Les récentes crises énergétiques avaient plongé la France dans une situation de pénurie d’électricité, notamment en 2022, forçant le pays à importer une quantité importante d’électricité pour pallier la chute de sa production nucléaire et hydraulique. Deux ans plus tard, la situation s’est considérablement améliorée. Selon les dernières données de RTE, la production d’électricité en France a atteint des niveaux exceptionnels, confirmant que l’électricité est de nouveau abondante, marquant ainsi une période de stabilisation après les perturbations.
Un redressement du nucléaire et des énergies renouvelables
En 2024, la production nucléaire a retrouvé une dynamique encourageante, après les difficultés techniques rencontrées sur plusieurs réacteurs en 2022. Au premier semestre 2024, le nucléaire représentait 65 % de la production d’électricité en France, avec une augmentation de 19 TWh par rapport à la même période en 2023. Cette remontée, combinée à des précipitations abondantes ayant permis un fort remplissage des barrages hydroélectriques (+11,1 TWh), a été cruciale pour garantir une production nationale solide.
Les énergies renouvelables ne sont pas en reste. Le parc éolien en mer a produit 1,8 TWh au premier semestre 2024, soit plus du double de sa production sur la même période en 2023, grâce à la mise en service des parcs offshore de Fécamp et Saint-Brieuc. Le solaire a également poursuivi son développement avec une production stable, venant renforcer le mix énergétique français.
Une baisse de la consommation et une augmentation des exportations
Un autre facteur ayant contribué à cette abondance est la baisse continue de la consommation d’électricité en France. Les crises sanitaire et énergétique avaient initié un mouvement de réduction de la demande, notamment dans le secteur industriel et résidentiel. Au premier semestre 2024, bien que la consommation ait légèrement augmenté (+0,4 %) par rapport à 2023, elle reste encore bien en deçà des niveaux d’avant les crises, selon RTE.
Cette combinaison d’une production croissante et d’une consommation modérée a permis à la France de retrouver sa position de premier exportateur d’électricité en Europe. Au cours des six premiers mois de l’année 2024, la France a exporté 43 TWh, un record historique, contribuant à rééquilibrer le solde des échanges avec ses voisins européens. Ce volume d’exportation dépasse largement celui de 2023, témoignant de la solidité retrouvée du réseau électrique français.
Vers une baisse des prix sur les marchés de gros
L’abondance d’électricité a eu des répercussions directes sur les prix de l’électricité sur les marchés de gros. Alors que le mégawattheure (MWh) se négociait à 276 € en 2022, il est passé à une moyenne de 45 € au premier semestre 2024. Cette chute des prix, combinée à la baisse des coûts du gaz, a permis une division par trois des prix à terme pour une livraison en 2025. Cette évolution profite principalement aux entreprises et aux acteurs ayant souscrit des contrats à prix de marché, qui voient déjà leur facture diminuer.
Cependant, pour les consommateurs souscrivant au Tarif réglementé de vente (TRV), la baisse des prix se fera sentir plus tardivement en raison des mécanismes de calcul du tarif. Une diminution de 10 à 15 % est attendue pour 2025, mais cette baisse sera modérée par la fin progressive du bouclier tarifaire.
Des perspectives optimistes pour l’avenir
Les perspectives à moyen terme sont tout aussi encourageantes. EDF a revu à la hausse ses prévisions de production pour 2024, anticipant entre 340 et 360 TWh d’électricité nucléaire, se rapprochant ainsi des niveaux de production idéaux fixés par RTE (400 TWh). Parallèlement, les énergies renouvelables devraient continuer à croître, soutenues par l’expansion des parcs éoliens offshore et l’augmentation de la capacité solaire.
Toutefois, des défis subsistent. La multiplication des heures à prix négatifs, en raison de la faible demande couplée à une production abondante, souligne la nécessité de développer des solutions de flexibilité et de stockage pour optimiser l’utilisation de l’énergie produite. Le stockage d’électricité, la gestion flexible des usages (notamment pour les véhicules électriques) et l’adaptation des infrastructures seront des leviers essentiels pour maintenir cet équilibre entre offre et demande.
La France semble avoir tourné la page des crises énergétiques récentes. Grâce à une production nucléaire en hausse, une contribution croissante des énergies renouvelables et une demande modérée, l’électricité est à nouveau abondante en France. Les prix sur les marchés de gros sont en baisse, et les perspectives d’avenir laissent entrevoir une stabilisation durable du secteur énergétique. Toutefois, la gestion de cette abondance nécessitera une adaptation continue pour garantir un réseau électrique équilibré et résilient face aux défis à venir.
