La crise énergétique a frappé de plein fouet les entreprises industrielles. Selon une étude de l’INSEE, une hausse spectaculaire de 116% des factures énergétiques des industries a été enregistrée entre 2021 et 2023. Cette augmentation vertigineuse, exclusivement due à la flambée des prix, a été un choc pour de nombreuses entreprises, malgré une baisse de 5% de la consommation et une production stable. Plongeons dans les détails pour comprendre les tenants et aboutissants de cette situation inédite.
Explosion des prix de l'énergie
Les chiffres sont sans équivoque : entre 2019 et 2022, le prix de l’électricité a grimpé de 38%, tandis que celui du gaz a doublé. Une tendance radicalement différente des années précédentes, où l’électricité augmentait en moyenne de 3% par an, et le gaz suivait une dynamique baissière. Cette augmentation a eu un impact disproportionné sur les entreprises les plus énergivores, souvent liées à des contrats indexés sur les prix du marché, augmentant ainsi davantage leurs coûts énergétiques.
Les entreprises énergivores particulièrement touchées
Les entreprises les plus énergivores ont été particulièrement touchées par cette hausse des prix. La baisse de la consommation a été nettement plus prononcée pour les entreprises les plus énergivores (-7%) que pour celles à faible consommation (-1%). Cette disparité s’explique, d’après les conclusions de l’Insee, par la nature des contrats d’énergie souscrits par ces entreprises. En effet, les premières optent majoritairement pour des contrats indexés sur les prix du marché, tandis que les secondes préfèrent des contrats liés au tarif réglementé, lesquels ont connu une augmentation moins significative.
Dans ce cadre, au sein des secteurs les plus énergivores, la production a enregistré une baisse significative au cours du second semestre 2022 par rapport à la même période en 2021. Cela s’observe notamment dans des industries telles que la sidérurgie (-16%), la fabrication de papier et de carton (-11%), ou encore la production de produits chimiques de base (-17%).
Des répercussions sur les entreprises industrielles
Face à cette crise, les entreprises ont dû ajuster leur stratégie. 52% ont augmenté leurs prix de vente, 45% ont comprimé leurs marges, et 30% ont puisé dans leur trésorerie. Les enquêtes de conjoncture à la fin de 2022 révélaient que 65% des entreprises industrielles avaient l’intention de répercuter une partie de la hausse de leur facture sur leurs prix de vente en 2023. Cependant, une proportion significative anticipait une diminution de leurs marges, soulignant les défis auxquels elles sont confrontées pour maintenir leur rentabilité.
Une lueur d’espoir émerge tout de même de cette crise énergétique. En dépit des défis, en 2022, 29% des entreprises industrielles de plus de 20 salariés ont investi pour réduire et optimiser leur consommation énergétique à moyen terme. Cela suggère une prise de conscience croissante de l’importance de l’efficacité énergétique dans un contexte de prix volatils.
L'intervention de l’Etat pour aider les entreprises face à la hausse des prix de l’énergie
Si depuis, les prix de l’électricité et du gaz ont baissé, le gouvernement, conscient des difficultés rencontrées par les entreprises, a mis en place des mesures de soutien. Pour les entreprises bloquées à des tarifs antérieurs, c’est-à-dire ayant renouvelé leur contrat avant la baisse des prix, des aides publiques seront prolongées en 2024. C’est notamment le cas de l’amortisseur électricité. Les modalités changent, avec une prise en charge à partir de 250 euros le MWh et une couverture de 75% sans plafond, offrant un répit financier aux entreprises affectées.