Les dernières semaines ont été marquées par les attaques des Houthis du Yémen envers les navires commerciaux en mer Rouge. Il s’agit d’une menace sérieuse qui pèse sur le commerce maritime mondial. Cette situation a atteint un point critique avec l’annonce récente du géant pétrolier BP, qui suspend tous ses transits dans la région en raison des problèmes sécuritaires. Cette décision a provoqué une réaction en chaîne sur les marchés du pétrole, entraînant une hausse significative des cours.
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Une situation délicate
Les cours du pétrole, qui avaient récemment atteint leurs niveaux les plus bas depuis juin, ont connu un rebond spectaculaire. Cette augmentation est due aux multiples problèmes signalés sur les navires en mer Rouge.
Depuis le 7 octobre dernier, date à laquelle le conflit entre le Hamas et Israël a commencé, les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, ont lancé une série d’attaques à l’aide de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge. Ils affirment agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza qui sont soumis aux bombardements israéliens.
La semaine dernière, deux navires commerciaux ont été attaqués en moins de 48 heures. De plus, le lundi 18 décembre, un navire norvégien a été touché en mer Rouge par un « objet non dentifié ». L’armateur norvégien Inventor Chemical Tankers a indiqué qu’aucun membre de l’équipage n’avait été blessé et que le bateau avait subi peu de dégâts. Il a également précisé que le tanker se rendait de France métropolitaine à la Réunion, et n’avait donc aucun lien avec Israël.
La communauté internationale n’a pas attendu longtemps pour tenter de sécuriser cette voie maritime stratégique. Du côté français, la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, en visite en Israël, a déclaré que les attaques en mer Rouge ne pouvaient rester sans réplique. Elle a ajouté qu’ils examinaient plusieurs options défensives pour « prévenir toute récidive« , soulignant ces points lors d’une conférence de presse à son arrivée à Tel-Aviv.
Le porte-parole des Houthis, Mohammed Abdel Salam, a annoncé que les rebelles continueraient d’entreprendre des attaques contre les navires associés à Israël ou se dirigeant vers les ports israéliens. La condition exigée est que des approbations supplémentaires pour l’entrée de denrées alimentaires et de médicaments dans la bande de Gaza soient accordées.
Un impact important sur les marchés du pétrole
Ces attaques répétées ont contraint plusieurs armateurs et sociétés pétrolières à reconsidérer leur utilisation de cette route commerciale cruciale pour le commerce mondial.
Le géant britannique BP a récemment déclaré la suspension temporaire de tous les transits en mer Rouge en raison de la détérioration de la situation sécuritaire. Cette décision a été suivie par d’autres acteurs majeurs du transport maritime. C’est le cas de Maersk, MSC, et CMA CGM, qui ont décidé de contourner cette zone désormais à risque.
La réaction sur les marchés du pétrole a été immédiate et significative. Le baril de Brent a enregistré une hausse de près de 3%, dépassant la barre des 80 dollars. Cette tendance a également touché le marché européen du gaz naturel, avec une augmentation de près de 12% de l’indice TTF de Rotterdam.
La décision de BP d’éviter le canal de Suez pour ses livraisons a suscité des inquiétudes quant à la sûreté et la sécurité du transport maritime en mer Rouge. Les grandes compagnies d’assurance et de transport, telles que Maersk et Hapag-Lloyd, ont déjà ressenti les répercussions, avec des cours en hausse de manière significative.
Des conséquences économiques et stratégiques
Les problèmes croissants en mer Rouge ont des implications économiques et stratégiques importantes. Les flux via cette voie maritime représentent environ 8% du commerce mondial du GNL, et la suspension des transits pourrait entraîner des coûts plus élevés et des délais de livraison prolongés.
Le passage de Bab el-Mandeb, focalisé par les attaques, se trouve juste avant le canal de Suez, qui concentre environ 10% du trafic maritime mondial. Il représente également un point de transit crucial pour les hydrocarbures, en particulier ceux en provenance du golfe Persique. L’annonce de BP met en lumière le danger pour cette artère essentielle du commerce pétrolier international.
Alors que les principales compagnies de navigation ont pris des mesures préventives en protégeant leurs navires ou en les redirigeant, BP se distingue en tant que premier grand négociant en énergie à réagir. Les géants pétroliers gèrent d’immenses portefeuilles, affrètent des tankers pour transporter le pétrole et le gaz qu’ils produisent ou achètent, et les livrent à leurs clients ou à leurs infrastructures.
L’arrêt ou la modification de leurs livraisons via le Cap de Bonne Espérance pourrait entraîner une hausse des coûts et des retards de livraison. Ces incertitudes s’ajoutent aux défis déjà rencontrés par un autre point de passage international, le canal de Panama, qui a dû restreindre le nombre de passages dans les semaines à venir en raison des conditions climatiques. Il pourrait y avoir une augmentation de 10 à 15 dollars du prix du baril de Brent et de 25 à 30% du TTF.
L’Europe, en particulier, doit faire face à l’arrêt des approvisionnements russes par gazoduc, entraînant une augmentation des importations en provenance du Moyen-Orient. La prudence est de mise chez certaines entreprises, à l’instar de TotalEnergies, qui surveille attentivement l’évolution de la situation.