La France se projette dans l’avenir de l’énergie nucléaire avec une décision majeure qui résonne comme un engagement fort pour les décennies à venir. Le Conseil de politique nucléaire, réuni le lundi 26 février 2024 à l’Élysée, a mis en lumière des orientations stratégiques qui dessinent le futur de l’énergie nucléaire dans le pays, avec un accent particulier sur le retraitement du combustible jusqu’en 2100.
Une vision à long terme : retraitement du combustible jusqu'en 2100
Le site Orano de La Hague joue un rôle important en France, puisqu’il permet d’entreposer et de recycler une partie du combustible nucléaire utilisé dans les centrales françaises.
Ce conseil de politique nucléaire a consolidé les grandes orientations de la stratégie française concernant la phase finale du cycle du combustible nucléaire, qui comprend le retraitement, la réutilisation des combustibles usagés et la fermeture du cycle.
Emmanuel Macron a ainsi pris la décision d’étendre la durée de vie des installations de retraitement du combustible nucléaire, pour les nouveaux réacteurs qui seront construits d’ici à 2040-2045. La France a décidé de se projeter jusqu’à 2100, car la durée de vie minimale de ces réacteurs est de 60 ans.
La confirmation des investissements majeurs pour la modernisation et le renouvellement des infrastructures de La Hague souligne l’engagement de la France envers une politique énergétique durable et autonome.
Investissements majeurs et développement durable
Les investissements annoncés pour La Hague sont significatifs en termes financiers, avec des montants qui se chiffrent en dizaines de milliards d’euros. Ils reflètent également une ambition environnementale, en assurant la continuité d’un modèle énergétique basé sur le recyclage des matériaux nucléaires. Cette initiative s’inscrit dans une démarche de réduction de la dépendance aux énergies fossiles et de minimisation de l’empreinte écologique du secteur énergétique français.
Le défi de l'entreposage
L’annonce soulève également des questions pratiques urgentes, notamment la capacité d’entreposage à La Hague.
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait déjà fait part de ses inquiétudes au sujet de l’atteinte de la saturation prévue des piscines d’entreposage des combustibles nucléaires usagés sur le site d’Orano d’ici 2030. Pour faire face à cette éventualité, la nécessité de développer de nouvelles infrastructures est impérative. Devant ce risque de surcharge, EDF porte un projet de nouvelle piscine d’entreposage sur place, et une concertation est en cours.
Perspectives sur les petits réacteurs innovants (SMR)
Ce conseil a également mis en lumière les discussions autour des petits réacteurs modulaires (SMR). Cependant, aucune décision n’a été adoptée concernant le lancement d’un réacteur prototype sur le site de Marcoule. Cette décision était attendue par les acteurs de la filière.
À l’automne 2024, Emmanuel Macron présidera une nouvelle session du conseil de politique nucléaire, qui se concentrera en particulier sur les petits réacteurs modulaires innovants. Ces derniers sont perçus comme une composante clé de l’expansion du nucléaire en France. Le projet Nuward, développé par EDF en partenariat avec le CEA, Naval Group, Framatome, et Tractebel, vise à concrétiser cette ambition.