En août 2024, les prix de l’énergie ont été influencés par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient et en Ukraine. Toutefois, ils ont pu bénéficier d’une relative stabilité grâce au bon remplissage des stocks de gaz en Europe et à une demande modérée pour la production d’électricité.
Dans les semaines à venir, plusieurs facteurs pourraient impacter les prix de l’énergie. Les travaux de maintenance planifiés en Norvège sur les infrastructures gazières risquent de réduire temporairement les exportations de gaz. Par ailleurs, la situation au Moyen-Orient reste incertaine, et de nouvelles tensions pourraient perturber l’approvisionnement en énergie, augmentant ainsi les risques de volatilité sur les marchés. Enfin, le transit du gaz russe via l’Ukraine, bien qu’actuellement stable, demeure fragile en raison du conflit en cours.
Ainsi, bien que les prix se maintiennent pour le moment, ces éléments laissent présager d’éventuelles fluctuations à venir.
Les infos à retenir
En France, la production d’électricité a atteint un niveau record au premier semestre 2024, notamment grâce à une production hydraulique exceptionnelle. Selon le bilan semestriel de RTE, le pays a produit 272 TWh d’électricité, le niveau le plus élevé depuis 2019. Les barrages hydroélectriques ont généré une quantité d’électricité sans précédent, grâce aux conditions climatiques favorables, avec des précipitations abondantes ayant rempli les réservoirs. Parallèlement, la production nucléaire a montré des signes de reprise après des difficultés liées à la corrosion de certains réacteurs, tandis que les énergies renouvelables, notamment l’éolien et le solaire, ont continué de progresser. Ce contexte favorable a permis à la France de renforcer son rôle de fournisseur d’électricité pour l’Europe, avec un solde exportateur en nette augmentation, atteignant un record au premier semestre.
Du côté du gaz, l’Union européenne a franchi une étape importante en sécurisant ses réserves pour l’hiver prochain. Elle a rempli à 90 % ses capacités de stockage de gaz, et ce, bien avant la date limite fixée au 1er novembre. Cette anticipation est le résultat d’une stratégie concertée visant à réduire la dépendance au gaz russe, fortement diminuée depuis le début de la guerre en Ukraine. En effet, l’UE a diversifié ses sources d’approvisionnement, s’appuyant notamment sur le gaz naturel liquéfié (GNL) provenant des États-Unis et des importations accrues venant de Norvège. Ce remplissage précoce des stocks est non seulement une mesure de précaution face aux rigueurs hivernales, mais aussi une réponse aux défis géopolitiques actuels, particulièrement marqués par la guerre en Ukraine.
Dans ce contexte, l’Ukraine a pris une décision majeure en annonçant l’arrêt du transit de gaz russe via son territoire à partir du 31 décembre 2024. Cette décision, qui met fin à des années de coopération énergétique entre l’Europe et la Russie via l’Ukraine, pourrait avoir des répercussions significatives sur la sécurité énergétique de plusieurs pays européens, notamment l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie, qui dépendent de ce corridor pour leur approvisionnement. La Russie, de son côté, envisage de contourner cette situation en créant un hub gazier en Turquie, tandis que l’Ukraine explore des alternatives, notamment via des discussions avec l’Azerbaïdjan.
Sur le plan international, la Chine a également marqué les esprits en août en atteignant, avec six ans d’avance, ses objectifs de production d’énergies propres initialement fixés pour 2030. Le pays a multiplié par dix ses capacités solaires et éoliennes au cours de la dernière décennie, ce qui représente aujourd’hui une part significative de son mix énergétique. Cependant, cette expansion rapide pose de nouveaux défis, notamment en ce qui concerne les infrastructures de distribution, qui peinent à suivre le rythme de production, entraînant un gaspillage d’énergie important.
Enfin, les marchés pétroliers ont été marqués par des fluctuations des cours du brut, influencées par des données économiques contradictoires en provenance de Chine. Alors que l’activité manufacturière a montré des signes de reprise, des incertitudes persistent quant à la demande intérieure, ce qui a contribué à maintenir une volatilité sur les prix du pétrole. Ces variations sont surveillées de près, d’autant plus que l’Opep+ pourrait augmenter sa production au quatrième trimestre 2024, avec la fin des réductions volontaires supplémentaires de certains de ses membres.
Le marché du gaz naturel en août 2024
Au Moyen-Orient, les tensions croissantes ont fait grimper les prix du gaz naturel. Malgré ces tensions géopolitiques, les prix ont pu légèrement repartir à la baisse en raison de fondamentaux favorables sur le marché, tels que :
- la hausse des exportations de gaz norvégien ;
- la demande en gaz pour la production d’électricité, qui est restée modérée grâce à une production d’énergie renouvelable élevée ;
- le bon remplissage des stocks de gaz de l’UE.
En effet, le niveau élevé de remplissage des sites de stockage de l’UE (90 %) a permis d’atténuer la hausse des prix. Toutefois, plusieurs événements pourraient impacter les prix du gaz naturel dans les semaines à venir :
- En Norvège, des travaux de maintenance majeurs sont prévus pour débuter en septembre.
- Le terminal GNL d’Ichthys en Australie, affecté par une panne, ne devrait pas reprendre ses activités avant octobre.
- En Ukraine, une installation de stockage souterrain a été endommagée lors de la dernière attaque russe. Bien que le site reste fonctionnel, cela ravive les inquiétudes quant aux exportations russes vers l’Europe.
Clôture des prix au 30 août 2024, avec évolution depuis le 1er août 2024
Le marché de l'électricité en août 2024
Dans l’ensemble, le marché de l’électricité suit l’augmentation des prix des combustibles.
En août, le prix du charbon a atteint son niveau le plus haut depuis le mois de juin. En effet, la demande a augmenté en raison de la hausse des prix du gaz et de certaines craintes au sujet de l’approvisionnement.
Sur le marché spot, des prix négatifs ont été observés durant les heures ensoleillées, tandis que la demande de climatisation est restée modérée.
Le marché semble de plus en plus sous l’influence de fonds spéculatifs étrangers. De plus, la corrélation avec les prix du gaz joue un rôle déterminant.
Enfin, les prix futurs de l’électricité continuent d’être largement influencés par l’évolution du prix des quotas d’émission de CO2 (70 €/t).
Clôture des prix au 30 août 2024, avec évolution depuis le 1er août 2024