La France s’engage dans une nouvelle ère nucléaire, avec la volonté affichée du gouvernement de relancer l’énergie atomique. Cette orientation suscite des interrogations, notamment au sujet de l’impact sur les volumes de déchets radioactifs. L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a récemment publié un inventaire national, offrant des perspectives intéressantes sur cette question.
Une croissance maîtrisée des volumes de déchets
Selon l’Andra, la relance du nucléaire aura un impact relativement limité sur les volumes totaux de déchets radioactifs en France. Les stocks de déchets à « moyenne activité à vie longue », à « très faible activité » et à « faible activité à vie longue » devraient varier de manière limitée, oscillant entre 4 et 6 %.
En effet, tous les scénarios ont été envisagés par l’Andra :
- avec et sans la construction des six EPR préconisés par Emmanuel Macron,
- avec et sans le recyclage multiple du combustible,
- avec et sans le déploiement de réacteurs à neutrons rapides.
En réalité, l’impact de la relance du nucléaire se fera surtout ressentir sur les stocks des déchets à « haute activité », les plus fortement radioactifs et possédant une longévité atteignant plusieurs centaines de milliers d’années. Ces déchets représentent actuellement 0,2 % du volume total des déchets radioactifs en France.
Selon Sébastien Crombez, directeur de la sûreté, de l’environnement et de la stratégie de filières chez l’Andra, ces déchets pourraient connaître une croissance allant de 11 à 16% dans les années à venir. Cela dépendra des scénarios de relance envisagés. Une stratégie très offensive en matière de recyclage des combustibles usés pourrait accentuer cette tendance, créant ainsi de nouveaux défis pour la gestion des déchets.
Projet Cigéo : une réponse aux enjeux de stockage des déchets
Face à cette perspective, le projet Cigéo prend une importance cruciale. Validé par le Conseil d’État début décembre, ce projet de stockage de déchets radioactifs à Bure (Meuse) a été reconnu d’utilité publique.
Bien que cette décision ne permette pas encore la création du centre de stockage, elle constitue un « premier jalon » essentiel. Le projet pourrait accueillir au moins 83 000 mètres cubes de déchets les plus radioactifs d’ici à 2035-2040. Cela offrirait ainsi une solution structurée à cette problématique croissante.
Des défis et des opportunités pour les entreprises
Pour les entreprises, cette relance du nucléaire soulève des enjeux importants en matière de gestion énergétique et environnementale. La croissance prévue des déchets radioactifs à « haute activité » nécessitera des solutions innovantes et une collaboration accrue entre les acteurs du secteur. De plus, la validation de l’utilité publique du projet Cigéo offre des opportunités pour les entreprises spécialisées dans le domaine de la gestion et du stockage des déchets.