Prix de l'électricité pour les professionnels en décembre 2024
Tout ce qu’il faut savoir sur les prix de l’électricité afin de prendre des décisions éclairées pour son entreprise.
Pour une entreprise, l’impact du coût énergétique sur la rentabilité peut s’avérer un enjeu crucial. Afin de minimiser cet impact et d’optimiser la consommation énergétique, il est primordial de bien comprendre l’évolution du prix de l’électricité.
Tendances des prix de l'électricité en 2024
En 2024, le marché de l’électricité en France semble revenir à la normale, après une période de crise énergétique ayant touché aussi bien les ménages que les entreprises.
De nombreux facteurs continuent d’influencer l’évolution des prix de l’électricité. Tout d’abord, le contexte géopolitique continue de provoquer des inquiétudes sur le marché énergétique. En effet, les attaques russes se poursuivent en Ukraine, et les tensions entre l’Iran et Israël se sont accélérées ces dernières semaines. Malgré ces conflits géopolitiques , les prix de l’électricité poursuivent leur tendance baissière depuis la fin de l’année 2023. Cela s’explique notamment par :
- le maintien des efforts de sobriété énergétique
- les niveaux de stockage de gaz élevés
- le retour de plusieurs réacteurs nucléaire sur le réseau
- les bons niveaux de réserves d’eau dans les barrages
Pourtant, les tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité ont été augmentés en février 2024. Cela est dû à la hausse de la principale taxe sur l’électricité, la taxe d’accise (anciennement TICFE ou CSPE). Le prix du kWh HT au tarif Bleu d’EDF pour les professionnels s’élève donc à 0.1907 € en option Base, 0.1984 € en Heures Pleines et 0.1607 € en Heures Creuses.
De manière générale, les prix de l’électricité poursuivent l’évolution des prix des autres combustibles et des émissions de CO2. Ils restent également très influencés par les températures, les prévisions liées à la production d’énergie renouvelable, et la disponibilité du parc nucléaire français.
Le 1er mai, pendant les heures d’ensoleillement, des prix négatifs ont même été enregistrés sur le marché spot de l’électricité. Ceci s’explique par la combinaison de la faible demande due à la fête du travail, des températures élevées, et d’une production d’énergie renouvelable importante.
Ces dernières semaines ont été marquées par des avancées significatives dans les réformes et réglementations du marché de l’électricité. Le Parlement européen a approuvé une réforme qui vise à stabiliser et à renforcer la durabilité du marché électrique européen, en mettant particulièrement l’accent sur un soutien accru aux énergies renouvelables.
Enfin, selon le bilan semestriel de RTE (Réseau de Transport d’Électricité), la France à produit 272 TWh d’électricité au premier semestre 2024. Il s’agit du niveau de production le plus élevé depuis 2019. Cette croissance remarquable est en grande partie due à une production hydraulique particulièrement élevée. Les installations hydroélectriques ont produit 41 TWh au cours de cette période, ce qui représente une augmentation de 37 % par rapport à l’année 2023 et de 13 % par rapport à la moyenne observée entre 2000 et 2020.
Les prévisions pour l’année 2024 sont donc plutôt optimistes quant à l’évolution des prix de l’électricité.
Évolutions des prix de l'électricité pour 2025, 2026 et 2027
Les prix de l’électricité sur le marché de gros permettent d’obtenir une tendance de l’évolution des prix de l’électricité pour les professionnels.
Les courbes ci-dessus représentent l’évolution du prix d’achat de l’électricité sur le marché de gros depuis le 1er janvier 2024 jusqu’à aujourd’hui. Les courbes rouge, orange et bleue, correspondent à l’année de fourniture de l’électricité, respectivement 2025, 2026 et 2027.
En tant que responsable d’une entreprise dont vous gérez le contrat d’électricité, il peut être intéressant de consulter l’évolution des prix sur le marché de gros pour s’informer des hausses ou des baisses. Les prix proposés par les fournisseurs suivant généralement les mêmes tendances.
Pourquoi le prix de l’électricité varie ? Les 8 facteurs principaux
Avant de revendre l’énergie aux consommateurs, les fournisseurs d’énergie doivent l’acheter aux producteurs. Cet achat est soumis à de nombreuses variables pilotant le prix de l’électricité. Voici quels sont ces facteurs.
La météo
Tout marché libéral est soumis à la loi de l’offre et de la demande et l’énergie n’échappe pas à cette règle. L’hiver, les consommations en électricité et en gaz sont plus importantes. La demande étant forte, les prix augmentent. A contrario, l’été peut faire présager des besoins moins fondamentaux, cependant, ce facteur n’est plus, aujourd’hui, le plus influent dans les variations de prix.
Le contexte géopolitique
La guerre, les tensions entre pays et même les grèves des salariés sur des unités de production dans d’autres pays peuvent influer directement sur le cours d’une énergie. En Norvège, une grève de salariés du secteur pétrolier a eu pour conséquence une hausse du cours du baril en raison de la plongée de la production. La guerre en Ukraine a eu les mêmes conséquences sur les prix du gaz naturel en Europe, l’Allemagne, très dépendante du gaz Russe, ayant été très fortement impactée. Les tensions régulières au Moyen-Orient impactent ainsi profondément les cours pétroliers.
L’Arenh
Afin de permettre aux fournisseurs alternatifs de concurrencer EDF lors de l’ouverture du marché de l’électricité, un certain mécanisme d’accès à l’électricité nucléaire a été mis en place appelé mécanisme Arenh, l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique. Dans les faits, le législateur permet par ce mécanisme (introduit par la loi NOME du 7 décembre 2010) aux fournisseurs d’énergie dits alternatifs de racheter une partie de la production des centrales nucléaires françaises gérées par EDF. En effet, il a été jugé qu’EDF étant gestionnaire d’un parc nucléaire “amorti“ partait avec un avantage conséquent sur ses concurrents lors de la libéralisation du marché de l’énergie. Il a donc été décidé de partager la rente nucléaire entre EDF et les nouveaux fournisseurs d’électricité. Ce partage s’effectue sur un volume de 100 TWh par an, ce qui représente environ un quart de la production totale des 56 centrales nucléaires françaises, à un tarif ARENH fixé par le gouvernement. Ce tarif est aujourd’hui fixé à 42 € du MWh et permet ainsi de limiter l’exposition, d’une partie de l’électricité vendue, au marché de gros et à la volatilité des prix.
La disponibilité des moyens de production
Entre la maintenance obligatoire des infrastructures, les retards de livraison des moyens de production ou les pannes éventuelles, de nombreux facteurs peuvent influer sur la quantité d’énergie fournie en fonction des besoins des consommateurs. Là encore, ces incidents impactent la loi de l’offre et de la demande. Le cas de la crise sanitaire est particulièrement éloquent, provoquant des retards dans la maintenance des centrales nucléaires qui subissent également des défauts de corrosion et de fissures sur les circuits de refroidissement, ayant induit cet hiver 2021 des arrêts non programmés, aboutissant à une chute de la disponibilité énergétique…
Les coûts de production liés à la transition énergétique
En investissant dans de nouvelles infrastructures de production d’énergies renouvelables, les producteurs ont généré des coûts de production élevés, qui se répercutent immanquablement sur la facture des clients en bout de chaîne.
Le marché de gros
Il désigne le lieu de négociation de l’électricité, achat/vente, avant sa livraison aux consommateurs. On peut y trouver deux types de produits :
Les prix spot à échéance journalière ou infrajournalière. Ces prix sont dits de court terme et sont particulièrement volatils.
Les prix à terme, soit dans les jours/mois/trimestres voire années à venir. Ces prix ayant un horizon plus lointain et une meilleure anticipation, ils sont moins volatils et plus sécurisants. C’est pourquoi, l’anticipation est un facteur déterminant dans la négociation des prix.
La disponibilité et les importations
Tous les pays ne disposent pas de disponibilité d’électricité nécessaire pour satisfaire leur consommation intégrale. Il faut donc l’importer. En fonction des capacités disponibles, des moyens de production et des commandes passées par d’autres pays, les prix peuvent varier.
Les taxes et les contributions
Bien entendu, la variété des taxes et autres contributions joue un rôle prépondérant dans le prix final de l’électricité. La France est particulièrement bien lotie dans ce domaine, ajoutant au prix d’achat et à la marge des fournisseurs d’énergie, une TVA, la CTA (Contribution Tarifaire d’Acheminement), la Contribution au Service Public de l’Électricité (CSPE) ainsi que les taxes régionales et départementales comme la Taxe sur la Consommation Finale d’Électricité (TCFE). En outre, le mécanisme de capacité et les Certificats d’économie d’énergie (CEE) pèsent également sur la facture finale du client.
L’effet de substitution
Bien qu’il existe de nombreuses sources d’énergie, si l’une d’entre elles vient à manquer, elle est remplacée par une autre. Cette dernière voit donc son volume d’échange augmenter et son prix suivre la même courbe. L’interdépendance entre les énergies joue un rôle important dans l’évolution des prix de l’électricité.
La conjoncture économique du pays
Ce n’est un secret pour personne, un pays développé économiquement est un plus gros consommateur d’énergie. Si ses capacités de production internes ne sont pas suffisantes, il se fournira alors sur les marchés internationaux. S’il peut jouer sur la quantité achetée pour faire baisser les prix, le volume des demandes est tributaire des politiques économiques des pays vendeurs et des capacités de production disponibles.
Le prix de l'électricité dépend-il de celui du gaz ?
Le cours de l’électricité est intimement lié aux cours des autres énergies, au premier rang desquelles on trouve le gaz naturel. Pourtant, l’électricité en France provient principalement des centrales nucléaires ou de l’hydroélectrique, soit, aucun lien direct avec le gaz. On ne trouve un lien direct électricité/gaz naturel que pour les centrales électriques au gaz naturel mais elle ne représente qu’un petit pourcentage de notre production (7 % en 2020).
Le lien entre le gaz et l’électricité est tissé par la politique européenne du marché unique de l’énergie. Sur le marché de gros, le prix de l’électricité s’ajuste toujours sur le prix du dernier kilowattheure produit. On fait d’abord produire les éoliennes et les barrages, puis le nucléaire et en dernier recours les centrales au gaz. C’est comme cela que le prix du gaz devient la référence des marchés de gros en Europe. C’est d’ailleurs un sujet de controverse à l’heure actuelle en France.
L’idée de séparer les prix de l’électricité de ceux du gaz a reçu un soutien croissant au sein de l’Union européenne. Cette réforme, conçue comme une solution fondamentale à la crise énergétique actuelle, propose un nouveau système de tarification qui reflète mieux les coûts réels de production d’électricité tout en favorisant l’utilisation d’énergies renouvelables. Cet effort vise non seulement à rendre les prix plus stables pour les consommateurs et les entreprises, mais également à faciliter la transition vers un modèle économique respectueux de l’environnement.
Suite à d’intenses débats, les ministres de l’Énergie des pays membres de l’UE ont atteint un consensus. L’accord en question cherche à transformer le marché électrique européen pour le rendre moins tributaire des combustibles fossiles et stimuler les investissements dans les sources d’énergie à faible émission de carbone, y compris le nucléaire.
Fin 2023, le Conseil de l’UE et le Parlement européen ont trouvé un terrain d’entente sur une proposition qui met en avant la nécessité de créer des contrats d’achat d’électricité à long terme à des prix fixés à l’avance. Ce mécanisme est envisagé comme un levier essentiel pour promouvoir un marché énergétique durable et inciter à investir dans les énergies propres.
La réforme propose l’instauration de contrats pour différence (CFD), garantissant ainsi un prix constant tant pour les producteurs d’électricité que pour les consommateurs. Selon ce système, la différence entre le prix du marché et le prix fixé par le CFD entraîne soit un soutien financier de l’État au producteur si le prix du marché est inférieur au CFD, soit un paiement du producteur à l’État si le prix du marché est supérieur.
Le prix de l’électricité est-il plus élevé en France qu’ailleurs en Europe ?
Historiquement, le marché français de l’électricité était dominés par des tarifs fixés par l’État, avec EDF jouant le rôle de fournisseur principal. Ces tarifs réglementés de l’électricité (TRV), déterminés par les autorités, ont souvent été au cœur de débats politiques et économiques. Depuis plusieurs années, le marché s’est diversifié avec l’arrivée de nouveaux fournisseurs d’énergie, contribuant à une ouverture concurrentielle. Malgré cette évolution, les prix de l’électricité ont conservé une certaine stabilité, marquée néanmoins par une tendance à l’augmentation attribuable à la transition énergétique et aux investissements dans les énergies vertes.
En Europe, les tarifs de l’électricité varient significativement d’un pays à l’autre, reflétant divers modèles énergétiques et politiques nationales.
Dans les pays nordiques (Norvège, Finlande, Suède), les prix de l’électricité sont les plus avantageux du continent. Ceci s’explique par leurs investissements considérables dans les énergies vertes, notamment l’hydroélectricité. Même chose pour l’Autriche, qui affiche des prix de l’électricité comparables à ceux des pays nordiques.
Les pays d’Europe de l’Est (Pologne, République Tchèque, Hongrie), s’appuient principalement sur le charbon et proposent des tarifs inférieurs à la moyenne de l’UE. Toutefois, la pression pour une transition vers des énergies plus propres pourrait changer cette dynamique.
Du côté de l’Espagne et du Portugal, les prix de l’électricité sont modérément élevés, influencés par leur ancienne dépendance aux énergies fossiles et les charges liées à leur transition énergétique.
Les pays méditerranéens (Italie et Grèce), fortement dépendants des importations énergétiques, subissent des tarifs élevés, du fait de coûts de production importants, de la fiscalité et d’un besoin de modernisation de leur infrastructure énergétique.
Avec des marchés énergétiques pleinement ouverts, le Royaume-Uni et les Pays-Bas rencontrent des prix élevés, dus à des coûts de production substantiels, des investissements dans le nucléaire et les renouvelables, ainsi qu’à une fiscalité environnementale conséquente.
L’Allemagne te la Belgique, engagées dans des transitions énergétiques ambitieuses, font face à des prix supérieurs, partiellement en raison de leurs investissements dans les énergies vertes et des taxes environnementales.
En conclusion, la France occupe une place intermédiaire sur l’échiquier européen des tarifs électriques professionnels. Son passé de tarifs régulés et sa dépendance marquée au nucléaire influencent ses coûts actuels. Avec la transition énergétique en cours et la modernisation nécessaire de son parc nucléaire, une augmentation progressive des prix est susceptible d’arriver.
La stabilité des prix de l’électricité repose sur la capacité du marché à trouver un équilibre entre l’offre et la demande, ainsi qu’à anticiper les différentes variations. Toutefois, l’offre et la demande d’électricité peuvent aussi être affectées par des événements imprévisibles comme les conflits géopolitiques, les crises sanitaires ou les phénomènes climatiques, entrainant l’augmentation des prix de l’électricité.
Ces dernières années, les prix de l’électricité ont notamment augmenté en raison de la reprise économique post-pandémie et de la guerre en Ukraine. Par ailleurs, les politiques climatiques, telles que le marché européen du carbone, ont conduit à une hausse du prix du carbone. Cette augmentation s’est répercutée sur le prix de l’électricité, car la production d’électricité est liée à l’émission de carbone dans le cas des centrales thermiques qui représentent près d’un tiers de l’électricité produite en Europe.
Les prix de l’électricité peuvent être plus élevés pour les professionnels comparés aux particuliers, bien que cela varie selon plusieurs facteurs comme la puissance du compteur et le type d’offre choisi. Les tarifs réglementés de vente (TRV), qui offrent une stabilité des prix, ne sont plus disponibles pour la majorité des entreprises depuis 2021.
Au cours des quinze dernières années, les prix de l’électricité ont montré une tendance à la hausse, influencée par des crises économiques et géopolitiques, notamment la crise économique de 2008 et les récentes crises énergétique et sanitaire. Les entreprises ont été particulièrement touchées par la fin des TRV et la volatilité des offres de marché.
Les mesures gouvernementales telles que le bouclier tarifaire ont principalement protégé les particuliers, limitant l’augmentation de leurs factures d’électricité. En revanche, les professionnels, en particulier ceux dont l’activité est énergivore, ont dû affronter des hausses importantes malgré des aides comme l’amortisseur électricité.