Depuis plusieurs années, la question du coût de l’énergie en Europe est au centre des débats, notamment en raison de son impact sur la compétitivité des entreprises. Dans ce contexte, la Commission européenne a présenté son « plan d’action pour l’énergie abordable », dans le cadre de son Clean Industrial Deal, une initiative qui vise à décarboner l’industrie tout en assurant un environnement économique plus stable et prévisible pour les entreprises. Ce plan ambitieux inclut un volet spécifique dédié à la réduction des coûts énergétiques, un enjeu crucial pour l’ensemble du marché européen.
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Un marché commun de l'énergie pour réduire les coûts
L’un des principaux axes de ce plan repose sur l’amélioration de l’intégration du marché énergétique européen. Actuellement, les prix de l’électricité restent fortement dépendants des cours du gaz, qui demeure une source d’énergie de référence en raison de son rôle d’appoint dans la production électrique. Cette situation engendre des tarifs bien plus élevés en Europe que dans d’autres régions, comme les États-Unis, où les coûts énergétiques sont jusqu’à cinq fois inférieurs.
Pour pallier cette situation, Bruxelles souhaite favoriser la concurrence entre les fournisseurs d’énergie et encourager les contrats de long terme, permettant une meilleure dissociation entre les prix de l’électricité et ceux du gaz. La Commission prévoit également de renforcer les interconnexions énergétiques entre les États membres afin de fluidifier les échanges et réduire les coûts d’approvisionnement. Une meilleure coordination devrait permettre une baisse de 40 à 43 milliards d’euros par an d’ici 2030.
Une fiscalité allégée pour stimuler la compétitivité
Outre la structure du marché, Bruxelles plaide pour une diminution de la fiscalité sur l’électricité. Actuellement, les taxes pèsent lourdement sur les factures des entreprises et des ménages. La Commission souhaite inciter les États membres à réduire ces prélèvements au taux minimum prévu par la directive sur la taxation de l’énergie, soit 0,50 €/MWh pour les entreprises. Cette mesure pourrait permettre de diviser par deux l’impact fiscal sur les coûts énergétiques.
Investir dans les infrastructures et les énergies renouvelables
Une autre priorité de l’UE concerne l’accélération du déploiement des énergies renouvelables. L’objectif est double : réduire la dépendance aux énergies fossiles et favoriser une production énergétique plus prévisible et stable. À cette fin, Bruxelles souhaite simplifier et accélérer les procédures d’obtention des permis pour les projets éoliens et solaires, tout en encourageant des investissements massifs dans les infrastructures de transport et de stockage d’énergie.
Le plan prévoit également des mesures incitatives pour le développement de solutions innovantes, comme le stockage énergétique et les réseaux intelligents. Un « paquet européen réseaux » de 1,5 milliard d’euros sera mis en place pour soutenir ces investissements, avec la possibilité de renforcement réglementaire en cas de besoin.
La nécessaire adaptation de l'industrie européenne
Si le Clean Industrial Deal est une avancée majeure, il soulève aussi des inquiétudes, notamment en France. Marc Ferracci, ministre de l’Industrie, a averti que sans mesures plus ambitieuses, les objectifs climatiques de l’UE risquaient d’être difficilement atteignables. Selon lui, l’industrie européenne souffre d’un sous-investissement chronique et d’un ralentissement de la demande. Pour éviter une crise industrielle, il plaide pour un « choc de confiance » et des mesures de soutien plus fortes.
Par ailleurs, l’Europe doit faire face à une concurrence féroce des États-Unis et de la Chine. Les récents projets de droits de douane américains sur l’acier européen inquiètent les industriels. En réponse, Bruxelles envisage un renforcement du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) pour protéger les entreprises européennes.
Un plan ambitieux, mais encore perfectible
La Commission européenne entend résoudre une équation complexe : réduire les coûts énergétiques tout en maintenant des ambitions climatiques élevées. Si ce plan est accueilli positivement par de nombreux acteurs économiques, il suscite également des interrogations quant à sa mise en œuvre et à son impact réel sur la compétitivité européenne.