Le bouclier tarifaire sur l’énergie mis en place par l’État pour contrer la flambée des prix de l’électricité et du gaz a coûté 20,4 milliards d’euros nets, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Ce mécanisme, principalement actif en 2022 et 2023, visait à protéger les particuliers et les très petites entreprises abonnés au tarif réglementé contre les hausses vertigineuses des prix de l’énergie. Ces augmentations ont été déclenchées par la reprise économique post-Covid et la guerre en Ukraine.
Un coût net considérable mais indispensable
Le coût total brut du bouclier tarifaire a été de 26,3 milliards d’euros, avec 21,5 milliards alloués à l’électricité et 4,8 milliards au gaz. Cependant, les énergies renouvelables ont généré des revenus de 5,9 milliards d’euros pour l’État durant cette période, ce qui a réduit le coût net à 20,4 milliards d’euros. Ces dépenses se sont inscrites dans un cadre plus large de soutien, incluant également des dispositifs tels que le chèque énergie et les indemnités carburant, portant le total des aides à 36 milliards d’euros entre 2021 et 2024, selon la Cour des comptes.
Limitation de la hausse des prix et impacts pour les consommateurs
Le bouclier tarifaire a été initialement instauré en octobre 2021 pour limiter la hausse des prix de l’énergie à 4 % en 2022. En réponse à une situation de marché toujours tendue, le gouvernement a décidé en septembre 2022 de prolonger ce dispositif pour toute l’année 2023. Cette prolongation a plafonné les augmentations des prix du gaz à 15 % en janvier 2023 et de l’électricité à 15 % en février 2023. Sans ces mesures, les hausses auraient atteint des niveaux de 120 %, selon la Première ministre de l’époque, Élisabeth Borne. Concrètement, cela s’est traduit par une augmentation limitée de 25 euros par mois pour les ménages se chauffant au gaz, au lieu de 200 euros, et de 20 euros pour ceux utilisant l’électricité, contre 180 euros sans bouclier.
Vers un retour à la normale avec la fin progressive du bouclier tarifaire
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a souligné la nécessité de mettre fin au bouclier tarifaire pour garantir la capacité d’investissement dans de nouvelles capacités de production électrique et sortir du « quoi qu’il en coûte ». Le bouclier pour le gaz a pris fin en juin 2023, tandis que celui pour l’électricité sera maintenu jusqu’à début 2025.
Avec l’atténuation progressive des mesures exceptionnelles de protection des consommateurs et la diminution des prix de l’électricité sur les marchés de gros, les montants des charges de service public de l’énergie (CSPE) pour 2025 tendent à revenir aux niveaux d’avant-crise, proches des 8,4 milliards d’euros observés en 2020. Les charges prévues pour 2025, estimées à 9,5 milliards d’euros, sont réduites par la récupération du complément de prix ARENH en 2024 par EDF, conformément aux dispositions de la loi de finances pour 2024.
La réévaluation significative des charges pour 2024, atteignant 4,2 milliards d’euros, est due à deux dynamiques opposées :
- une diminution des charges associées aux boucliers tarifaires et aux amortisseurs (-3,4 milliards d’euros).
- une augmentation des charges liées au soutien aux énergies renouvelables en métropole continentale (+5,9 milliards d’euros).
Investissements dans les énergies renouvelables
Le financement des énergies renouvelables, tant électriques que gazières, devrait revenir à son niveau d’avant-crise d’ici 2025, avec des coûts estimés à environ 6 milliards d’euros. Ces financement concernent notamment des projets majeurs comme les parcs éoliens en mer de Fécamp et Saint-Brieuc.
En 2024 et 2025, les coûts liés aux énergies renouvelables électriques pour l’État devraient s’élever respectivement à 2,5 milliards d’euros et 4,3 milliards d’euros. La filière éolienne terrestre, qui est relativement peu onéreuse pour l’État, a contribué à hauteur de 3,4 milliards d’euros au budget en 2023 et continuera à générer une recette nette en 2024, estimée à 0,3 milliard d’euros. En 2025, elle ne devrait représenter que 5 % des charges prévues pour le soutien aux énergies renouvelables électriques en métropole, malgré la production de la moitié des volumes soutenus.
Les charges de service public de l’énergie encouragent également la décarbonation du gaz via le développement du biométhane, avec une hausse des volumes prévue de 28 % en 2024 et de 17 % en 2025. Le soutien à l’injection de biométhane est estimé à 1,1 milliard d’euros en 2024 et à 1,2 milliard d’euros en 2025.
Le bouclier tarifaire sur l’énergie a constitué un investissement massif de l’État pour protéger les consommateurs et les entreprises face à une crise énergétique sans précédent. Bien que coûteux, ce mécanisme a permis de limiter l’impact des hausses de prix et de maintenir une relative stabilité économique. À mesure que les marchés se stabilisent, l’État se prépare à un retour à des niveaux de soutien et de charges publics plus habituels, tout en continuant à investir dans les énergies renouvelables pour un avenir énergétique plus durable.