En 2024, la demande mondiale de charbon a atteint un sommet historique, selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Avec 8,77 milliards de tonnes consommées, cette année est marquée par une contradiction flagrante : alors que les efforts mondiaux pour ralentir le réchauffement climatique s’intensifient, la consommation de l’une des énergies fossiles les plus polluantes continue de croître.
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Une demande toujours soutenue par l’Asie
L’Asie joue un rôle central dans ce record mondial. Un tiers du charbon utilisé à l’échelle mondiale alimente les centrales électriques en Chine, faisant du pays le premier consommateur mondial. La demande croissante de pays comme l’Inde, l’Indonésie et le Vietnam renforce cette tendance. Ces économies émergentes, portées par une forte croissance économique et démographique, s’appuient sur le charbon pour répondre à leurs besoins énergétiques croissants.
En revanche, dans les économies avancées, le pic de la demande semble avoir été atteint. La consommation de charbon y diminue progressivement, portée par des politiques énergétiques ambitieuses et une transition vers des sources d’énergie plus propres. Les pays européens, par exemple, misent sur l’énergie renouvelable et le gaz naturel pour réduire leur dépendance au charbon.
L’impact du développement des énergies renouvelables
Malgré cette demande record, une lueur d’espoir émerge : le déploiement massif des énergies renouvelables freine la croissance de l’utilisation du charbon. En Chine, l’expansion des capacités éoliennes et photovoltaïques, ainsi que la construction de centrales nucléaires, contribue à ralentir la progression de la consommation de charbon. Selon l’AIE, ces efforts pourraient stabiliser la demande mondiale de charbon d’ici 2027.
Cependant, les énergies renouvelables ne suffisent pas à inverser la tendance actuelle. La demande mondiale d’électricité augmente fortement, en partie due à l’électrification des transports et des systèmes de chauffage, ainsi qu’à l’essor de secteurs gourmands en énergie, comme les centres de données. Cette augmentation alimente indirectement la consommation de charbon, qui reste une source énergétique majeure pour produire de l’électricité.
Une année record sur tous les fronts
L’année 2024 marque également un autre record dramatique : celui des températures mondiales. Le seuil symbolique de 1,5 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle a été franchi, soulignant l’urgence d’agir contre le changement climatique. La consommation accrue de charbon, principal responsable des émissions de dioxyde de carbone, aggrave cette situation.
Les prix du charbon, supérieurs de 50 % à la moyenne observée entre 2017 et 2019, reflètent également l’intensité de la demande. Par ailleurs, le commerce mondial de charbon atteint un volume inédit, avec 1,55 milliard de tonnes échangées en 2024.
Des perspectives incertaines pour l’avenir
Malgré les efforts mondiaux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’avenir de la demande de charbon reste incertain. Selon l’AIE, les facteurs météorologiques, notamment en Chine, pourraient jouer un rôle déterminant dans les tendances à court terme. Les hivers rigoureux ou les vagues de chaleur prolongées pourraient augmenter la consommation de charbon pour répondre à la demande accrue d’énergie.
D’autre part, la mise en œuvre de politiques énergétiques ambitieuses et la disponibilité accrue de sources d’énergie alternatives pourraient accélérer le déclin de cette ressource fossile dans certaines régions du monde.
L’année 2024 restera dans l’histoire comme celle d’une double urgence : un record de consommation de charbon et un franchissement critique dans le réchauffement climatique. Si l’essor des énergies renouvelables apporte une lueur d’espoir, il est évident que des actions plus ambitieuses et immédiates sont nécessaires pour limiter les impacts de cette tendance. Les professionnels et les décideurs, notamment dans le secteur de l’énergie, ont un rôle crucial à jouer pour amorcer un changement significatif.