Le secteur de l’hydrolien en France est en pleine ébullition avec le lancement prochain du parc hydrolien le plus puissant d’Europe, situé en Normandie. Ce projet, porté par HydroQuest et Qair, s’inscrit dans une dynamique de développement des énergies renouvelables marines, soutenue par l’État et visant à répondre aux besoins énergétiques croissants du pays.
Une renaissance soutenue par l'État
Après une période difficile marquée par la faillite d’une entreprise du secteur en 2018, l’hydrolien bénéficie à nouveau du soutien de l’État français. En novembre dernier, le président Emmanuel Macron a annoncé une aide de 65 millions d’euros dans le cadre du plan France 2030 pour le projet Flowatt, un parc hydrolien situé au large du Cotentin. Ce projet pilote, composé de six hydroliennes d’une capacité totale de 17 mégawatts, vise à fournir de l’électricité à 20 000 personnes. L’autorisation préfectorale a été obtenue fin 2023 sans aucun recours en justice, ouvrant la voie à de futurs développements.
Les caractéristiques du projet Flowatt
Le parc hydrolien Flowatt sera installé à 35 mètres de profondeur dans le Raz Blanchard, au large de La Hague. Ce site a été choisi pour ses courants marins particulièrement puissants, offrant un potentiel énergétique considérable. Les six hydroliennes, d’une hauteur de 21 mètres, seront posées sur le fond marin et munies de pales en matériau composite. Contrairement aux éoliennes, ces turbines sous-marines sont discrètes et bien acceptées par les riverains.
L’un des principaux avantages de l’hydrolien est sa prédictibilité. Les marées, influencées par la lune et la gravitation terrestre, offrent un flux énergétique constant avec des pauses de seulement six heures par cycle. Cette régularité permet de mieux anticiper la production d’électricité par rapport à d’autres sources d’énergie renouvelable.
Un potentiel énergétique considérable
Le potentiel mondial de l’hydrolien est estimé à 100 gigawatts, soit l’équivalent de 60 centrales à charbon. En Europe, la France se positionne comme le deuxième pays le plus prometteur après le Royaume-Uni, avec un potentiel de 5 gigawatts. Plusieurs projets sont en cours de développement, notamment dans le Raz Blanchard et en Bretagne, où des études récentes ont révélé des sites potentiels comme le raz de Sein et le passage du Fromveur.
Vers une expansion commerciale
Le projet Flowatt, qui prévoit de lancer ses premières turbines en 2025, pourrait ouvrir la voie à des parcs commerciaux de grande envergure. HydroQuest et Qair envisagent déjà un parc de 250 mégawatts, avec une extension à 500 mégawatts avant 2030, rivalisant ainsi avec les parcs éoliens en mer.
Cependant, pour atteindre ces objectifs, la France devra attribuer environ 2 gigawatts de projets d’ici 2030 afin de garantir la compétitivité du secteur. Les prix de l’hydrolien sont en baisse, et il est prévu que le coût du premier gigawatt d’hydroliennes dans l’eau soit inférieur à 100 euros par mégawattheure, voire moins de 80 euros, comparé aux 45-60 euros de l’éolien offshore.
Un soutien politique variable
Alors que l’hydrolien bénéficie d’un soutien croissant au niveau européen, avec des projets en Angleterre et jusqu’aux îles Féroé, le paysage politique français reste mitigé. Si certains députés expriment des doutes sur l’efficacité de cette technologie, d’autres initiatives législatives, notamment au Sénat, cherchent à fixer des objectifs chiffrés pour l’hydrolien.
Le secteur attend avec impatience la nouvelle planification énergétique de la France, qui devrait clarifier les objectifs par type d’énergie et lancer les premiers appels d’offres commerciaux. Malgré ces incertitudes, l’hydrolien est perçu comme une composante essentielle pour faire de la France un leader européen des énergies marines.