Chaque année, le passage à l’heure d’hiver (fin octobre), et celui à l’heure d’été (fin mars) suscitent les mêmes interrogations : pourquoi ces changements d’heures ont-ils lieu ? Quels impacts ont-ils vraiment sur notre quotidien et, surtout, sur notre consommation d’énergie ?
Instauré à l’origine pour optimiser l’utilisation de la lumière naturelle et ainsi réduire les besoins en éclairage artificiel, le changement d’heure a pour objectif d’aider à faire des économies d’énergie. Cependant, ce mécanisme, bien que fondé sur des intentions louables, est aujourd’hui de plus en plus contesté.
Alors, le changement d’heure est-il efficace pour alléger les factures d’électricité ? Dans cet article, nous décryptons l’impact potentiel de cette transition horaire sur la consommation énergétique des entreprises, qui, comme beaucoup d’autres professionnels, cherchent constamment des solutions pour optimiser leur budget énergétique.
Nous verrons comment le passage à l’heure d’hiver influence les habitudes de consommation et dans quelle mesure il est pertinent de le prendre en compte dans la gestion énergétique des entreprises.
Table des matières
Pourquoi on change d’heure en France ?
Le changement d’heure, instauré en France au début du XXe siècle, a pour origine la volonté de réaliser des économies d’énergie. Cette idée a été initialement explorée lors de la Première Guerre mondiale, quand l’Allemagne, suivie de près par la France en 1917, adopta ce mécanisme pour limiter l’utilisation de charbon, une ressource précieuse pour l’effort de guerre. L’objectif était d’utiliser plus efficacement la lumière du jour pour réduire le recours à l’éclairage artificiel.
Après la Seconde Guerre mondiale, la pratique a été abandonnée en raison de la forte croissance économique et de l’abondance d’énergies fossiles, caractérisant les Trente Glorieuses. Cependant, cette situation a radicalement changé dans les années 1970 avec le choc pétrolier, qui a rappelé la nécessité de maîtriser la consommation énergétique.
En 1976, le gouvernement français a réintroduit le changement d’heure pour alléger la facture énergétique et réduire la dépendance au pétrole. Cette mesure a été conçue pour correspondre aux heures d’ensoleillement, permettant aux Français de mieux utiliser la lumière naturelle et, ainsi, de limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel.
Depuis, le changement d’heure est devenu une norme en Europe, harmonisée à l’échelle de l’Union européenne en 1998. Bien qu’il vise à économiser l’énergie, son efficacité réelle continue d’être débattue, notamment dans le contexte actuel où l’éclairage représente une part moindre de la consommation énergétique totale, laissant place à de nouvelles questions sur sa pertinence et son impact pour les entreprises aujourd’hui.
Le changement d’heure permet-il vraiment de faire des économies d’énergie ?
Le changement d’heure, instauré pour optimiser l’utilisation de la lumière naturelle, a bien pour objectif de réduire la consommation d’électricité, en particulier celle liée à l’éclairage artificiel. Mais avec l’évolution de nos modes de vie et des technologies, l’efficacité de cette mesure est de plus en plus questionnée.
En effet, les économies générées par le changement d’heure existent, mais elles sont aujourd’hui jugées modestes. L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) estime que les économies réalisées grâce au changement d’heure représentent environ 0,07 % de la consommation nationale d’électricité, soit une réduction symbolique mais réelle.
Par exemple, en 2009, cela a permis d’économiser environ 440 GWh, soit l’équivalent de l’éclairage annuel de 800 000 foyers. Cependant, ce gain a progressivement diminué : les études récentes montrent une réduction des bénéfices, estimant qu’en 2030, l’économie pourrait atteindre 258 GWh, en raison de l’adoption généralisée de technologies d’éclairage moins énergivores.
Le principal avantage reste donc limité à l’éclairage, une part relativement faible de la consommation énergétique des entreprises et des ménages, face à des usages plus énergivores comme le chauffage ou la production d’eau chaude. Bien que cette mesure contribue également à la gestion des pics de demande énergétique, notamment en avril lors du passage à l’heure d’été, elle reste une solution d’impact modéré dans un contexte où l’efficacité énergétique globale est assurée par des avancées technologiques et l’essor des énergies renouvelables.
Au niveau européen, la Commission estime que les économies d’énergie dues au changement d’heure varient. Elles vont de 0,5 % à 2,5 % selon les pays. Ces chiffres soulignent que, bien que le changement d’heure ait un effet mesurable, il est aujourd’hui considéré comme marginal. Cela laisse donc place à des débats quant à sa pertinence pour le futur.
Comment optimiser davantage votre consommation énergétique ?
D’autres méthodes permettent de réduire efficacement la consommation d’énergie. Par exemple, entreprendre des travaux de rénovation énergétique dans vos locaux.
Ces travaux peuvent être partiellement financés grâce aux Certificats d’Économies d’Énergie (CEE). Ce dispositif aide à financer une partie des coûts liés à la modernisation ou au remplacement de vos équipements les plus énergivores. Cette approche présente un double avantage : elle génère des économies pour votre entreprise et diminue la demande énergétique globale, contribuant ainsi activement aux objectifs de transition énergétique.
Quel avenir pour le changement d’heure ?
Le débat autour du changement d’heure fait régulièrement surface, avec une majorité de citoyens européens souhaitant sa suppression.
Une consultation publique menée en 2018 par l’Union européenne a révélé que 84 % des répondants étaient favorables à la fin de ce dispositif. La même année, le Parlement européen a même adopté une directive pour le supprimer. Cependant, les pays membres n’ont pas encore trouvé un consensus sur l’heure à conserver – heure d’été ou heure d’hiver – et les événements mondiaux, comme la pandémie et la guerre en Ukraine, ont repoussé la mise en œuvre de cette décision.
Aujourd’hui, le changement d’heure est toujours en vigueur, mais son avenir reste incertain. Plusieurs pays à travers le monde ont déjà renoncé à ce dispositif, jugeant que ses effets sur les économies d’énergie sont minimes et que ses impacts sur la santé et la sécurité routière posent davantage de problèmes qu’ils n’en résolvent.
En Europe, des divergences subsistent : alors que des pays du sud comme la France ou l’Italie privilégieraient l’heure d’été en continu, certains pays nordiques seraient en faveur de l’heure d’hiver permanente.
Reste à voir si ce projet verra le jour et si un accord sera trouvé au niveau européen pour adopter un fuseau horaire unique.