L’EPR de Flamanville, projet phare du renouveau nucléaire français, fait de nouveau face à un report. Annoncé initialement pour la fin de l’été 2024, le lancement de la production électrique est désormais prévu pour la fin de l’automne. Ce report intervient alors qu’EDF vient de recevoir le feu vert crucial de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour débuter les opérations de divergence du réacteur, une étape clé pour la mise en service de cette installation de troisième génération.
Une nouvelle étape franchie, mais des retards persistants
Le lundi 2 septembre, EDF a obtenu l’autorisation de l’ASN pour lancer les opérations de divergence du réacteur EPR de Flamanville. Cette opération délicate, qui a débuté à 21 heures le jour même, consiste à enclencher la première réaction nucléaire en chaîne, une phase indispensable pour le démarrage du réacteur. La réalisation de la divergence devrait prendre plusieurs dizaines d’heures et permettra d’amener le réacteur à 0,2 % de sa puissance nominale.
Malgré ce jalon important, la production d’électricité, initialement prévue pour la fin de l’été, soit avant le 21 septembre, a été repoussée à la fin de l’automne. Ce retard s’explique par des aléas techniques survenus durant l’été, qui ont retardé la soumission du dossier de divergence à l’ASN. En conséquence, EDF n’a pu commencer les essais nécessaires qu’à partir du 2 septembre, repoussant de facto l’ensemble du calendrier.
Un programme d’essais rigoureux avant le couplage au réseau
L’étape suivante après la divergence sera de continuer la montée en puissance du réacteur, un processus qui se fera par paliers successifs. Le réacteur devra atteindre 25 % de sa puissance avant d’être couplé pour la première fois au réseau électrique national. Ce couplage, qui marquera le début de la production d’électricité, est désormais attendu pour la fin de l’automne 2024.
Les essais se poursuivront alors durant plusieurs mois pour atteindre progressivement la pleine puissance, un objectif qui ne sera probablement atteint qu’en 2025. Ces étapes sont cruciales pour garantir la sûreté et la fiabilité du réacteur, mais elles prolongent également l’attente pour un projet qui a déjà accumulé 12 ans de retard sur son calendrier initial.
EDF augmente l’estimation de production nucléaire pour 2024
EDF a communiqué ce lundi une révision à la hausse de la production nucléaire en France pour l’année 2024, désormais estimée entre 340 et 360 TWh, contre une estimation initiale comprise entre 315 et 345 TWh. Cette augmentation ne prend pas en compte l’apport de l’EPR de Flamanville.
Lors d’une conférence de presse, Régis Clément, directeur adjoint de la division production nucléaire du groupe, a précisé que les 56 autres réacteurs du parc surpassent les attentes, ce qui signifie que l’apport de l’EPR de Flamanville viendra s’ajouter à cette production, une fois sa mise en service effective.
Le chantier de l’EPR de Flamanville continue de symboliser à la fois les défis et les espoirs de la filière nucléaire française. Alors que le président Emmanuel Macron a relancé la construction de nouveaux réacteurs EPR2, le succès de Flamanville sera déterminant pour l’avenir de cette stratégie énergétique. Pour l’heure, le report de la production électrique à la fin de l’automne 2024 est un rappel des complexités inhérentes à la mise en service d’une telle infrastructure.
Il faudra donc patienter encore quelques mois pour voir l’EPR de Flamanville commencer à contribuer à la production électrique nationale.