundi dernier, l’ASN a rappelé à EDF qu’il fallait anticiper la manière dont seront gérées les éventuelles situations de sécheresse et de canicule des prochains étés. En effet, le réchauffement climatique a un impact sur la disponibilité en eau, qui est une ressource indispensable pour refroidir les réacteurs nucléaires. Pour l’ASN, il est donc primordial de prendre en compte les impacts à long terme du changement climatique pour la conception des nouveaux réacteurs.
Le gouvernement envisage de construire au moins six réacteurs nucléaires, dont le premier serait opérationnel à partir de 2035-2037. Toutefois, l’ASN met en garde contre les risques potentiels liés à la proximité de plusieurs sites nucléaires au bord d’un même cours d’eau. De plus, l’adaptation des centrales nucléaires doit être planifiée à court terme, sans attendre plusieurs années, selon l’Autorité.
L’année dernière, des ajustements temporaires ont été apportés aux limites réglementaires de température pour permettre la production d’électricité nucléaire pendant l’été. Ces ajustements ont permis d’éviter des pannes dues à la chaleur et de maintenir la production. La Cour des comptes, dans un rapport publié en mars, a souligné que l’été 2022 avait accéléré la prise de conscience d’EDF en matière d’adaptation au changement climatique. Les magistrats ont appelé EDF à renforcer ses recherches sur les systèmes de refroidissement moins gourmands en eau, pour le parc existant ainsi que pour les futurs réacteurs EPR.
Le bouclier tarifaire ne sera pas prolongé pour les entreprises
Vendredi dernier, Bruno Le Maire, a annoncé que le bouclier tarifaire sur l’électricité serait prolongé jusqu’en 2025 afin de ne pas faire exploser la facture d’électricité des Français. Cependant, Roland Lescure, ministre de l’Industrie, a indiqué dimanche que cette mesure ne s’appliquerait pas aux entreprises, en tout cas pas pour le moment. Cette déclaration risque donc de susciter un certain mécontentement auprès des chefs d’entreprise. En effet, invité dans l’émission « Dimanche en politique », Roland Lescure a déclaré que « l’électricité, le gaz ont beaucoup baissé. […] Donc aujourd’hui, les entreprises n’ont pas besoin d’aide ». Il s’agit d’un discours complètement différent de celui de Bruno Le Maire, qui avait expliqué qu’il se « donne deux ans, d’ici début 2025, pour sortir du bouclier sur l’électricité », à cause des tarifs qui restent très élevés par rapport à la situation d’avant crise, notamment en raison d’une faible production nucléaire.
Cependant, le ministre de l’Industrie n’a pas totalement écarté la possibilité de prolonger le bouclier pour les entreprises. Il a rappelé que le dispositif actuel était toujours en place : « Aujourd’hui, nous avons un calendrier qui est dicté par l’Europe pour les entreprises, qui nous autorise à mettre en place ce qu’on appelle le guichet jusqu’à fin 2023. » Il a également indiqué que la situation serait réexaminée à l’automne : « Bien sûr, comme nous l’avons fait l’année dernière, si nous constatons à l’automne que nous en avons besoin, nous le ferons et nous le ferons dans le cadre européen, c’est normal », a-t-il ajouté.
Le gaz et le charbon continuent de diviser les pays du G7
Les ministres de l’énergie, du climat et de l’environnement des pays du G7 se sont réunis pendant deux jours au Japon afin d’accélérer leur sortie des énergies fossiles dans tous les secteurs. Toutefois, ils n’ont pas réussi à se fixer une nouvelle échéance. Le G7 s’est fixé de nouveaux objectifs en matière de solaire et d’éolien marin, en s’engageant à accélérer le développement des énergies renouvelables. Les différents ministres se sont donc engagés à produire collectivement 150 GW d’électricité en plus grâce aux parcs éoliens en mer à l’horizon 2030, et à atteindre 1 TW de capacité de production des panneaux solaires.
En dépit des appels du Canada et d’autres pays à renoncer totalement au charbon d’ici à 2030, les ministres du G7 ont choisi de ne pas s’engager dans cette voie. Ils ont également laissé la possibilité de continuer à investir dans le secteur du gaz naturel, précisant que cela pourrait aider à prévenir d’éventuelles pénuries d’énergie. Le Japon, pays hôte du sommet, qui dépend presque entièrement de l’importation de sources d’énergie, a plaidé pour que le gaz naturel liquéfié (GNL) soit considéré comme un combustible de transition pendant encore au moins 10 à 15 ans.
Les pays membres du G7 ont accepté que des investissements dans l’industrie gazière « peuvent être appropriés » pour atténuer les risques de pénurie liés au conflit en Ukraine, à condition que ces investissements ne soient pas en contradiction avec les objectifs climatiques. Selon Jonathan Wilkinson, ministre canadien des Ressources naturelles, les discussions ont montré que l’action climatique et la sécurité énergétique ne sont pas incompatibles. Le G7 n’a cependant pas réussi à se mettre d’accord sur une date spécifique pour l’abandon du charbon dans le secteur de l’électricité, même si le Royaume-Uni et la France ont proposé l’échéance de 2030. Le Canada a également appelé à l’élimination totale de l’électricité produite à partir de charbon sans capture de CO2 d’ici à 2030, mais sans succès. Cependant, certains pays membres, comme le Royaume-Uni et le Canada, ont pris cet engagement à titre individuel, tandis que d’autres, comme l’Allemagne, cherchent encore des moyens techniques pour y parvenir dans les délais impartis.
Focus sur le marché du gaz naturel
Les prix spot du gaz naturel ont baissé la semaine dernière, clôturant à 38,694 €/MWh le vendredi 21 avril.
Les PEG CAL-24 et CAL-25 ont légèrement baissé. Ils s’élevaient respectivement à 51,490 €/MWh et 45,242 €/MWh le vendredi 21 avril, soit une baisse de 3,32% et de 1,87% depuis le vendredi 14 avril.
La semaine dernière, les prix du gaz naturel en Europe ont connu un retour à la baisse grâce à l’équilibre entre l’offre et la demande, qui est resté confortable. Les températures et la production d’énergies renouvelables sont reparties à la hausse, ce qui a fait baisser les prix européens à court terme.
Focus sur le marché de l'électricité
De leurs côtés, les prix spot de l’électricité ont également baissé la semaine dernière, clôturant à 118,84 €/MWh le vendredi 21 avril.
Après avoir augmenté en début de semaine, les CAL-24 et CAL-25 sont repartis à la baisse en fin de semaine. Ils traitaient respectivement à 199,76 €/MWh et 134,80 €/MWh le vendredi 21 avril, soit une baisse de 7,61% et de 2,58% depuis le vendredi 14 avril.
Les prix de l’électricité ont donc baissé la semaine dernière, même s’ils restent plutôt volatils. En effet, les températures sont plus froides que les normales de saison, et l’incertitude persiste quant à la disponibilité des unités nucléaires françaises. Les prix du charbon restent modérés en raison de la faible demande chinoise. En revanche, les prix des émissions de CO2 sont repartis à la hausse (92,28 €/t). Enfin, les trois dernières centrales nucléaires allemandes, qui représentaient 5% de la production d’électricité du pays au premier trimestre 2023, ont fermé la semaine dernière.