ATOO Energie vous dévoile son point hebdo sur le marché de l’énergie en date du 22 septembre 2023. Dans cet article, découvrez les faits marquants des derniers jours, ainsi que l’évolution des marchés de l’électricité et du gaz naturel. Enfin, nous partageons avec vous, deux articles de presse pour tout savoir sur le secteur de l’énergie.
Que s'est-il passé la semaine dernière ?
Tensions entre EDF et le gouvernement français sur les prix de l’électricité
La Première ministre, Elisabeth Borne, a rencontré le PDG d’EDF, Luc Rémont, pour discuter de la nouvelle régulation du nucléaire et de la fixation des prix de l’électricité. Cette réunion intervient après la publication d’une note par le régulateur de l’énergie, indiquant que les coûts de production d’EDF seraient de 60,7 €/MWh entre 2026 et 2030, un chiffre bien en deçà de l’estimation d’EDF de 120 €/MWh. Le gouvernement a donné quinze jours à Luc Rémont pour établir un prix moyen de l’électricité aussi bas que possible.
Luc Rémont a fait de la réforme de la régulation du nucléaire sa priorité, cherchant à revaloriser les prix de l’électricité pour financer les investissements nécessaires, notamment la construction de nouveaux réacteurs EPR. Cependant, le gouvernement estime qu’EDF ne peut pas bénéficier de rentes liées à des actifs en monopole en vertu du droit européen. De plus, l’électricité est considérée comme un bien particulier, nécessitant une régulation pour protéger les consommateurs et soutenir la compétitivité des entreprises. Le président Macron devra clarifier cette question lors de sa présentation de la planification écologique.
RTE affirme qu’il faut accélérer le déploiement des renouvelables en France
RTE, le gestionnaire du réseau électrique en France, a publié un rapport qui met en avant l’importance de l’accélération des énergies renouvelables dans le pays d’ici à 2035. Cette accélération est motivée par plusieurs objectifs, notamment la réduction des émissions de CO2, la diminution des dépenses liées aux énergies fossiles, et la garantie de la souveraineté énergétique.
Pour atteindre ces objectifs, RTE prévoit une augmentation significative de la consommation électrique en France. Trois scénarios ont été envisagés : le premier atteint les objectifs de réduction d’émissions et de sobriété, le deuxième présente un retard dans ces objectifs, et le troisième implique une sobriété forcée due à une crise économique. Dans tous les cas, la consommation d’électricité devrait augmenter, avec une hausse estimée entre 15 % et 40 % par rapport au niveau actuel.
Pour répondre à ces besoins croissants en électricité, RTE mise sur les énergies renouvelables, car le potentiel du nucléaire est limité jusqu’en 2035. En effet, les nouveaux réacteurs ne seront pas en service avant cette date. L’objectif est d’atteindre une production annuelle d’électricité renouvelable de 270 à 320 TWh en 2035, comparé aux 120 TWh actuels. Cela implique le maintien de la production hydraulique, ainsi qu’une multiplication par quatre de la production éolienne et solaire.
RTE estime également que la maximisation du parc nucléaire actuel est essentielle pour atteindre les objectifs, avec une production annuelle visée de 360 à 400 TWh. L’entreprise souligne qu’il n’est pas nécessaire de construire de nouvelles centrales à gaz pour assurer la flexibilité du réseau, et propose différentes solutions alternatives, notamment l’utilisation de biomasse ou d’hydrogène vert.
En ce qui concerne les chaudières à gaz, RTE ne se prononce pas sur une éventuelle interdiction, mais suggère que les pompes à chaleur pourraient les remplacer efficacement. L’entreprise table sur 11,5 millions de pompes à chaleur installées en 2035, avec la possibilité de remplacer un quart du parc de chaudières à gaz d’ici 2030. L’impact sur la consommation électrique serait gérable, avec une augmentation d’environ 3 TWh en 2030 par rapport à 2019.
Enfin, RTE souligne que bien que les investissements nécessaires soient considérables, la transition hors des énergies fossiles devrait équilibrer la balance commerciale. L’hydrogène bas carbone est également évoqué comme une option prometteuse, mais la production de carburants de synthèse à partir d’hydrogène pose des défis plus importants.
Engie souhaite investir 3 milliards d’euros dans le biogaz d’ici à 2030
Engie a annoncé l’acquisition d’Ixora Energy, une entreprise britannique spécialisée dans la production de biométhane. Cette démarche symbolise une stratégie ambitieuse d’Engie dans les énergies renouvelables, incluant le solaire et l’éolien.
Cécile Prévieu, directrice générale adjointe d’Engie en charge des infrastructures, souligne l’importance de cette acquisition pour renforcer la présence du groupe au Royaume-Uni, où il est déjà actif dans le stockage et la commercialisation de gaz naturel. La consolidation des projets de biométhane en cours permettra à Engie de gagner en visibilité.
Ixora Energy exploite actuellement trois unités de production dans le Devon et le Somerset, générant collectivement 160 GWh de biométhane annuellement. De son côté, Engie détient une capacité installée de 670 GWh par an en France, répartie sur 32 sites, alors que le pays compte 600 unités de production et a injecté 7 TWh de biométhane dans son réseau de gaz l’an dernier.
Pour atteindre son objectif de production de 10 TWh par an en Europe d’ici 2030, Engie prévoit d’investir 3 milliards d’euros et de créer une structure dédiée aux énergies renouvelables. Camille Bonenfant-Jeanneney, directrice générale gaz renouvelables Europe d’Engie, annonce que le groupe continuera à construire des usines et à effectuer des acquisitions de sites ou d’entreprises. La stratégie de croissance d’Engie repose sur quatre piliers : l’industrialisation des méthodes, l’excellence opérationnelle, l’innovation technologique et une stratégie d’offres adaptées aux besoins des clients.
Le groupe estime que la France a le potentiel de rendre sa consommation de gaz totalement verte d’ici 2050, avec la capacité de produire 300 TWh de biométhane, dépassant ainsi la demande prévue. Toutefois, l’atteinte de cet objectif dépend d’un soutien politique plus solide, notamment via la révision des tarifs d’achat et la mise en place de certificats de production garantissant l’origine renouvelable de l’énergie.
Avec la croissance du marché, Engie prévoit une baisse des tarifs du biométhane, actuellement vendu à plus de 100 euros le mégawattheure, soit trois fois plus cher que le gaz naturel. Le groupe estime que ces tarifs devraient diminuer pour atteindre environ 70 à 80 euros dans les prochaines années. Engie souligne également que l’utilisation du gaz vert repose sur des infrastructures déjà en place, évitant ainsi la nécessité de doubler la taille du réseau électrique et d’ajouter l’équivalent de 90 réacteurs nucléaires, en réponse à la recommandation de RTE en faveur d’une électrification massive, notamment par le biais de pompes à chaleur pour le chauffage.
Focus sur le marché du gaz naturel
Les prix spot du gaz naturel ont augmenté la semaine dernière, clôturant à 40,301 €/MWh le vendredi 22 septembre.
De leurs côtés, les PEG CAL-24 et CAL-25 ont baissé puisqu’ils s’élevaient respectivement à 45,01 €/MWh et 37,52 €/MWh le vendredi 22 septembre.
Actuellement, les fondamentaux du marché du gaz naturel sont plutôt rassurants. En effet, les stocks de gaz européens sont remplis à 94,24% en moyenne, ce qui offre une situation confortable. La demande industrielle et la demande de gaz pour la production d’électricité continuent de subir une pression à la baisse.
De plus, les approvisionnements en gaz ont augmenté pour diverses raisons :
- Les travaux de maintenance norvégiens sont terminés.
- L’usine de GNL de Wheatstone en Australie a repris sa production à plein régime, marquant la fin des conflits sociaux.
- Le terminal de GNL de Freeport aux Etats-Unis est de nouveau opérationnel, même si la prochaine saison des ouragans pourrait avoir d’importantes répercussions.
Focus sur le marché de l'électricité
Les prix spot de l’électricité continuent de baisser, puisqu’ils s’élevaient à 85,64 €/MWh le vendredi 22 septembre.
Les CAL-24 et CAL-25 suivent la même tendance. En effet, le vendredi 22 septembre ils traitaient respectivement à 133,43 €/MWh et 123,78 €/MWh.
Tout comme le gaz, de nombreux indicateurs font baisser les prix sur le marché de l’électricité. De manière générale, la demande européenne est bien inférieure à la moyenne de l’année dernière. La disponibilité du parc nucléaire et les ressources hydroélectriques importantes apportent un confort supplémentaire.
Les prix des émissions de CO2 poursuivent leur tendance à la baisse (82 €/t). Les facteurs qui détermineront les prix à venir sont les températures de cet hiver, l’état du parc nucléaire français, la production d’énergie éolienne mais aussi l’approvisionnement en gaz.
Enfin, les prix du charbon ont légèrement augmenté, notamment à cause de la hausse des coûts de transport et des baisses de production en Chine.
Vu dans la presse
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