Pour une entreprise, un dépassement de puissance souscrite peut se révéler très handicapant financièrement parlant si le tir n’est pas vite corrigé. La réponse à la question de la puissance souscrite selon les besoins et les postes horosaisonniers provient de la capacité de l’entreprise à mettre en œuvre un Système de Management de l’Énergie (SME) et de ses capacités à optimiser sa consommation ainsi que le coût de l’acheminement TURPE.
Qu'est-ce que la puissance souscrite en électricité ?
À chaque abonnement d’électricité, l’entreprise souscrit une puissance spécifique qui sera la base de calcul du coût de l’acheminement TURPE. Cette puissance souscrite n’est rien d’autre que la quantité d’électricité utilisable au même moment. En d’autres termes, il s’agit de la puissance maximale exigible de la part du réseau de l’entreprise. Attention, la puissance souscrite n’est pas la puissance de raccordement. Cette dernière correspond à la puissance maximale (théorique) supportée par l’installation électrique.
La puissance souscrite se chiffre en kVA (kilo volt ampère) ou en kW pour les compteurs en Haute Tension. Elle est distribuée selon les besoins entre 3 kVA (généralement pour des besoins de structures très légères) et 250 kVA (pour les entreprises et les industries). Toutefois, certaines collectivités et très grands comptes privés jouissent d’un contrat particulier au-delà de 250 kVA. Il est primordial de bien dimensionner son réseau électrique et d’évaluer les besoins au plus juste pour optimiser sa consommation et donc faire baisser la facture énergétique.
Pourquoi votre entreprise peut-elle connaître un dépassement de puissance ?
Pour les compteurs dont la puissance est inférieure ou égale à 36 kVA, que l’on appelle aussi les compteurs bleus, lorsque la puissance demandée par l’installation est supérieure à la puissance souscrite, les plombs sautent ! Le disjoncteur intervient et permet aux ménages de prendre conscience de la limitation de leur abonnement (ou de leur surconsommation…) Les compteurs électriques professionnels (supérieurs à 36 kVA) ne fonctionnement pas de la même façon. On imagine mal un disjoncteur stopper toute consommation électrique dans une grande surface à une heure de pointe. Il arrive donc qu’une entreprise connaisse des dépassements de puissance souscrite sans interruption du service. À cause de conditions météorologiques exceptionnelles par exemple ou d’une mauvaise évaluation des besoins réels en électricité.
Quelles conséquences sur votre entreprise ?
Outre la surconsommation électrique, le principal impact d’un dépassement de puissance souscrite se voit sur la facture. Une facturation horaire forfaitaire (au prix moyen de 10 € HT) s’ajoute aux coûts habituels. Toutefois, précisons que les sites professionnels et industriels peuvent bénéficier de différentes puissances, disponibles selon les plages horaires et la saisonnalité. Ceci permettant d’organiser le soutirage en fonction des besoins de l’entreprise.
Dépassement de puissance pour le « tarif Bleu » et « tarif Jaune »
Un dépassement de puissance sur une installation inférieure ou égale à 36 kVA entraînera obligatoirement une disjonction du compteur. Avec les anciens compteurs, il existait une marge de tolérance au dépassement momentané, d’environ 15 % de la puissance souscrite. Mais les compteurs Linky ont définitivement mis fin à cette souplesse.
L’ancien tarif jaune correspond aujourd’hui au segment C4 pour des puissances allant de 37 kVA à 250 kVA. Ici deux cas de figure se présentent ;
- Dans le cas de l’utilisation d’un compteur électromécanique, ce dernier disjoncte de la même façon que les compteurs du segment C5.
- Dans le cas de l’utilisation d’un compteur électronique, les dépassements de puissance sont possibles et le surcoût généré dépasse les 11 € de l’heure.
Dépassement de puissance pour le « tarif Vert »
Enfin, les entreprises en Haute Tension (ex tarif vert) se distinguent entre les segments C3, C2 et C1 raccordés en Haute Tension. Les segments C3* et C2 correspondent aux entreprises dépassant les 250 kW. Quant aux C1, il s’agit de très grands comptes, au statut particulier. Leur approvisionnement est régi par un double contrat, appelé contrat CARD (Contrat d’Accès au Réseau de Distribution de l’Électricité), qui se décline comme suit :
- Un contrat pour l’acheminement de l’électricité consommée, négocié directement avec le gestionnaire de réseau de distribution (généralement ENEDIS) ou une ELD (Entreprise Locale de Distribution) ;
- Un contrat avec un fournisseur d’énergie.
*Les segments C3 ne peuvent bénéficier du contrat CARD
Ici, le dépassement de puissance se traduit par une surfacturation. Deux modes de surfacturation sont envisageables :
- Au kW, si on se focalise sur la puissance excédentaire ;
- Au kWh, si l’on prend en compte le temps de dépassement.
Notez que le barème de la surfacturation dépend également des postes horosaisonniers :
- Période de pointe, de décembre à février entre 9h et 11h et entre 18h et 20h ;
- Heures pleines Hiver (HPH), d’octobre à mars et pour le reste de la journée sur la période de pointe (6h-9h, 11h-18h et 20h-22h) ;
- Heures creuses Hiver (HCH), d’octobre à mars entre 22h et 6h ;
- Heures pleines Eté (HPE), d’avril à septembre entre 6h et 22h ;
- Heures creuses Eté (HCE), d’avril à septembre entre 22h et 6h.
Définir la bonne puissance souscrite avec un système de management de l’énergie (SME)
La difficulté réside donc dans la définition de la puissance adéquate pour répondre aux besoins de l’entreprise sans risquer la facturation trop onéreuse. Sur le terrain, on trouve trois cas de figure :
- Les situations non optimisées, où la puissance souscrite est bien trop faible par rapport à la quantité effectivement consommée. Les dépassements sont trop fréquents et trop longs et génèrent un surcoût handicapant pour la trésorerie de l’entreprise ;
- Les situations sous optimisées, où la puissance souscrite est trop élevée. Certes, on ne voit plus de dépassements de puissance mais pour le coup, le prix de l’abonnement est bien trop élevé par rapport à la puissance réellement consommée. À cause d’une puissance souscrite trop élevée, c’est essentiellement le coût du TURPE qui grimpe ;
- Les situations optimisées, tenant compte de la consommation réelle. Ici, la puissance souscrite couvre les besoins habituels ainsi qu’une partie des dépassements, laissant seulement quelques pics de consommation dépasser. Le ratio entre l’abonnement moins cher et les dépassements moins nombreux permet de réaliser des économies substantielles.
Connaître votre consommation en temps réel
Pour parvenir à ce résultat d’optimisation de la puissance souscrite, la première chose à faire est de connaître parfaitement la consommation en temps réel, pour chaque poste horosaisonnier. Les simulations se basant sur les consommations passées, les entreprises doivent rester attentives en cas d’installation de nouveau matériel, susceptible d’engendrer des consommations supplémentaires.
Identifier les appareils énergivores
Dans un autre registre, le SME invite les entreprises à recourir à une cartographie précise de leurs consommations énergétiques, tant dans le temps qu’au niveau du choix des équipements. L’entreprise doit pouvoir identifier les équipements les plus énergivores et les remplacer le cas échéant. Voire réaliser des travaux d’efficacité énergétique. Certains de ces travaux peuvent entrer dans le cadre des CEE.
Prévenir les hausses de consommation
L’objectif du SME, encadré par la norme ISO 50001, est de mettre en œuvre un plan d’action qui soit concret et chiffré. La méthode PDCA (Plan, Do, Check, Act) ou, en Français, la méthode PAER (Préparer, Agir, Evaluer, Réagir) permet de suivre au plus près les consommations et d’anticiper les pics afin de prévoir des ajustements de contrat à des puissances différenciées. C’est le cas de nombreux grands sites touristiques, ayant une faible consommation en saison creuse et une très forte demande en saison pleine. À l’aide du SME, la mise en place de ces contrats de puissance différenciée permet une économie très importante.