Avec actuellement 19 réacteurs à l’arrêt sur 56, le parc nucléaire français se trouve toujours dans une situation tendue. Ces arrêts sont dus à des retards de maintenance liés à la crise sanitaire, mais également à la découverte de problèmes de corrosion sur de nombreux réacteurs nucléaires. Alors que le parc nucléaire français est en difficulté, le gouvernement souhaite plus que jamais accélérer la production d’énergie nucléaire afin d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Mais comment accélérer le développement de la filière nucléaire face aux problèmes de corrosion qui touchent les réacteurs, et surtout face à une demande d’électricité qui ne cesse de croitre ?
2022 : La production nucléaire au plus bas
L’année 2022 a été marquée par l’invasion russe en Ukraine et la crise énergétique due aux problèmes de corrosions découverts sur les centrales nucléaires françaises. Face à ces problèmes, la production nucléaire française n’a représenté que 70% de la moyenne des 20 dernières années. Même si l’énergie nucléaire occupe toujours la première place dans le mix énergétique français, l’atome a fourni 63% de la production d’électricité en 2022, avec une disponibilité du parc nucléaire s’élevant seulement à 54%, contre 73% entre 2015 et 2019. En effet, avec 279 TWh, il s’agit du niveau de production de la filière le plus faible depuis 1988. Cette baisse de production s’est accentuée durant l’été en raison de la sécheresse, puisque les centrales nucléaires ont besoin d’un débit suffisant des cours d’eau pour fonctionner.
Publié par RTE, le “Bilan électrique national” de l’année 2022 a montré que malgré la baisse de production, l’industrie nucléaire avait réussi à garantir la sécurité des approvisionnements électriques de la France, en ayant tout de même recours à des importations (une première depuis 1980). Habituellement exportatrice d’électricité, la France a dû importer 16,5 TWh d’électricité en 2022, dont 60% sur la période estivale de juillet à septembre.
De plus, les énergies fossiles telles que le pétrole et le gaz, ainsi que les énergies éolienne et solaire ont pu compenser en partie les baisses de production nucléaire et hydraulique.
L'état actuel du parc nucléaire français
Selon le ministère de la Transition énergétique, la disponibilité nucléaire a été inférieure à l’historique des dernières années tout au long de l’année 2022. Au mois de mars 2023, 19 réacteurs sur 56 étaient encore à l’arrêt, avec des capacités représentant seulement deux tiers de leur potentiel, soit 40 GW. En effet, le calendrier de maintenance, imposé dans le cadre de l’allongement de la durée de vie des centrales, a été fortement perturbé en 2020 en raison de la crise sanitaire. Les maintenances ont donc dû être réorganisées entre 2021 et 2023.
Des fissures découvertes sur certains réacteurs
Cela fait plusieurs mois que les phénomènes de corrosion sous contraintes se multiplient. Le dernier problème en date a été détecté à la mi-mars 2023 sur le réacteur de Penly 1 (Seine-Maritime). Une profonde fissure a été repérée dans le circuit d’injection de sécurité qui permet de garantir le refroidissement du réacteur en cas d’accident. Selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), cette fissure présenterait un risque de fuite, c’est pourquoi elle a été classée au niveau 2 de l’échelle INS qui caractérise l’importance d’un événement vis-à-vis de la sureté ou de la radioprotection.
D’autres fissures dîtes “de fatigue thermique” ont été détectées dans la foulée dans les réacteurs de Penly 2 (Seine-Maritime) et de Cattenom 3 (Moselle). En effet, il avait été demandé à EDF d’examiner les 320 soudures qui avaient été reprises lors de la construction des centrales. Selon l’ASN, environ 200 soudures doivent encore être passées au crible.
Des prolongations d’arrêt pour d'autres réacteurs
Si rien n’indique qu’il s’agisse d’un problème générique qui toucherait d’autres réacteurs, l’ASN a indiqué que cette découverte allait entraîner des prolongations d’arrêts sur d’autres réacteurs. EDF maintient, pour le moment, ses prévisions de production pour l’année 2023, soit entre 300 et 330 TWh. Jeudi 16 mars, l’ASN a donné son feu vert sur la nouvelle stratégie de contrôles d’EDF sur ses réacteurs. Les contrôles seront faits de manière accélérée sur les soudures ayant fait l’objet de réparation par le passé.
Du retard dans la mise en service de la centrale de Flamanville
Le troisième réacteur de la centrale de Flamanville, de type EPR, est toujours en cours de construction. Sa mise en service avait été initialement programmée en 2012 mais lors de visites de contrôle, l’ASN a détecté de nombreuses anomalies dans la construction des installations. Le retard pris par EDF a donc entrainé un surcoût estimé à plus de 16 milliards d’euros. Pour le moment, EDF prévoit la mise en service de ce réacteur courant de l’année 2024. Cette nouvelle pourrait donc aider la filière à répondre à la demande énergétique.
La stratégie du gouvernement pour atteindre la neutralité carbone en 2050
Considérée comme une source d’énergie peu émettrice de gaz à effet de serre par le GIEC et l’ADEME, le nucléaire est aujourd’hui présenté, selon 11 pays européens en faveur du déploiement de la filière, comme “ l’un des nombreux outils permettant d’atteindre nos objectifs climatiques, de produire de l’électricité de base et de garantir la sécurité de l’approvisionnement ”.
Pour pouvoir atteindre ces objectifs climatiques, il faut s’extraire des énergies fossiles et accélérer l’électrification de la France en développant davantage les capacités de production électrique. Alors qu’en 2015, le gouvernement avait décidé de fermer 14 de ses 58 réacteurs afin de diversifier ses sources d’approvisionnement, un revirement du président de la République s’est officialisé en 2021. Un projet de loi d’accélération du nucléaire a donc été développé afin de faciliter la construction de nouveaux réacteurs en allégeant les délais et les procédures administratives.
Faciliter la construction de nouveaux réacteurs nucléaires
Pour relancer le nucléaire français, le gouvernement souhaite construire six nouveaux réacteurs d’ici 2035. En effet, lors de son discours à Belfort le 10 février 2022, Emmanuel Marcon a présenté un plan de relance du nucléaire français dans lequel il est demandé à EDF de construire six réacteurs EPR de deuxième génération. Ces derniers devront être implantés sur des sites de centrales déjà existantes comme Penly (Seine-Maritime) et Gravelines (Nord).
Adopté en première lecture au Sénat fin janvier, le projet de loi d’accélération du nucléaire a également été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le mardi 21 mars. Il vise notamment à simplifier les procédures administratives afin de gagner du temps dans la construction de ces réacteurs. Selon Agnès Pannier-Runacher, Ministre de la transition énergétique, la première coulée de béton pourrait donc se faire en 2027, et la mise en service des réacteurs entre 2035 et 2036. L’adoption de ce projet de loi permettra également de lancer des études pour la construction de huit autres réacteurs.
Prolonger la durée de vie du parc nucléaire vieillissant
La plupart des réacteurs actuellement en fonction en France est originaire des années 1980. Ces réacteurs arrivent donc au terme de leur durée d’exploitation maximal qui s’élève à 40 ans. En effet, 37 réacteurs, soit 66% du parc nucléaire français, ont été mis en service entre 1976 et 1985, arrivant alors au terme de leur exploitation. Dès 2020, ces derniers devaient donc rejoindre les 12 réacteurs déjà arrêtés afin d’être, à leurs tours, démantelés. Finalement, le gouvernement et EDF ont décidé de mettre en place le plan « grand carénage”, soit le plus vaste chantier de maintenance jamais réalisé sur le parc nucléaire français. Ce plan consiste à prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires afin d’assurer une sécurité d’approvisionnement. L’exécutif souhaite donc, via son projet de loi, augmenter la durée de vie des centrales nucléaires de 20 ans.
Même si l’ASN n’est pas contre cette prolongation, elle émet tout de même quelques réserves. Le risque est de voir des incidents se multiplier comme l’apparition de fissures sur les réacteurs nucléaires. Pour l’ASN, une étude approfondie doit être menée afin d’analyser le comportement des pièces non remplaçables mais aussi d’examiner les conséquences du réchauffement climatique sur les centrales.
Comment gérer efficacement son budget énergétique face à cette situation ?
Pour le moment, l’énergéticien français vient d’annoncer qu’il maintenait ses objectifs de production d’électricité pour 2023, malgré la découverte de nouvelles fissures sur certains réacteurs. EDF a confirmé que la révision de son plan de contrôles et de réparations des réacteurs n’aurait pas d’impact sur la production nucléaire pour 2023.
Même si EDF se montre positif quant à ses objectifs de production, il est nécessaire d’anticiper sur plusieurs mois, voire plusieurs années, la renégociation de son contrat d’énergie. Les prix à moyen et long termes seront toujours plus abordables que le prix spot. Le fait d’anticiper ses achats énergétiques à moyen ou long terme permet donc de protéger votre entreprise face à d’éventuelles hausses des prix de l’énergie.
Chez ATOO Energie, nous accompagnons les entreprises et professionnels dans l’optimisation de leurs contrats d’énergie et dans la maitrise de leur budget énergétique.