La France franchit une étape décisive dans la quête de nouvelles sources d’énergie décarbonée. En effet, elle vient d’accorder le premier permis d’exploration d’hydrogène naturel, également appelé hydrogène blanc. La société TBH2 Aquitaine est la première à bénéficier de cette autorisation. Cela marque ainsi l’intérêt croissant du gouvernement et des industriels pour ce gaz naturel présent dans le sol et qui n’émet pas de CO2.
Un premier pas : TBH2 Aquitaine à l'avant-Garde
Ce permis exclusif de recherches, baptisé Sauve Terre H2, a été accordé pour une durée de cinq ans à TBH2 Aquitaine, située dans les Pyrénées-Atlantiques. La zone couverte s’étend sur environ 225 km2 dans le Sud-ouest, englobant le territoire de 43 communes du département.
Vincent Bordmann, fondateur de l’entreprise, exprime sa satisfaction en qualifiant cette étape de « grand jour ». Il souligne que cela marque le début des travaux d’exploration, commençant par des études sismiques. Le forage, lui, devrait intervenir dans deux à trois ans, sous réserve de nouvelles autorisations.
Cette avancée significative résulte de la modification du Code minier français en avril 2022. Ce dernier a ajouté l’hydrogène natif à la liste des ressources minières exploitables. Cette décision a ainsi ouvert la voie à plusieurs demandes de permis, dont celle de TBH2 Aquitaine, qui a vu le jour en même temps que cette évolution réglementaire.
Un intérêt partagé : multiples acteurs, multiples perspectives
L’intérêt suscité par l’hydrogène blanc n’est pas limité à une seule entreprise. D’autres acteurs, tels que la start-up 45-8 Energy en collaboration avec Storengy, ont déposé des demandes de permis dans les Pyrénées-Atlantiques.
De son côté, Sudmine a formulé des demandes en Auvergne-Rhône-Alpes.
L’exploitant gazier Française de l’Energie a également sollicité un permis pour explorer une vaste surface en Moselle et en Meurthe-et-Moselle, après la découverte d’un important gisement d’hydrogène naturel dans l’ancien bassin houiller lorrain.
Avantages économiques et environnementaux de l'hydrogène blanc
L’hydrogène naturel, issu des interactions entre l’eau et les roches dans le sous-sol, présente des avantages économiques et environnementaux indéniables.
Contrairement à l’hydrogène gris fabriqué à partir d’énergies fossiles, l’hydrogène blanc se forme naturellement avec un coût estimé bien plus bas. Selon la société canadienne Hydroma, qui exploite le seul gisement au monde à Bourakébougou au Mali, le coût sur la phase industrielle est inférieur à un euro, voire à un demi-euro par kilo. A titre de comparaison, le coût pour l’hydrogène vert avec électrolyse s’élève environ à 10 euros par kilo. En effet, la production de l’hydrogène vert, fabriqué à partir d’électricité renouvelable, est très onéreuse.
Une vision d'avenir : défis et opportunités de l'hydrogène blanc
L’hydrogène blanc devient donc une ressource gazière économiquement exploitable, contribuant au potentiel de décarbonation dans divers secteurs. Bien que la France ne soit pas seule sur la voie de l’exploration de cette ressource, avec d’autres pays comme l’Australie et les États-Unis déjà en avance, l’exécutif français se montre déterminé à ne pas laisser passer cette opportunité. En effet, la France garde en tête son objectif de décarbonation et la quête de souveraineté énergétique.
Des démarches assez longues en France
Cependant, il convient de rester réaliste quant au calendrier de production d’hydrogène blanc en France. Les démarches, depuis le dépôt d’une demande de permis d’exploration jusqu’à la production effective, peuvent s’étaler sur une période de sept à dix ans. Malgré cela, l’hydrogène naturel représente une avancée prometteuse dans le paysage énergétique français. Il offre une nouvelle perspective pour un approvisionnement en énergie plus propre et durable.