La France, à l’instar de l’ensemble de l’Union européenne, est confrontée à un impératif crucial pour transformer son paysage énergétique : le développement massif de l’éolien en mer. Avec un objectif ambitieux de 45 GW d’ici 2050, annoncé récemment par Bruno Le Maire, la France doit non seulement faire face aux défis techniques, mais également économiques et géopolitiques.
L'accélération du calendrier
L’annonce du gouvernement de simplifier les procédures administratives et d’accélérer le déploiement des parcs éoliens en mer est une réponse directe à la crainte du secteur de l’éolien de voir ses efforts se diluer dans des lenteurs administratives. Des engagements clairs ont été pris, avec notamment un appel d’offres massif de 10 GW prévu d’ici octobre 2026. Cette démarche vise à soutenir une filière qui craint un « trou d’air » dans les projets, menaçant la survie des acteurs industriels.
Stratégie française et objectifs européens
Dans le cadre de la stratégie nationale énergie-climat, la France s’est engagée à atteindre 4 GW en 2030, puis 18 GW en 2035. Ces objectifs s’inscrivent dans une dynamique européenne plus large, avec l’ambition de porter la capacité éolienne offshore en mer du Nord à 120 GW en 2030, puis 300 GW en 2050. Les voisins de la mer Baltique s’engagent également sur des objectifs similaires, avec 20 GW d’ici 2030 et 93 GW d’ici 2050. Ces objectifs témoignent d’une volonté collective d’accroître la part de l’énergie renouvelable dans le mix énergétique.
Renforcement de l'industrie européenne
Outre l’accélération des procédures, le gouvernement souhaite également renforcer l’industrie européenne, notamment en durcissant les critères carbone pour l’éligibilité aux appels d’offres pour les parcs post-2030. Le règlement « Net-Zero Industry Act » adopté en février dernier vise à renforcer la résilience de l’industrie européenne en limitant la part des projets réalisés en dehors de l’Union européenne. Le gouvernement souhaite ainsi que les projets de technologies propres en UE contiennent 50 % de contenu européen d’ici à 2030.
Le défi de la concurrence
La concurrence internationale, en particulier chinoise, reste un défi majeur. Pour protéger l’industrie européenne, un « paquet éolien » a été mis en place afin de privilégier les offres européennes. Le but est de privilégier les critères hors prix dans les appels d’offres, c’est-à-dire préférer les offres européennes plus chères, car ces dernières sont plus vertueuses d’un point de vue social et écologique notamment.
Par ailleurs, dans un contexte de tensions commerciales avec la Chine, l’UE a lancé de nouvelles enquêtes visant à déterminer s’il existe des pratiques déloyales chinoises sur certains appels d’offres éoliens en Europe.
L’éolien en mer représente une opportunité stratégique pour la France, tant sur le plan énergétique qu’industriel. Le gouvernement affiche une volonté claire d’accélérer les projets tout en soutenant l’industrie européenne. Cependant, le défi réside dans la capacité à mettre en œuvre ces ambitions dans des délais réalistes, tout en préservant la compétitivité des acteurs nationaux et européens sur le marché mondial de l’énergie.