Le mois d’octobre a été marqué par une baisse des prix de l’énergie, avec un prix de l’électricité tombé à son plus bas niveau de l’année. Ce repli s’explique par une meilleure disponibilité nucléaire en France, des arrivages soutenus de GNL, une demande modérée grâce à des températures douces et des prix du CO2 restés plutôt stables. Côté gaz, la recomposition des approvisionnements européens et des stocks encore élevés ont aussi limité les tensions, même si l’environnement géopolitique peut rapidement raviver la volatilité.
À l’approche de l’hiver, le contexte peut changer : la baisse des températures relancera la demande, et toute alerte météo, contrainte de production ou tension d’approvisionnement pourrait inverser la tendance.
Pour les professionnels, c’est le bon moment pour sécuriser le budget énergie : renégociez dès maintenant vos contrats d’électricité et de gaz, profitez des niveaux actuels et verrouillez vos prix avant le pic saisonnier.
Que s’est-il passé sur le marché de l’énergie en octobre 2025 ?
Le mois a été marqué en France par un cap politique encore flou. L’absence de PPE3 continue de brouiller la visibilité des industriels, avec des objectifs revus à la baisse pour le solaire et l’hydrogène, et des projets qui temporisent faute de cadre clair. Dans le même temps, le Citepa, organisme indépendant chargé de mesurer les émissions françaises, rappelle l’ampleur du défi climatique : la baisse des émissions reste trop lente pour tenir la trajectoire 2030, notamment dans le bâtiment, les transports et l’agriculture. En réponse, l’exécutif a réaffirmé son ambition d’augmenter fortement les investissements bas carbone d’ici 2030, en misant sur une mobilisation majoritairement privée et un ciblage des soutiens publics vers les projets les moins rentables.
Côté électricité, EDF a relevé mi-octobre sa prévision de production nucléaire 2025, portée par de meilleures performances industrielles et la montée en puissance de Flamanville 3. Le groupe vise un niveau durablement plus élevé, sans retrouver encore la moyenne historique, mais le signal est favorable pour l’équilibre du système et les exportations. Sur le plan réglementaire, l’après-ARENH fait débat : à l’Assemblée, des élus veulent modifier le futur cadre, notamment le Versement Nucléaire Universel (VNU) — le mécanisme qui ferait reverser à EDF une partie de ses revenus aux consommateurs quand les prix montent trop — et cherchent à encadrer plus strictement la redistribution des revenus lorsque les prix s’envolent. D’autres proposent aussi de revoir le calcul des tarifs réglementés et de rétablir un taux de TVA réduit sur l’abonnement. À très court terme, la réforme des heures creuses, entrée en vigueur le 1ᵉʳ novembre, doit basculer une partie des plages à tarif réduit en journée pour coller à la production solaire, avec des impacts opérationnels à anticiper pour les PME comme pour les particuliers.
Au niveau européen, la décision d’organiser la sortie du gaz russe se précise, avec un calendrier d’extinction progressive et des mesures pour empêcher de contourner les règles. Les discussions se poursuivent sur le GNL russe. Dans ce contexte de recomposition des approvisionnements, des alternatives sont évoquées, comme le Turkménistan ; mais sans infrastructures, le potentiel reste pour l’heure surtout théorique. Sur les marchés, l’actualité géopolitique a ravivé la volatilité : de nouvelles sanctions visant des acteurs pétroliers russes ont entraîné un net sursaut des cours du brut et un mouvement de prudence sur les bourses.
Enfin, le nucléaire s’invite de nouveau au premier plan à l’international. Les annonces d’investissements, les projets en construction et la dynamique d’emplois confirment le retour du nucléaire dans les stratégies de décarbonation, sur fond de demande électrique en hausse (IA, data centers) et d’objectifs de souveraineté.
En résumé, octobre a mêlé signaux d’amélioration opérationnelle (nucléaire français), durcissement géopolitique (sanctions, diversification gazière) et chantier réglementaire dense (post-ARENH, heures creuses), le tout sur fond d’urgence climatique et d’exigence d’investissements massifs pour accélérer la transition.
Le marché du gaz naturel en octobre 2025
En octobre, les stocks européens sont restés élevés et la météo a été plutôt douce. Cela a limité la volatilité sur les prix du gaz en France. Il y a bien eu quelques pics liés à la baisse des flux venus de Norvège, mais l’équilibre entre l’offre et la demande est resté globalement correct.
Sur le volet international, l’Asie n’a pas exercé de pression excessive sur les cargaisons de GNL : l’indice JKM est resté en dessous des prix européens. Résultat, l’Europe a pu attirer suffisamment de cargaisons, ce qui a aidé à stabiliser les prix à court terme.
Le principal risque à court terme, c’est l’arrivée du froid. Elle ferait grimper la demande, alors que les arrivées de GNL pourraient ne pas suivre au même rythme. Dans ce contexte, la vigilance sur les prévisions météo et le suivi des livraisons de GNL restent essentiel.
À moyen terme, la ligne politique européenne — réduire progressivement les importations d’énergie russes d’ici 2028 — va continuer à peser sur les flux et sur la structure des prix. En parallèle, la réorientation d’une partie des volumes vers l’Asie et l’évolution des productions locales (notamment en Norvège et en Chine) resteront des variables clés pour la formation des prix à terme.
En octobre, les prix à terme de l’électricité ont reculé, atteignant leur plus bas niveau de l’année 2025.
Toutefois, en début de mois, les prix à terme ont augmenté dans le sillage du gaz et du CO2. Le CO2 a brièvement atteint 80,11 €/t, son plus haut niveau depuis février, porté par l’idée d’un resserrement des quotas l’an prochain.
La suite du mois a été plus calme grâce à une météo douce. Le marché a aussi été aidé par une activité industrielle faible et une production éolienne solide, ce qui a réduit la demande de quotas. La hausse de fin septembre, liée aux achats de quotas CO2 pour la conformité 2024, étant passée, la pression sur les prix s’est relâchée.
Le gaz (CAL26) a légèrement baissé et, même si la dynamique gaz/CO2 soutenait encore les prix à terme, la très bonne disponibilité du nucléaire en France — autour de 51 GW — a joué un rôle de frein.
En fin de mois, les prix à terme de l’électricité se sont de nouveau détendus, cette fois en s’écartant de la tendance du gaz. En France, le projet VNU a été rejeté en commission des Finances ; s’il l’était aussi en séance, il pourrait être abandonné avant même d’entrer en vigueur. EDF est sous pression pour mettre en place des contrats de type CFD après l’ARENH.
