Alors que l’industrie française s’interroge sur sa compétitivité énergétique, le PDG sortant d’EDF, Luc Rémont, a saisi l’occasion de son audition au Sénat pour faire passer un message fort : l’électricité produite en France est aujourd’hui la plus compétitive d’Europe et elle le sera davantage encore face aux États-Unis dans les années à venir.
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Un contexte de transition tendu chez EDF
Le 5 mai 2025 marquera un tournant pour l’énergéticien public. À cette date, l’assemblée générale d’EDF entérinera la nomination de Bernard Fontana, actuel directeur général de Framatome, en remplacement de Luc Rémont. Ce changement de gouvernance intervient après plusieurs mois de tensions entre l’État, EDF et certains grands industriels, sur fond de désaccords liés aux prix de l’électricité et aux contrats à long terme.
Un prix jugé juste, malgré les critiques industrielles
Face à la commission d’enquête sénatoriale sur les aides publiques aux grandes entreprises, Luc Rémont a défendu la politique tarifaire d’EDF. Selon lui, les prix actuels sur les marchés de gros, environ 60 €/MWh pour l’année 2026, reflètent fidèlement les coûts de production du parc nucléaire français. Ce niveau tarifaire, bien que critiqué par certains industriels très énergivores, ne permettrait même qu’un simple équilibre économique pour EDF.
Pour ces grands consommateurs, souvent engagés dans des négociations à long terme, les tarifs proposés dans le cadre du post-ARENH sont perçus comme un frein à leur compétitivité. En réponse, EDF maintient une ligne claire : l’entreprise ne modifiera pas ses prix pour compenser les écarts liés au marché du gaz. Luc Rémont a précisé que ce n’est pas à EDF, en tant qu’entreprise publique, d’absorber les fluctuations du gaz, une énergie massivement importée en Europe, notamment de Norvège, des États-Unis et de Russie. Il a également mis en garde contre les risques juridiques d’une telle démarche : proposer des tarifs déconnectés des coûts réels de production pourrait exposer l’énergéticien à des accusations d’abus de position dominante.
Électricité et gaz : EDF refuse toute compensation croisée
Cette position cible notamment certains industriels. Leur consommation énergétique repose jusqu’à 90 % sur le gaz. Ils espèrent qu’EDF les accompagnera dans leur transition vers une énergie plus propre.
Mais le PDG sortant rejette clairement cette attente. Il précise : « Certaines entreprises imaginent qu’EDF est fondé à subventionner leur décarbonation. Ce ne sera pas le cas. »