La Chine dépasse ses objectifs renouvelables

La Chine dépasse ses objectifs renouvelables

La Chine franchit une étape majeure dans sa transition énergétique. Pour la première fois, ses capacités solaires et éoliennes dépassent celles des sources thermiques. Ces dernières restent encore largement alimentées par le charbon. Elle marque un progrès important dans les engagements climatiques de la Chine.

D’après les données publiées par les autorités chinoises, la Chine a installé 74,3 millions de kilowatts de nouvelles capacités solaires et éoliennes au premier trimestre 2025. Sa puissance renouvelable atteint désormais 1,482 milliard de kilowatts. C’est plus que les 1,451 milliard de kilowatts issus des sources thermiques, en grande partie alimentées par le charbon.

Ce dépassement s’inscrit dans un effort massif. La Chine construit presque deux fois plus de capacités solaires et éoliennes que le reste du monde réuni. En 2024, elle avait déjà battu un record en installant 357 gigawatts supplémentaires. C’est dix fois plus que les États-Unis.

Objectif 2030 atteint avec six ans d’avance

Cette croissance rapide a permis à la Chine d’atteindre dès 2024 l’objectif de 1 200 gigawatts de capacité renouvelable installée, pourtant fixé à l’origine pour 2030. Cette avance de six ans témoigne d’une accélération remarquable dans le développement des énergies propres. Elle s’inscrit pleinement dans la trajectoire définie par les autorités chinoises, qui visent un pic des émissions de CO2 d’ici 2030, avant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2060.

Le président chinois Xi Jinping a récemment rappelé que les efforts du pays pour lutter contre le changement climatique « ne ralentiront pas », quelle que soit l’évolution de la situation internationale. Cette déclaration vient renforcer la détermination affichée par Pékin à tenir ses engagements environnementaux, même dans un contexte mondial incertain.

La Chine prévoit de réviser ses engagements climatiques à l’occasion de la COP30, attendue en novembre. Cette nouvelle stratégie pourrait inclure l’ensemble des gaz à effet de serre, au-delà du seul dioxyde de carbone.

Une dépendance persistante au charbon

Malgré ces progrès, le charbon conserve une place stratégique dans le mix énergétique chinois. Environ 60 % de la consommation énergétique du pays provient encore de cette ressource. En 2024, les émissions de CO2 ont légèrement augmenté. Cette même année, la Chine a lancé la construction de 94,5 gigawatts de nouvelles centrales à charbon. Cela représente 93 % du total mondial.

Le paradoxe d'une transition en deux vitesses

Cette situation illustre les tensions internes à la transition énergétique chinoise. D’un côté, une croissance record des renouvelables. De l’autre, un maintien affirmé du charbon. L’intermittence des sources renouvelables, combinée aux besoins élevés de l’industrie lourde, complique la substitution immédiate du charbon. Entre 2020 et 2024, la production de charbon est passée de 3,9 à 4,8 milliards de tonnes.

Vers un tournant structurel ?

Bien que le charbon reste dominant dans le système énergétique chinois, certains signaux indiquent une évolution en cours. D’après les autorités, les capacités renouvelables installées début 2025 ont largement dépassé la hausse de la demande en électricité. Toutefois, des experts comme David Fishman, du groupe Lantau, rappellent que l’intermittence des énergies comme le solaire et l’éolien rend leur déploiement plus complexe dans un pays où l’industrie lourde consomme massivement. Selon lui, assurer une transition stable nécessitera de répondre à ces contraintes techniques.