La France et la Suède ont récemment scellé un partenariat significatif dans le domaine de l’énergie nucléaire. Cela marque un pas de plus vers une coopération accrue au sein de l’Union européenne.
Coopération franco-suédoise pour des réacteurs innovants
En marge du dernier conseil “Énergie” de l’année, les ministres de l’Énergie française et suédoise ont signé une lettre d’intention le 19 décembre, précisant les bases d’une collaboration approfondie dans le domaine nucléaire. Cet accord fait suite à la déclaration conjointe des présidents Emmanuel Macron et Ulf Kristersson en janvier 2023, soulignant l’importance du nucléaire dans la coopération bilatérale.
L’accord prévoit une coopération étroite dans divers domaines, notamment :
- la construction de nouveaux réacteurs,
- le cycle du combustible,
- la recherche et développement axée sur les futurs petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR).
Cette initiative s’inscrit dans une volonté commune de décarboner les économies française et suédoise, en accord avec les objectifs climatiques fixés.
Objectifs ambitieux de la France et de la Suède
Tant la France que la Suède affichent des ambitions énergétiques audacieuses.
La France envisage la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires d’ici 2035, avec une possibilité d’en ajouter huit supplémentaires d’ici 2050. De son côté, la Suède, stimulée par un changement politique favorable, planifie la construction de deux nouveaux réacteurs d’ici 2035. Dix autres suivraient d’ici 2045.
Cette orientation commune vers une énergie nucléaire décarbonée s’inscrit dans un contexte européen où plusieurs pays, dont la Finlande, les Pays-Bas, la Pologne et la Roumanie, réaffirment leur engagement en faveur du nucléaire.
Renforcement des capacités industrielles et partage de savoir-faire
Selon Agnès Pannier-Runacher, cette collaboration contribuera à renforcer les capacités industrielles non seulement en France mais aussi en Suède et en Europe. Elle souligne l’avance technologique de la France dans le domaine nucléaire, la positionnant comme une contributrice majeure à tout projet en Europe.
EDF possède toutes les compétences nécessaires pour présenter des solutions adaptées, conformément à sa stratégie de croissance pour les nouvelles installations nucléaires en Europe. Cette stratégie englobe une offre technologique puissante avec sa gamme de réacteurs EPR et EPR1200. Elle comprend également une proposition technologique à faible puissance avec son petit réacteur modulaire (SMR). EDF est d’ailleurs déjà engagé dans des discussions avec Vattenfall au sujet des futures phases du programme nucléaire de la Suède.
Cette coopération favorisera également les échanges de savoir-faire entre les acteurs français et suédois, stimulant ainsi le secteur nucléaire des deux pays.
Alliance européenne du nucléaire pour une approche décarbonée
Après la signature de la lettre d’intention, Agnès Pannier-Runacher a déclaré : “le nucléaire est de retour en Europe”. Dans ce contexte, la France et la Suède rappellent l’importance du concept de « neutralité technologique » pour renforcer la souveraineté énergétique de l’Europe.
Le partenariat franco-suédois s’inscrit dans le cadre plus large de l’Alliance européenne du nucléaire, créée en février 2023 à Stockholm. Elle réunit une dizaine d’États membres partageant une vision commune de la décarbonation du mix énergétique. Ces pays, dont la France, prônent une approche de “neutralité technologique”, où l’accent est mis sur la réduction des émissions de carbone, quels que soient les moyens de production utilisés. Cette alliance vise également à accélérer la mise en œuvre de solutions telles que les petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR).
Perspectives d'avenir et défis à relever
La coopération renforcée entre la France et la Suède dans le domaine nucléaire ouvre des perspectives prometteuses pour l’avenir énergétique de l’Europe. Cependant, des défis subsistent, notamment le choix des technologies et les questions de financement. Les ministres soulignent la nécessité de faciliter les échanges techniques, la recherche et le développement, ainsi que la gestion des déchets radioactifs. Cette initiative conjointe positionne le nucléaire au cœur de la transition énergétique européenne, offrant une alternative décarbonée pour atteindre les objectifs climatiques ambitieux.