Nucléaire : le premier EPR2 reporté à 2038

ERP2 en retard

Le chantier des six réacteurs EPR2 prend du retard. Le premier, initialement attendu pour 2035, ne sera finalement mis en service qu’à l’horizon 2038, selon l’Élysée.

Depuis son annonce en février 2022, le projet d’EPR2 a vu son budget prévisionnel s’envoler. Évalué à 51,7 milliards d’euros aux prix de 2020, il atteint aujourd’hui 79,9 milliards selon les estimations les plus récentes de la Cour des comptes, sur la base de données fournies par EDF fin 2023. Ce montant n’est toutefois pas figé, car EDF n’a pas encore présenté son chiffrage définitif.

Un financement hybride : entre soutien public et sécurité pour EDF

Pour porter ce programme sans reproduire les erreurs du chantier de Flamanville, le gouvernement veut s’appuyer sur un prêt d’État bonifié, inspiré du modèle utilisé pour la centrale tchèque de Dukovany. Ce prêt couvrirait au moins la moitié des coûts de construction.

Un prix plafond de 100€/MWh serait également fixé pour la production nucléaire issue des futurs EPR2. Si les prix de marché dépassent ce seuil, EDF reversera la différence à l’État ; en dessous, l’État compensera. Ce mécanisme vise à assurer la viabilité économique du projet tout en protégeant les finances publiques.

Un prêt d’État bonifié est un prêt accordé par l’État à des conditions plus avantageuses que celles du marché, avec un taux réduit voire nul. Il permet de soutenir des projets jugés stratégiques, comme les nouveaux réacteurs nucléaires, tout en allégeant la charge financière pour l’entreprise concernée.

Pourquoi un report ?

En 2022, la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine avait renforcé le sentiment d’urgence autour du nucléaire. Depuis, la situation s’est stabilisée. La production d’EDF est revenue à la normale, les efforts de sobriété ont porté leurs fruits et la consommation d’électricité progresse à un rythme plus modéré que prévu.

Dans ce nouveau climat, EDF et l’État préfèrent jouer la prudence. Mieux vaut prendre le temps de bien faire, plutôt que de courir après les délais au risque de dérapages techniques et financiers. La décision finale d’investissement, initialement attendue fin 2025, est désormais repoussée à 2026.

Anticiper les tensions sur l’uranium

L’approvisionnement en uranium fait également partie des priorités du gouvernement. Face à une demande mondiale croissante, l’exécutif souhaite renforcer l’indépendance française. Le Conseil de politique nucléaire a validé un plan de soutien à Orano (ex-Areva), acteur clé de la filière, pour sécuriser l’extraction et la transformation du combustible. À plus long terme, des travaux sont relancés sur la fermeture du cycle du combustible, afin de réutiliser l’uranium usé et limiter la dépendance aux importations.

Une dynamique d’innovation avec les mini-réacteurs

En parallèle des EPR2, la France s’intéresse de près aux mini-réacteurs modulaires (SMR). Le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a reçu pour mission d’engager des discussions avec les start-up les plus avancées, dans l’optique de les implanter sur les sites de Marcoule et Cadarache.