PPE3 : une feuille de route énergétique remise en question

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Alors que la France s’apprête à dévoiler sa nouvelle feuille de route énergétique avec la publication imminente de la troisième Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE3), une contestation croissante s’élève du côté des parlementaires et des experts du secteur. L’objectif affiché reste la neutralité carbone d’ici 2050, mais le cap proposé divise profondément.

Prévu pour encadrer la stratégie énergétique française entre 2025 et 2035, le PPE3 ambitionne de redessiner notre mix énergétique à long terme. Mais pour nombre de parlementaires et d’experts, ce document stratégique apparaît en décalage avec les réalités actuelles. Conçu avant la crise énergétique, la guerre en Ukraine et l’explosion des prix, il est perçu comme le produit d’un monde révolu.

Un collectif rassemblant des élus de droite et du centre, soutenu par d’anciens dirigeants de grands acteurs du secteur comme EDF et RTE, alerte sur l’obsolescence de cette trajectoire. Ils dénoncent une planification imposée plutôt que concertée, et plaident pour une véritable refondation démocratique du processus de définition des objectifs énergétiques.

« Nous refusons que l’énergie devienne le nouveau marqueur d’une impuissance publique, ou le terreau d’une colère populaire », s’alarme ce collectif, qui interpelle le gouvernement sur la pertinence du PPE3 face aux réalités actuelles.

L’idéologie du renouvelable remise en question

La place importante accordée aux énergies renouvelables, en particulier l’éolien et le solaire, suscite des critiques de la part de certains parlementaires. Ils reprochent au projet de feuille de route de privilégier de manière excessive ces sources dites intermittentes, c’est-à-dire dont la production dépend des conditions météorologiques et ne peut être garantie en continu.

L’expression « idéologie du renouvelable » a été employée pour qualifier cette orientation, perçue comme déséquilibrée et trop marquée en faveur des énergies non pilotables, au détriment d’une stratégie plus diversifiée incluant notamment le nucléaire.

Vers une planification énergétique sur 60 ans

Plusieurs députés et sénateurs proposent de revoir le cadre actuel de la planification énergétique. Parmi les pistes avancées figure l’idée d’une trajectoire énergétique sur 60 ans, destinée à poser les bases d’un débat plus large sur l’avenir énergétique du pays.

Un amendement en ce sens, porté par le député Henri Alfandari, a été adopté en commission dans le cadre du projet de loi « simplification ». Il prévoit d’inscrire ce principe dans la loi et pourrait permettre d’ouvrir un débat à l’Assemblée nationale dans les prochains mois.

Dans cet esprit, certains parlementaires appellent également le gouvernement à soumettre la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie au vote du Parlement. Le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci s’est déclaré ouvert à cette possibilité.

Le PPE3 peut-il être encore être adopté par décret ?

Au-delà du contenu, c’est aussi la forme de publication du PPE3 qui suscite la controverse. Les précédentes programmations, celles de 2016 et 2020, avaient été adoptées par décret. Mais un amendement voté récemment en commission remet en question cette procédure. Il propose de supprimer cette possibilité et d’imposer l’adoption du texte par une loi de programmation à adopter avant juillet 2026.

Cette évolution viserait à renforcer le rôle du Parlement dans la définition des grandes orientations énergétiques. De son côté, le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci défend la légitimité du projet actuel. Il rappelle que les objectifs fixés par le PPE sont issus de textes déjà votés, notamment celui qui prévoit que 33 % du mix énergétique français devra être composé d’énergies renouvelables d’ici 2030.

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En résumé

Alors que la France s’apprête à publier sa nouvelle stratégie énergétique avec le PPE3, des parlementaires et experts dénoncent un texte inadapté aux réalités actuelles. Jugé obsolète et trop axé sur les énergies renouvelables intermittentes, le projet relance les critiques sur l’absence de débat parlementaire et sur la nécessité d’une planification plus durable. Un amendement propose d’inscrire une trajectoire énergétique sur 60 ans dans la loi, avec un vote au Parlement à la clé.