Alors que les échanges entre EDF et les industriels électro-intensifs s’accélèrent, les négociations sur les tarifs de l’électricité entrent dans une phase décisive. À l’approche de la fin de l’ARENH prévue pour fin 2025, les entreprises concernées réclament un cadre clair pour assurer leur compétitivité et planifier leurs investissements.
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Un contexte de tension croissante
La récente décision de l’État de mettre un terme anticipé au mandat de Luc Rémont, ancien PDG d’EDF, a mis en lumière les divergences profondes entre la stratégie de l’énergéticien public et les attentes de ses principaux clients industriels. Ces derniers, regroupés au sein de l’Uniden, redoublent de pression pour aboutir, d’ici la fin de l’été, à un tarif d’électricité compétitif et stable, capable de soutenir leur position sur les marchés internationaux.
« Fixons-nous une date, atterrissons avant l’été, je pense que ce n’est pas incommensurable, ce n’est pas inaccessible », a déclaré Nicolas de Warren, président de l’Uniden, sur BFM Business. Une manière de rappeler l’urgence de parvenir à un accord pour des secteurs clés tels que la chimie, la métallurgie ou encore les matériaux de construction, exposés à une concurrence internationale toujours plus féroce. Cette pression s’exerce notamment de la part de puissances industrielles comme la Chine et les États-Unis, dans un contexte de rivalités commerciales croissantes.
L’Uniden (Union des industries utilisatrices d’énergie) est une association professionnelle. Elle regroupe des entreprises « électro-intensives », dont l’activité repose sur une forte consommation d’électricité. Elle représente notamment les secteurs de la chimie, de la métallurgie, du papier, du verre ou encore des matériaux de construction.
L’après-ARENH : un équilibre à trouver
Depuis plus de dix ans, le dispositif ARENH permettait aux industriels d’accéder à une partie de la production nucléaire à un tarif régulé. Cette formule, bien qu’imparfaite, offrait un cadre prévisible. Sa disparition imminente laisse place à une incertitude que peu d’industriels peuvent se permettre. D’autant plus que les propositions tarifaires récentes d’EDF, alignées sur les prix de marché européens, sont jugées inabordables par une partie des entreprises industrielles françaises.
Le cœur du débat repose sur une équation délicate : il s’agit d’assurer aux industriels français des prix de l’électricité soutenables tout en permettant à EDF de financer le renouvellement de ses infrastructures, notamment le programme des EPR2. D’autant que les volumes nécessaires aux industriels électro-intensifs représentent moins de 5 % de la production française.
Un nouveau visage pour un nouveau dialogue ?
La nomination attendue de Bernard Fontana, ex-dirigeant de Framatome, à la tête d’EDF pourrait ouvrir une nouvelle phase de concertation. Issu de l’ingénierie et du secteur nucléaire, son profil technique rassure, tant du côté des élus que des industriels. Reste à savoir s’il saura impulser une dynamique plus constructive, fondée sur un véritable partenariat industriel et énergétique.
Du côté du gouvernement, le message est clair : l’État souhaite une feuille de route énergétique, capable de conjuguer souveraineté énergétique, maîtrise des coûts et ambition climatique. Les auditions parlementaires de M. Fontana seront donc scrutées de près, car elles dessineront les contours de la politique tarifaire de demain.
Une affaire d’intérêt national
Au-delà du seul sort des électro-intensifs, c’est la place de l’industrie dans la transition énergétique française qui se joue. La PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie), en phase de finalisation, devra intégrer ces enjeux structurels : arbitrages entre nucléaire et renouvelables, montée en puissance des contrats de long terme, et accompagnement des entreprises dans leur transformation bas carbone.