Le secteur nucléaire français fait face à un nouveau contretemps concernant le projet de l’EPR de Flamanville, un sujet de taille pour le marché de l’énergie. Initialement attendu pour le premier trimestre 2024, le chargement du combustible dans la cuve du réacteur EPR de Flamanville est désormais repoussé à mi-avril au plus tôt, selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Les raisons du dernier report
L’ASN a révélé, mardi dernier, qu’elle finalisait l’évaluation de l’EPR de Flamanville. Elle a également exprimé son intention de lancer prochainement une consultation publique pour une autorisation de démarrage du réacteur.
Cette procédure obligatoire est incompressible et nécessite un minimum de deux semaines pour être menée à bien.
C’est d’ailleurs ce qu’a expliqué l’autorité de sûreté à l’AFP : « L’ASN va lancer dans les prochains jours la consultation sur le projet de décision de mise en service, c’est-à-dire qu’on va le soumettre aux commentaires du public pendant au moins 15 jours (…) voire 3 semaines, et à l’issue l’ASN prendra la décision de mise en service »
Cela entraine donc un retard supplémentaire pour le projet géré par EDF, qui avait prévu de débuter le chargement du combustible nucléaire avant la fin du mois de mars.
Ce processus de consultation, s’il paraît minime, révèle la rigueur des étapes de validation et la complexité des vérifications de conformité sur des équipements critiques comme la cuve du réacteur.
Un projet à retard répétitif
Ce nouveau retard semble toutefois dérisoire. En effet, le projet est sujet à des retards récurrents depuis son lancement. Prévu initialement pour 2012, le démarrage de l’EPR a été repoussé à l’été 2024, symbolisant un retard de 12 ans par rapport au calendrier prévisionnel, avec un budget qui a quadruplé, passant de 3,3 milliards d’euros à 13,2 milliards d’euros.
Les implications pour le secteur nucléaire
Ce nouveau retard, bien que relativement court, soulève des questions quant à la fiabilité des prévisions dans des projets d’une telle envergure et complexité. L’EPR de Flamanville est censé marquer une avancée significative dans le renouvellement du parc nucléaire français, avec un modèle qui promet d’allier performance et sécurité maximale. En parallèle, EDF a révisé ses ambitions à la hausse, visant la construction de deux réacteurs EPR2 par an en Europe dès la prochaine décennie, soulignant l’importance stratégique du nucléaire pour répondre aux défis climatiques et à la recherche d’indépendance énergétique.
La fusion récente de l’ASN et de l’IRSN, ainsi que les oppositions manifestées, notamment par des figures politiques et lors de manifestations publiques, illustrent les débats persistants autour du nucléaire en France. Ces éléments contextuels enrichissent la discussion sur l’avenir de l’énergie nucléaire dans le pays, entre enjeux de sûreté, impératifs climatiques et aspirations à l’indépendance énergétique.
Le projet de l’EPR de Flamanville, malgré ses retards et surcoûts, reste un jalon important pour l’industrie nucléaire française et européenne. Il incarne les défis associés à la réalisation de projets d’une telle complexité technique et réglementaire, mais aussi l’engagement vers une transition énergétique plus durable.