Alors que les prix de l’électricité et du gaz ont débuté le mois de décembre en baisse, ils ont connu un rebond en fin de période, portés par des prévisions météorologiques plus froides et des tensions sur l’approvisionnement en gaz de l’Europe. La fin du transit gazier russe via l’Ukraine a notamment intensifié la volatilité des prix.
Par ailleurs, le blocage du projet de loi de finances pour 2025 retarde l’application de mesures importantes pour l’énergie et l’environnement, comme la fin de l’ARENH ou l’instauration de nouveaux dispositifs fiscaux. Ces décisions, cruciales pour répondre aux défis écologiques et adapter le cadre fiscal des entreprises, restent en suspens. Les semaines à venir s’annoncent donc déterminantes, avec des défis géopolitiques et climatiques majeurs à anticiper.
Table des matières
Que s’est-il passé sur le marché de l’énergie en décembre 2024 ?
Le dernier mois de l’année 2024 a été particulièrement riche en actualités pour le secteur de l’énergie, marqué par des révisions réglementaires et des bouleversements géopolitiques. Ces événements reflètent un marché en pleine mutation, impactant à la fois les professionnels et les particuliers.
En décembre, la publication des volumes de l’ARENH pour 2025 a constitué un événement majeur sur le marché électrique français. La demande des fournisseurs alternatifs pour l’électricité nucléaire a atteint 134,93 TWh, un chiffre en hausse de 3,5 % par rapport à 2024, témoignant de la compétitivité de ce dispositif. Cependant, avec un taux d’écrêtement de 25,88 %, ces acteurs devront compléter leurs besoins sur un marché de gros encore coûteux. Alors que l’ARENH approche de sa fin prévue en 2025, la question de son remplacement reste en suspens.
D’autre part, la production nucléaire française a enregistré une avancée majeure avec le raccordement tant attendu de l’EPR de Flamanville au réseau électrique. Ce réacteur de nouvelle génération représente un tournant pour EDF et pour la stratégie énergétique nationale, renforçant les capacités de production nucléaire en vue de répondre à des besoins croissants tout en réduisant les émissions de carbone.
De son côté, la dernière enchère pour le mécanisme de capacité a surpris les observateurs : le prix des certificats est tombé à zéro pour 2025. Cette évolution reflète une offre excédentaire, grâce à l’optimisation des capacités nucléaires et au développement des énergies renouvelables, combinée à une réduction des pics de consommation hivernale.
Sur le front du gaz, la fin du transit russe via l’Ukraine a redistribué les cartes. Cette décision géopolitique a renforcé la pression sur les infrastructures européennes, tout en favorisant une diversification accélérée des approvisionnements. Bien que des pays comme la Slovaquie et la Moldavie soient particulièrement touchés, l’Union européenne a intensifié ses investissements dans les terminaux GNL et les interconnexions gazières, illustrant une solidarité accrue entre États membres.
Par ailleurs, la demande mondiale de charbon a atteint un sommet historique en 2024, révélant les défis persistants de la transition énergétique. Cependant, les initiatives pour freiner cette tendance se multiplient, notamment avec le renforcement des investissements dans les énergies renouvelables et des politiques publiques favorisant la sobriété énergétique. En France, la prolongation des délais pour l’installation d’ombrières photovoltaïques sur les parkings témoigne des efforts pour accélérer le déploiement des énergies propres tout en répondant aux contraintes économiques des entreprises.
Avec une évolution anticipée du TURPE dès février 2025 et la baisse du tarif réglementé de l’électricité, les professionnels concernés peuvent espérer un début d’année marqué par une meilleure visibilité sur leurs dépenses. Cependant, les incertitudes liées à la fin de certains dispositifs, comme l’ARENH ou le mécanisme de capacité, soulèvent des interrogations pour l’avenir. En conclusion, décembre 2024 illustre les tensions entre les impératifs climatiques et les réalités économiques, mais également les opportunités qu’offrent les nouvelles technologies et les initiatives européennes pour bâtir un marché de l’énergie plus résilient et durable.
Le marché du gaz naturel en décembre 2024
En décembre, les prix du gaz ont connu une baisse constante jusqu’au 16 décembre. Cette baisse s’explique par de bons flux d’approvisionnement en provenance de Norvège et par une augmentation des importations de GNL en Europe.
Par la suite, les prix sont repartis à la hausse. En effet, la Commission européenne a fixé un objectif de remplissage des stocks de gaz à 50 % d’ici février 2025, contre 45 % en 2024. Cette décision a été prise car, en décembre, les niveaux de stockage étaient inférieurs d’environ 10 % par rapport à 2023. Cela ajoute une pression supplémentaire sur les prix et pousse les États membres à accélérer leurs efforts pour sécuriser l’approvisionnement énergétique en vue de l’hiver.
Les perspectives pour le reste de l’hiver demeurent incertaines. En Europe, les prévisions annoncent des températures plus fraîches. De plus, la demande asiatique de GNL pourrait croître en raison de températures inférieures à la moyenne en Asie, ce qui pourrait également pousser les prix à la hausse.
Par ailleurs, la fin de l’accord sur le transit de gaz entre l’Ukraine et la Russie, en vigueur depuis des décennies, a marqué un tournant dans l’équilibre énergétique européen. Cet accord, qui permettait à la Russie d’acheminer du gaz naturel vers l’Europe via les infrastructures ukrainiennes, a pris fin en raison des tensions géopolitiques croissantes entre les deux pays. Cette rupture renforce la volatilité des marchés du gaz et contribue à la pression haussière sur les prix, alors que l’Europe cherche à garantir sa sécurité énergétique dans un contexte déjà tendu par la transition énergétique et les objectifs climatiques.
Clôture des prix au 27 décembre 2024, avec évolution depuis le 2 décembre 2024
Le marché de l'électricité en décembre 2024
Les prix de l’électricité ont enregistré une baisse au début du mois de décembre, principalement en raison de la baisse des prix du charbon et du prix des droits d’émission de CO2.
Cependant, en fin de mois, les prix ont rebondi, soutenus par des prévisions météorologiques annonçant des températures plus fraîches et une hausse des prix du gaz. Par ailleurs, le prix des droits d’émission de CO2 est également reparti à la hausse, en raison de l’augmentation de la production thermique.
La demande énergétique devrait augmenter à court terme en raison des températures plus froides prévues pour les semaines à venir. Cette situation souligne la dépendance croissante du marché aux conditions météorologiques.
Clôture des prix au 27 décembre 2024, avec évolution depuis le 2 décembre 2024